L’épidémie de pneumonie virale s’est accélérée lundi à travers le globe, l’OMS évoquant un risque de “pandémie”, sur fond de dégringolade des marchés financiers inquiets pour l’économie mondiale.
CORONAVIRUS – “Nous devons nous concentrer sur l’endiguement (de l’épidémie de nouveau coronavirus, ndlr), tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie”, a déclaré le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
L’OMS a notamment jugé “très préoccupante (…) l’augmentation soudaine” de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran. Elle a cependant observé un déclin en Chine, pays d’origine de la maladie, depuis début février.
En Europe, l’Italie, qui compte désormais sept morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de villes du Nord.
Deux mois après l’apparition du nouveau coronavirus, cinq pays ont annoncé de premiers cas de contamination: Afghanistan, Bahrein, Koweit, Irak et Oman qui suspend ses vols avec l’Iran.
La Corée du Sud et l’Iran se retrouvent en première ligne, avec respectivement le plus grand nombre de cas de contamination et de décès en dehors de la Chine.
Hong Kong a décidé d’interdire à partir de mardi les arrivées de non résidents en provenance de Corée du Sud et appelé les résidents hongkongais à s’abstenir de tout voyage non nécessaire.
Moins d’une semaine après la détection du nouveau coronavirus, Téhéran a pour sa part annoncé quatre nouveaux décès, portant à 12 le nombre de victimes de l’épidémie en République islamique, où une mission de l’OMS est attendue.
Avec 64 personnes contaminées en Iran, ce taux de mortalité d’un sur cinq semble beaucoup plus élevé que celui constaté jusqu’à présent en Chine (aux alentours de 3%).
Un député de Qom, ville où ont été annoncés les premiers cas de coronavirus, a accusé le gouvernement de “ne pas dire la vérité” sur l’ampleur de l’épidémie.
Selon une agence de presse iranienne, le député aurait évoqué le chiffre de “50 morts” pour la seule ville de Qom, un bilan “catégoriquement” démenti par un vice-ministre de la Santé.
Inquiets de la contagion en Iran, l’Arménie, la Turquie, la Jordanie, le Pakistan, l’Irak et l’Afghanistan ont fermé leur frontière ou restreint les échanges avec ce pays. Au moins 200 personnes ont été mises en quarantaine au Pakistan, à la frontière iranienne.
Au total, plus d’une trentaine de pays sont désormais touchés, avec un bilan qui dépasse largement les 30 morts hors de Chine.
A elle seule, avec un record quotidien de 231 nouveaux cas de contamination en l’espace de 24 heures, la Corée du Sud dénombre désormais plus de 800 patients contaminés, dont sept mortellement, soit plus que le Japon où le paquebot Diamond Princess constituait jusqu’à présent le premier foyer de contamination hors de Chine.
La Mongolie, qui a déjà fermé sa frontière avec la Chine mais a jusqu’à présent échappé au virus, a annoncé la suspension des liaisons aériennes avec la Corée du Sud.
Inquiétude pour la Corée du Nord
Entre Chine et Corée du Sud, la Corée du Nord n’a pour l’heure fait état d’aucune contamination, mais l’inquiétude monte à l’égard de ce pays au système de santé fragile.
La Croix-Rouge a annoncé lundi avoir obtenu une exemption des sanctions de l’ONU pour y acheminer du matériel médical face à une éventuelle arrivée de l’épidémie.
En Chine même, où le coronavirus est apparu en décembre dans la métropole de Wuhan, l’épidémie a fait encore 150 morts selon le dernier bilan quotidien annoncé lundi matin.
Alors que les autorités se montraient ces derniers jours plus optimistes quant à l’évolution de la maladie, ce chiffre constitue une nette remontée par rapport au nombre de décès annoncé la veille (97). Au total, près de 2.600 personnes ont succombé en Chine, sur 77.000 cas de contamination.
Le nombre de nouveaux cas de contamination a en revanche reflué à 409 contre 648 annoncés dimanche.
L’OMS a jugé que la situation dans ce pays était globalement en voie d’amélioration. Selon l’agence spécialisée de l’ONU l’épidémie en Chine a connu un “pic” puis un “plateau” entre le 23 janvier et le 2 février. “Depuis lors elle n’a cessé de décliner”, a assuré son directeur général.
Les études menées en Chine ont également permis de montrer “qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans l’ADN du coronavirus”, a-t-il ajouté.
L’OMS à Wuhan
Pour la première fois depuis la découverte du virus, une équipe d’experts de l’OMS s’est rendue pendant le week-end dans la ville en quarantaine.
Signe de la gravité de la situation, le régime communiste a décidé de reporter la session annuelle du parlement, qui devait s’ouvrir le 5 mars — une première en trois décennies.
A Wuhan, la mairie a renoncé aux mesures d’assouplissement sous conditions de la quarantaine qu’elle avait elle-même annoncées dans la matinée en faveur de ses non-résidents.
La ville et sa province du Hubei sont coupées du monde depuis un mois.
Conséquence de l’apparition du virus sur un marché de la ville, le parlement chinois a décidé lundi d’interdire “complètement” et immédiatement le commerce et la consommation d’animaux sauvages.
Pour la première fois depuis la découverte du virus, une équipe d’experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est rendue pendant le week-end dans la ville en quarantaine.
Les Bourses décrochent
En Italie, outre le cordon sanitaire établi autour de 11 villes du nord, le célèbre Carnaval de Venise, qui devait se terminer mardi, a été annulé dès dimanche.
Un avion de la compagnie italienne Alitalia a été bloqué à son atterrissage à l’île Maurice. Les passagers ont été autorisés à débarquer, à l’exception d’une soixantaine de personnes originaires de Lombardie et Vénétie, les régions les plus touchées.
Face à la flambée de cas en Italie, passés de 6 à 219 en quatre jours, la Commission européenne ne souhaite cependant pas dans l’immédiat le rétablissement de contrôles aux frontières à l’intérieur de l’UE, une décision qui reste à l’initiative des Etats membres.
L’accélération mondiale des contaminations a fait décrocher les marchés boursiers, particulièrement en Europe.
La directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a averti que la crise “pourrait mettre en péril la reprise” mondiale. Le FMI a déjà abaissé de 0,4 point sa prévision de croissance pour la Chine en 2020, à 5,6%. La Chine étant la deuxième économie mondiale, ce repli devrait coûter 0,1 point de croissance au PIB planétaire.
Maderpost / Boursorama