Au fil des semaines, la Chine se voit isolée de ses voisins et du monde entier. Le trafic aérien international et intérieur s’effondre, les frontières se ferment et les voyageurs en provenance du pays ne sont plus les bienvenus.
CORONAVIRUS – L’épidémie due au coronavirus apparu début décembre à Wuhan continue de se propager en Chine et dans d’autres pays, avec plus de 1 000 morts et au moins 42 000 cas déclarés au 10 février. Et si des millions de Chinois restent confinés chez eux, l’isolement n’est pas qu’intérieur : le pays se coupe aussi progressivement du monde. La preuve en trois données.
La Chine a perdu 70% de son trafic aérien
Depuis le 23 janvier et la suppression de nombreux vols à l’aéroport de Wuhan, foyer de l’épidémie, des dizaines de compagnies aériennes ont annoncé réduire ou suspendre totalement les vols en direction ou en provenance de la Chine.
Selon un décompte réalisé par Business Insider (en anglais), 73 compagnies aériennes ont pris de telles mesures. Parmi elles, Air France a annoncé suspendre tous ses vols vers la Chine continentale. Prévue initialement jusqu’au 9 février, cette suspension a été prolongée jusqu’au 15 mars.
Résultat, le nombre de vols vers ou depuis la Chine s’effondre. Selon les données du site spécialisé Flightradar24 auxquelles franceinfo a eu accès, le nombre de vols quotidiens depuis, vers ou intérieurs à la Chine a diminué de 70% entre le 22 janvier et le 4 février.
Cette diminution concerne autant les vols intérieurs, qui ont connu une baisse de 75%, que les vols internationaux, dont le nombre a baissé de 56%. Un coup énorme porté au trafic de ce pays qui représentait jusque-là le deuxième marché aérien au monde.
La moitié des frontières chinoises fermées
Les voies terrestres sont également parfois coupées. Le 30 janvier, la Russie a annoncé fermer ses 4 250 kilomètres de frontières avec la Chine. Le lendemain, la Mongolie a pris des mesures similaires, avant d’être imitée par le Laos. Les autorités russes ont également interdit aux Chinois de traverser la frontière séparant la Mongolie de la Russie.
Au total, environ 11 600 kilomètres de frontières sont désormais totalement fermés, soit environ la moitié des frontières chinoises. D’autres pays voisins ont opéré des fermetures partielles. Le Kazakhstan a décidé de couper ses liaisons par bus ou train, tout en laissant ouverts ses postes-frontières mitoyens avec la Chine. Dans d’autres pays, seules certaines provinces voisines de la Chine ont fermé des points de passage, comme la région de Gilgit-Baltistan, au Pakistan, ou la ville de Rasuwagadhi, au Népal.
Les voyageurs venus de Chine refusés dans plusieurs pays
Dans plusieurs pays voisins de la Chine, mais aussi plus éloignés, les voyageurs passés par l'”empire du Milieu” ne sont plus les bienvenus. Une douzaine de pays ont pris des mesures de restriction concernant l’entrée de résidents chinois ou l’octroi de visas. C’est le cas des Etats-Unis, qui interdisent aux non-résidents d’entrer sur le territoire s’ils ont séjourné en Chine dans les quatorze derniers jours. La Russie, elle, a suspendu l’octroi de visas de tourisme ou de travail aux résidents chinois.
Mais la Chine reste un acteur de poids dans la région et certains Etats préfèrent maintenir leurs relations avec Pékin que de s’en défaire, tant le pays est un allié stratégique. Le Cambodge, par exemple, s’est illustré par un total soutien à son immense voisin : le pays a refusé de suspendre ses vols depuis la Chine ou d’évacuer ses étudiants présents dans le pays.
Maderpost / Francetvinfo