MODE – Difficile de passer dans la plus africaine des villes, Abidjan, et résister à l’appel panafricaniste de l’administrateur des Afriques, Libasse Ka, pour se rendre chez le couturier des présidents, chefs de gouvernements, ministres, cadres africains, et consommateurs de la mode africaine authentique, du tissu à la couture. L’occasion est trop belle pour être ratée. Nichés dans le coeur de Treichville, le plus sénégalais et ouest-africain des quartiers de Côte d’Ivoire au cadre étrangement semblable à celui de la Médina de Dakar, les ateliers et la boutique du maître ont accueilli roi du Maroc, chefs d’Etat, personnalités du monde politique, culturel et sportif, leur présentant des modèles uniques, faits mains, de l’étoffe à la confection, avec le sourire et une modestie incroyablement tenace. Paté Ouédraogo de son vrai nom, Pathé’O de son nom d’artiste et maître couturier, impressionne par sa simplicité. Dans sa boutique sobre aux murs peints couleur terre, s’affiche l’étendue de son savoir-faire et son carnet d’adresse. Des photos du maître, en compagnie de Nelson Mandela, Kofi Annan, Pédro Pires (ancien président du Cap Vert), Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, le roi du Maroc Mohamed VI, Paul Kagamé et tant d’autres. Ce natif de Guibaré en 1950, à 87 Km de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, arrive en 1964 à l’école rurale du village où il fait trois ans avant d’entrer au centre de perfectionnement agricole de Kongoussi puis de partir en mai 1969 pour la Côte d’Ivoire, a fait du chemin. Bien loin aujourd’hui de la période des vaches maigres, pendant laquelle il était obligé de faire escale à Ferkessédougou et entreprendre des travaux champêtres avant de gagner Abidjan Sur son site, on peut lire “après Bouaké à l’office de la main d’œuvre, Paté et son compagnon de fortune sont recrutés par un paysan de Sinfra pour travailler dans sa plantation pour 3600FCFA l’année dans des conditions difficiles. Ils abandonnent très vite le projet et partent à Bouafflé où ils travaillent pour une vieille dame qui prenait soin d’eux. Mais Paté part quand même pour Divo. C’est là qu’une lueur d’espoir se fait sentir car le maire de Divo vint les chercher pour sa plantation. Mais vu leur jeune âge, M. Konian décida de les amener dans sa rizière où le travail est moins dur que dans une plantation normale de café ou de cacao avec une paie mensuelle de 4000FCFA. Bonne proposition que Paté et son « frère » acceptent.” “Dans la rizière, Paté fait intervenir son expérience du centre de perfectionnement agricole de Kongoussi dans son pays natal. Son travail satisfait le patron. Mais dès qu’il perçoit son premier salaire, le jeune voyageur se résout à poursuivre son chemin : objectif Abidjan. Malgré les supplications de M. Konian, Paté Ouédraogo part pour la capitale.”, explique le site. Tenace, le petit Burkinabé poursuit son chemin. “Il arrive à Abidjan sans grand moyen financier. Il loge chez un parent et suit un apprentissage en couture chez M. Gaoussou Bakayoko à Treichville. Au fil du temps, l’atelier lui sert de dortoir. Mais la décision est prise de se donner donc corps et âme à la couture. C’est ainsi de 1969 à 1973, il apprend la coupe homme chez M. Bakayoko, indique son site. “De 1974 à 1977, il s’initie à la couture dame chez Cheick N’Diaye à Treichville Avenue 7. Pour bien comprendre les détails techniques de la couture, Paté prend des cours par correspondance.” En 1977, il décide de voler de ses propres ailes. La vie professionnelle commence. On lui loue une machine à coudre à 1500FCFA par mois et il se prend avec un ami un atelier qu’ils paient le loyer mensuel à 3500FCFA à Treichville Avenue 6 Rue 17. C’est là qu’il est découvert par l’animatrice Odette Sauyet qui lui donne l’occasion de faire sa première télé en 1985. Ce passage à la télévision permet à beaucoup de gens de connaître le jeune couturier. Le déclic arrive le 14 mars 1987 lors de la première édition des Ciseaux d’Or organisée par UNIWAX, une firme de textile. Paté bosse sur le pagne « L’oiseau rare » et sort un modèle exceptionnel mais simple qu’il fait porter au mannequin Angèle Zaka. Au résultat final, il remporte le Ciseau D’Or. Il entrait par la même occasion dans l’univers des grands créateurs d’Abidjan. A la fin de l’année 1987, il s’installe à Treichville Avenue 19 Rue 22 Barrée. Ce coin est aujourd’hui l’atelier de production de la maison Pathé’O. C’est à partir de ce moment que naît la griffe Pathé’O en référence à Paté Ouédraogo. Une griffe qui naît, une nouvelle vie qui commence. Il s’organise et devient plus professionnel. La particularité chez lui, c’est qu’il travaille en grande partie sur les matières africaines notamment le pagne imprimé, les tissés (le Kita baoulé, le pagne korhogolais, le Faso Dan Fani….), le voile mauritanien, le bazin, l’indigo… Ses habits se remarquent par leurs finitions nettes et le réalisme dans la création. Avec l’aide de quelques dirigeants et personnalités du continent comme Mandela, Konaré et autres chefs d’Etats en activité, Cheick Modibo Kéita…et des stars de la chanson africaine, il a réussi à faire admettre les tenues faites par les créateurs du continent comme tenue de sortie. Pour diffuser sa griffe, il ouvre des boutiques dans plusieurs grandes villes africaines : Yamoussoukro, Bamako, Ouagadougou, Libreville, Yaoundé, Douala, Brazzaville, Luanda. En Occident il en existe à Pointe-À-Pitre et au Québec. « On se bat pour aller vers la clientèle. Il n’est plus nécessaire de penser que Pathé’O, c’est pour la classe supérieure.» dit le couturier. Son atelier compte aujourd’hui plus d’une cinquantaine de machines à coudre et c’est de là que partent toutes les créations signées Pathé’O. Maderpost avec PathéO.fr ]]>
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