TOURISME – Après avoir été durement affecté par l’horreur du terrorisme aveugle en 2015, au Bardo et à Sousse, le tourisme, l’un des poumons de l’économie tunisienne, semble revigoré par des chiffres au beau fixe, qui confirment l’amorce d’une reprise observée depuis le début de l’année et augurent d’un été radieux : l’arrivée de quelque 8 millions de visiteurs qui ont choisi de se dépayser sous les cieux de Tunisie.
Pour s’en convaincre, il suffit de se tourner vers les professionnels de ce secteur clé du développement économique, soulagés de ne plus le voir en berne, qui s’enthousiasment devant l’afflux de touristes dans les endroits les plus prisés du pays : « tous les hôtels affichent complet à Djerba, à Hammamet à Sousse et à Mahdia », s’accordent-ils à dire.
De nouveau sur les bons rails, le tourisme repart nettement à la hausse en Tunisie, pour la plus grande satisfaction de sa ministre de tutelle, Selma Elloumi, qui se félicite de cette « amélioration importante, d’une reprise de la croissance », tout en soulignant que « les chiffres de 2014 ont été dépassés, voire ceux de 2010 (+6%), année de référence pour le tourisme tunisien » (source African manager).
« En effet, le nombre d’entrées a dépassé les 2,3 millions le 20 mai, soit une hausse de 21,8% par rapport à la même période en 2017 et de 5,7% par rapport à la même période en 2010. Les recettes liées au tourisme, elles, ont atteint 358,6 millions de dollars durant les cinq premiers mois de 2018, soit une hausse de 31,8% par rapport à la même période en 2017 », a-t-elle précisé.
Après avoir déserté leurs plages ensoleillées, les Français font un come-back très remarqué dans les stations balnéaires tunisiennes, à l’aune de réservations qui ont grimpé en flèche par rapport à l’année passée, soit une augmentation de plus de 200% ! Pour René-Marc Chikli, le président du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto), ce retour en grâce de la Tunisie dans le cœur des touristes français s’explique par le fait « qu’il n’y a pas eu d’événements particuliers » susceptibles de les dissuader d’y retourner, avant de livrer une analyse plus nuancée : « Les Français ont redoublé leur confiance vis-à-vis de la destination, en partie et pas en totalité. Il y aura encore beaucoup de chemin à faire pour convaincre les Français de partir en Tunisie et atteindre les chiffres enregistrés en 2010 ». « Près de 650 000 d’entre eux ont prévu d’y passer leurs vacances d’été », s’est-il tout de même réjoui.
Les Tunisiens peuvent compter sur les Algériens, les premiers visiteurs de leur pays de tout temps, pour continuer d’irriguer le poumon vital que représente le tourisme. De récentes données statistiques sont éloquentes à ce sujet : au 20 mai 2018, ils étaient 2,3 millions à avoir traversé la frontière pour se rendre chez leurs proches voisins (soit +21,8% par rapport à 2017 et +5,7% par rapport à 2010 à la même date). Sur les 7 millions de touristes qui ont visité la Tunisie en 2017, 35% étaient des Algériens, selon l’Office national tunisien du tourisme (ONTT).
Pour être annonciatrice de lendemains économiques qui chantent, la reprise spectaculaire du tourisme en Tunisie ne va pas pour autant sans susciter une certaine inquiétude quant à la capacité du pays d’y faire face. Apportant un bémol à l’enthousiasme général, Jabeur Ben Attouch, le président de la Fédération tunisienne des agences de voyage (Ftav), cité par Assabahnews, exhorte l’Etat à prendre des « mesures exceptionnelles », notamment la libération de l’importation des moyens de transport touristique, et à pallier sans délai le manque de personnel qualifié, consécutif aux nombreux licenciements que la grave crise liée aux attaques terroristes a entraînés.