Alors que le Dakar a vu ses obligations en dollars chuter avant que tour à tour Moody’s et Standard and Poor’s ne dégradent sa note, Abidjan franchit une étape importante sur la scène économique internationale avec l’agence de notation S&P qui a rehaussé la note de la dette publique du pays, la faisant passer de « BB- » à « BB » avec une perspective stable.
ECONOMIE – Si le mbalax politico-économique social bat au rythme de tempo et notes douloureuses pour les ménages, entreprises et l’État dont les finances publiques ne sont pas au vert, au point de susciter une grosse méfiance vis-à-vis de la solvabilité nationale, le coupé-décalé lui déborde d’énergie du fait, d’une part, du budget national qui dépasse la barre de 15 000 milliards FCFA pour 2025, et d’autre part, de la bonne nouvelle témoignant « de la confiance accrue des investisseurs dans l’économie ivoirienne, qui a su maintenir une croissance robuste malgré les crises mondiales », nous dit Afrik.com.
Les deux vieilles rivales de l’Afrique de l’Ouest, Dakar et Abidjan ne dansent pas sur la même musique et pour ne rien vous cacher, la lagune risque de distancer largement le vieux Ndakaru Ndiaye. Ce d’autant que les dégradations la frappent de plein fouet, depuis la publication des résultats de l’audit des finances publiques le 26 septembre dernier,.
Contrairement à la destination sénégalaise, c’est un coup de pouce majeur que la Côte d’Ivoire reçoit « à un moment où les regards se tournent vers l’Afrique subsaharienne pour des opportunités d’investissement ».
Reconnaissance de la solidité économique de la Côte d’Ivoire, méfiance vis-à-vis du Sénégal
Contrairement à Dakar qui paie les pots cassés de la réalité de ses finances publiques et les dégradations de la note pays qui s’en sont suivies, Abidjan se félicite de la hausse de la note de la dette ivoirienne intervenant après une analyse positive des performances économiques du pays.
Depuis 2019, le pays d’Houphouet Boigny a enregistré une croissance annuelle de plus de 5,5 %, malgré des chocs externes comme la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, et l’inflation mondiale qui en a découlé. Ce qui n’est pas le cas du pays de Senghor dont les chiffres publics ont été maquillés sur une période de près de 4 ans passée au peigne fin de 2019 à 2023 par les limiers du Premier ministre Ousmane Sonko.
Contrairement à Dakar, le dynamisme économique d’Abidjan « est le fruit de politiques économiques solides, orchestrées par le gouvernement et la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui a joué un rôle essentiel dans la stabilité des prix au sein de la zone CFA ».
Un regain de confiance des investisseurs
Le passage de la note à « double B » est un signal fort pour les investisseurs internationaux, note Africk.com, soulignant que cette amélioration ne reflète pas seulement la santé économique de la Côte d’Ivoire, mais aussi la maîtrise de sa dette publique, qui a vu une hausse limitée au cours des trois dernières années.
Faut-il faire le parallèle avec Dakar ? Lorsque des inquiétudes subsistaient quant à une « possible dérive » des finances publiques, la Côte d’Ivoire faisait vite de rassurer « grâce à un contrôle rigoureux de ses dépenses ». Contrairement à la capitale sénégalaise, celle ivoirienne a pris la décision d’affronter la réalité, de faire avec, s’en tenant aux possibilités réelles que lui offraient ses finances publiques. C’est ce que le Premier ministre Sonko expliquait le 26 septembre 2024.
Contrairement au Sénégal, cette nouvelle notation devrait permettre à la Côte d’Ivoire de bénéficier de conditions de financement plus avantageuses sur les marchés internationaux, avec des taux d’intérêt plus bas, tout en renforçant l’attrait du pays pour les investisseurs étrangers.
Un appui constant des partenaires financiers internationaux
L’amélioration de la note de la dette ivoirienne s’accompagne également d’un soutien financier renforcé de la part des institutions internationales.
En octobre, le Fonds monétaire international (FMI) a accordé un prêt de 825 millions de dollars à la Côte d’Ivoire, venant s’ajouter aux 4,8 milliards de dollars déjà débloqués. Ce soutien est une preuve supplémentaire de la confiance que les partenaires internationaux placent dans la capacité de la Côte d’Ivoire à gérer son économie de manière résiliente et efficace. », renseigne Afrik.com.
Des perspectives économiques prometteuses, malgré des défis persistants
Cette révision positive ouvre de nouvelles perspectives pour la Côte d’Ivoire, qui se positionne désormais juste derrière le Bostwana en termes de qualité de crédit en Afrique subsaharienne.
L’amélioration de la note par S&P est un levier supplémentaire pour attirer les investissements et accélérer le développement du pays, notamment dans des secteurs clés comme l’industrie.
Cependant, des défis demeurent.
La résilience face aux futurs chocs externes, l’amélioration de la gouvernance, ainsi que la lutte contre la pauvreté restent des priorités pour consolider ces gains économiques et assurer un développement inclusif et durable.
Dakar en mal de confiance est avertie, Abidjan a pris le large. Espérons que les nouvelles autorités feront au mieux, pour remonter la pente abrupte qu’elles ont héritée.
Maderpost / Afrik.com