Israël a annoncé ce jeudi 17 octobre avoir tué le chef du Hamas, Yahya Sinwar, lors d’une opération dans la bande de Gaza.
MOYEN-ORIENT – Le ministre des Affaires étrangères israélien a confirmé ce jeudi soir la mort du chef de Hamas Yahya Sinwar. L’armée israélienne a procédé à des vérifications au cours de la journée après une opération menée à Gaza.
Yahya Sinwar, militant radical et homme de l’ombre, était considéré comme l’un des cerveaux de l’attaque d’une ampleur sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien. Attaque à la suite de laquelle Israël a déclenché la guerre dans l’enclave palestinienne et dans la région.
Âgé de 61 ans, originaire de Khan Younès, il est d’abord militant contre l’occupation israélienne à l’université islamique de Gaza. Il participe à la formation d’un réseau de combattants qui deviendra la branche armée du Hamas. Il rejoint le mouvement islamiste rapidement après sa formation en 1987, puis il fonde en 1988 le Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas. Il est notamment chargé de la traque des informateurs. Depuis 2017, il était chef du Hamas à Gaza, qu’il entendait vouloir développer économiquement. Après la mort d’Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet dans une attaque imputée à Israël, il est nommé début août chef politique du Hamas.
« Choisir Yahya Sinwar, c’est montrer qu’on est toujours présent à Gaza, qu’on tient militairement et qu’on ne souhaite pas capituler, expliquait alors à RFI Leila Seurat, chercheuse au Centre arabe de recherches et d’études politiques à Paris (Carep). C’est ce qui fait aussi consensus au sein des autres factions palestiniennes à Gaza et le reste de la population qui est dans une logique de résilience face à une politique d’extermination. Sa nomination représente en fait un enjeu de survie. »
Yahya Sinwar était passé plusieurs fois dans les geôles israéliennes, dans lesquelles il apprend l’hébreu et se familiarise avec la politique intérieure du pays dans la volonté de « mieux comprendre l’ennemi » : en 1982, en 1985, puis en 1988. Condamné à quatre peines de prison à perpétuité, il est finalement relâché en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers visant à libérer le soldat Gilat Shalit.
Le sort des Palestiniens
Sur le plan politique, il prônait une direction palestinienne unie pour tous les Territoires occupés : la bande de Gaza, tenue par le Hamas, la Cisjordanie, administrée par l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, et Jérusalem-Est. « Il a fait savoir qu’il punirait quiconque tenterait d’entraver la réconciliation avec le Fatah » (le parti présidentiel, NDLR), rappelle le European Council on Foreign Relations (ECFR) à l’AFP. « À plusieurs reprises, il a proposé une trêve de longue durée avec Israël si le pays se retirait de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est », rappelle Khaled al-Hroub, spécialiste du Moyen-Orient à l’université Northwestern au Qatar.
Coûte que coûte, il entendait forcer Israël et le monde à s’intéresser au sort des Palestiniens. La stratégie de la respectabilité des « politiques » du Hamas échoue : il choisira la violence. À la mi-septembre, il avait affirmé que le Hamas était prêt pour une « longue guerre d’usure » contre Israël avec le soutien du Hezbollah libanais, des rebelles houthis au Yémen et de l’Iran.
Peu avant l’annonce officielle de la mort de Yahya Sinwar, dont la dernière apparition publique datait d’octobre 2023, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a écrit sur Twitter : « Nous atteindrons chaque terroriste et nous les éliminerons ». Dès le 22 octobre 2023, les médias israéliens affirmaient que l’État hébreu avait mis sur pied une opération spéciale chargée d’éliminer les membres du Hamas impliqués dans l’attaque du 7 octobre. Nom de code : Nili, l’acronyme de l’expression biblique « l’Éternel d’Israël ne mentira pas ». Une « opération spéciale » qui a tué plus de 42 000 Palestiniens dans la bande de Gaza en un an.
Maderpost / Rfi