Les deux sessions du Conseil des ministres délocalisés à Sédhiou sous Macky Sall ont dégagé et engagé les services publics à réaliser des infrastructures susceptibles d’assouvir la forte demande sociale. Certains chantiers ont démarré et d’autres, plus nombreux, n’ont jamais connu de début de mise en œuvre. Plus grave, un scandale financier vient d’être révélé par le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture faisant état des décaissements faramineux comparés à un taux modique d‘exécution réalisation pour le stade régional de Sédhiou et aucune pour le Centre culturel régional. Inquiets et interloqués par ces faits gravissimes, populations et société civile de Sédhiou exigent la lumière sur ces chantiers et interpellent le président Bassirou Diomaye Faye et son équipe.
SEDHIOU – A l’issue des deux Conseils des ministres décentralisés à Sédhiou, en 2015 et 2023, plusieurs mesures ont été prises sous la forme d’un Plan d’urgence en faveur du développement de la région. Mais à ce jour, l’immense majorité des chantiers sont à l’arrêt et d’autres n’ont jamais connu un début de réalisation. Suffisant pour susciter l’inquiétude et l’indignation des populations. La société civile alerte et suggère aux nouveaux tenants du pouvoir la relance des chantiers.
Mamadou Lamine Sadio, le secrétaire exécutif régional de la Plateforme des acteurs non-étatique de la région relève qu’«il y a beaucoup de chantiers qui sont à l’arrêt notamment la sphère administrative devant abriter la gouvernance et le reste des services pour la plupart sous location. Il y a aussi le désenclavement avec la construction de la boucle du Boudié, le pont sur Témento, l’Espace numérique ouvert (ENO), l’Inspection d’académie (IA), les salles de classe, les infrastructures de jeunesse et de femme. Vraiment tout est urgent ici», dit-il.
L’éducation en attente d’une perche pour relever la courbe
Le chantier de l’Inspection d’académie étant aussi à l’arrêt, l’actuel site est d’une sinistre dégradation jusqu’au bureau de l’inspecteur d’académie. «Erigée en inspection d’académie depuis 2009, la région de Sédhiou peine toujours à voir l’achèvement des travaux de construction de l’inspection dont les travaux ont débuté en 2016. Les efforts consentis par l’inspecteur d’académie en collaboration avec le nouveau directeur des constructions scolaires ont permis la reprise des travaux mais hélas pour une courte durée. Quoiqu’il en soit, l’urgence est et nous sollicitons le regard des nouveaux dirigeants pour diligenter la situation car présentement l’inspection d’académie est toujours sous abris provisoire et elle prend de l’eau de partout en cette saison des pluies», témoigne Séckou Badji, agent de l’IA de Sédhiou.
Au chapitre de l’éducation toujours, des efforts sont attendus pour la résorption des abris provisoires, l’achèvement des travaux de construction de l’Espace numérique ouvert (ENO) entre autres urgences signalées. Abdoulaye Diallo, le coordonnateur de l’antenne régionale de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP) de Sédhiou, note que des efforts sont faits. Mais le défi reste jusque-là énorme.
«Il est vrai que Sédhiou est une région réputée être à fort taux d’abris provisoires. Cependant, il y a lieu de saluer les efforts en cours des pouvoirs publics pour la résorption des abris provisoires notamment à travers le programme dénommé PRORAP. Nous avons constaté des constructions de salles de classe notamment dans le cycle moyen et de blocs d’hygiène dans le cycle élémentaire. Toutefois, à côté de ses efforts, il faut déplorer le retard et les arrêts de chantier comme le collège CEM 4 de Sédhiou, l’ENO et l’IA», explique Abdoulaye Diallo de la COSYDEP.
Les financements des infrastructures de jeunesse et de la culture “subtilisées”
Dans un tout autre registre, s’agissant des chantiers de la jeunesse et des femmes, que ce soient les stades et autres foyers socio-éducatifs, le mal est profond sur fond d’un grave scandale financier révélé par le ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Culture, lors de sa visite de travail à Sédhiou. Amadou Lèye Konté, le président du Conseil communal de la jeunesse de Sédhiou déclare : «dans la région de Sédhiou, nous manquons d’infrastructures de jeunesse et de femme. Les deux stades et le centre culturel régional ne sont toujours pas opérationnels. A cela s’ajoute l’inexistence du centre socio-culturel, la salle des fêtes, les maisons de la jeunesse dans les départements dont la construction avait été annoncée en grande pompe».
Et de poursuivre sur le scandale financier : «la visite du ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture a révélé un scandale financier grave. Elle a annoncé le décaissement de beaucoup d’argent aussi bien pour le stade régional à hauteur de 66% pour une exécution de seulement 15% ; soit plus de deux milliards sur les trois et les trois cents millions volatilisés destinés à la construction du Centre culturel régional de Sédhiou. Nous demandons que la lumière soit faite sur ces décaissements et qu’un plan de réajustement soit très vite trouvé».
De la lumière exigée sur les nébuleuses
Face à cette impasse persistante, populations et acteurs de la société civile de Sédhiou appellent à la diligence des pouvoirs publics. Mamadou Lamine Sadio de la Plateforme des acteurs non étatiques de Sédhiou demande des correctifs et attention particulière pour la région.
«Nous demandons un Plan d’urgence pour Sédhiou et corriger ces iniquités et manquements graves. Sédhiou mérite une attention particulière en raison de sa situation de pauvreté ; alors qu’il existe ici un potentiel riche mais non valorisé, une pauvreté accentuée par l’enclavement routier», plaide-t-il avec véhémence.
Amadou Lèye Konté du Conseil communal de la jeunesse milite aussi pour un plan d’urgence au chevet d’une région en péril. «Nous sommes d’avis que Sédhiou a besoin d’un Plan d’urgence qui prendra en charge la réalisation de toutes les infrastructures de jeunesse, l’encadrement et insertion des jeunes, la formation et le financement rapide des projet. Nous avons aussi besoin de l’implantation des usines comme celle qui fabrique le carreau avec le curage de l’argile dans les collectivités de la région de Sédhiou. Ces usines vont sans doute créer de l’emploi et réduire les trappes de pauvreté», soutient-il avec forte conviction.
La demande sociale est forte et se transforme en clameur populaire en faveur du rééquilibrage des investissements, surtout pour des régions à fort potentiel local, susceptible de booster le moteur du développement endogène de façon durable et participative.
Maderpost / Sud quotidien