Les nouvelles autorités sont-elles en train d’exécuter leur «agenda» pour «assainir», à leur manière, la presse sénégalaise ? Présidant, le mardi 25 juin 2024, la Journée de réflexion avec les acteurs des médias sur «L’intégrité de l’information face à la désinformation et aux discours de haine», à l’initiative conjointe de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS), le Haut-commissariat des Nations unies et la tutelle, Alioune Sall, le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, avait dévoilé un pan de ce projet.
PRESSE – Intervenant sur la crise des médias sénégalais et les principaux problèmes qui minent ce secteur, Moustapha Diop, Directeur de Walf TV, a expliqué que les nouvelles autorités au pouvoir veulent d’abord s’attaquer et élucider l’origine des financements des médias sénégalais. Pour lui, dans un pays normal, les financements des médias doivent être transparents et obéir à des règles pour éviter toute influence néfaste, source de déstabilisation.
Sur ce, relève-t-il, la presse sénégalaise, du moins une certaine presse, est gangrénée par des subventions et financements occultes et peu transparents. Il s’y ajoute que des hommes politiques notamment proches du pouvoir sont souvent derrières des médias. Et la chute de ces bailleurs n’est pas sans répercussions directes sur cette presse qu’ils soutiennent.
«Des journaux, radios, télévisions et sites internet sénégalais ne sont pas bâtis sur de modèles économiques viables. Ce qui fait que la dépendance financière de ces médias vis-à-vis de certaines figures politiques constitue un problème majeur». Pis, «quand ces politiciens perdent le pouvoir, les financements cessent, mettant ces médias en difficulté», a-t-il dit, en Wolof.
En guise de solution à cette gangrène, le Directeur de Walf TV en appelle à la définition de chartes claires pour le financement des médias et une meilleure organisation de la publicité entre les médias privés et publics. Gage d’une viabilité économique des entreprises de presse et de la fin de la pratique du «taba-taba», du «dëb debël» ou autre rafistolage qui minent le secteur. Aussi milite-t-il pour la fin des aides allouées à la presse, et la mise en place de «règles strictes» garantissant la transparence et la durabilité des financements dans le secteur des médias au Sénégal.
S’exprimait, en juin dernier, lors de la Journée de réflexion organisée conjointement par la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS), le Haut-commissariat des Nations Unies et la tutelle, le ministre Alioune Sall a révélé que le gouvernement reste à l’écoute de la presse pour mettre, avec les acteurs, en pratique la vision du président de la République. Non sans rassurer quant à la volonté du chef de l’État, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, de «soutenir une presse libre, diversifiée et responsable».
«Je tiens à rappeler que le nouveau gouvernement, en collaboration avec les associations présentes ici, ainsi que nos partenaires techniques des Nations Unies et de la société civile, s’engage à garantir une transparence accrue dans la gouvernance du secteur des médias… Cela implique la publication de la liste des médias officiellement reconnus par nos services, mais aussi la divulgation des véritables propriétaires de ces entreprises de presse. Il est essentiel que chacun soit informé afin que les médias ne soient pas perçus comme des outils d’influence ou de lobbying», a-t-il promis.
Seulement, la sorte d’assainissement furtif engagé par l’Etat a des contrecoups néfastes sur certains acteurs de la presse qui ne sont en rien concernés par les financements dits occultes, nébuleux et/ou politiciens et qui parvenaient à survivre dans le contexte global de crise des médias, grâce à leurs conventions commerciales avec les structures publiques. Des conventions aujourd’hui arrêtées sur décision des autorités.
Maderpost / Sud quotidien