Dans une vidéo virale de Tiktok, Guy Marius Sagna parlementaire sénégalais et député de la CEDEAO (Communauté Économique des Etat de l’Afrique de l’Ouest) crache sans ambages ses vérités aux pontes de l’institution mettant le doigt là où ça fait mal au grand bonheur des jeunes et peuples qui n’en pensent pas moins que lui.
CEDEAO – « Refondation ou mort de la CEDEAO, voilà où on en est aujourd’hui. Transformation structurelle ou mort de la CEDEAO. Changement profond ou mort de la CEDEAO. Voilà, où nous en sommes Monsieur le Président », déclare l’enfant terrible de la députation sénégalaise et non moins patriote et panafricaniste assumé.
Il y a bien longtemps qu’une telle tonalité n’avait pas résonné au parlement communautaire dont le service administratif montre toute la légèreté avec laquelle travaille la Commission sur des questions sérieuses nécessitant des approches et réflexions consistantes chez ses députés.
« Monsieur le président de la Commission de la CEDEAO, c’est hier dans la journée, il y a donc moins de 24 heures, que nous avons reçu votre rapport de plus de 80 pages. Vous comprendrez pourquoi il y a eu dans un premier temps 16 inscrits. Vous voyez, il y a 36 députés présents sur le total des de la CEDEAO parce qu’elle n’est plus attrayante même pour ses membres, même pour ses députés », claque sans broncher le parlementaire sénégalais non sans faire remarquer l’absence d’un minuteur comme il en existe dans les parlements. Pour dire que même pour ça, la CEDEAO accuse du retard.
« Je voudrais savoir est-ce que ce sont les services du parlement, vos services, qui ont fait que nous recevions le rapport en moins de 24 heures des travaux, parce que si nous voulons bien travailler, ce ne sont pas là de bonnes conditions pour que les députés puissent prendre connaissance du rapport et contribuer du mieux qu’ils peuvent aux politiques communautaires ».
Lancé dans son discours qui fera date et sera certainement bien accueilli du côté de la Confédération des Etats du Sahel, le Sénégalais enfonce le clou.
« Monsieur le président de la Commission de la CEDEAO, depuis quelques jours, nous écoutons les rapports des différents pays et tous disent qu’ils ont des problèmes de santé, qu’ils n’arrivent pas à nourrir leurs populations, qu’ils ont des problèmes d’école. Tous les pays, même là où il y a les Gis des Etats-Unis, ou l’armée française disent qu’ils ont des problèmes de sécurité.
« Pourtant, je ne vois pas dans le rapport les réponses à ces problèmes. Je ne vois pas dans ce rapport une prise en charge de ces problèmes »
Le député a aussi évoqué la question des recettes mobilisée par l’organisation demandant au président de la Commission de faire la lumière sur leurs origines.
« Monsieur le président, vous avez dit que les recettes issues des prélèvements communautaires financent un peu plus de 85% du budget de la CEDEAO, d’où viennent les autres 15% ?»
Ces 15% dont il attend de savoir leur provenance seraient-ils tirés d’accords dont les termes seraient la source des maux de l’emploi et de la jeunesse ouest-africaine.
Guy Marius Sagna tape dans le mille. « Tout le monde savait que les Accords de partenariat économiques offrent la possibilité à 85% des marchandises des 27 États de l’Union européenne d’entrer dans nos pays sans payer de droits de douanes.
Comment est-ce qu’on va régler alors la problématique du chômage ? Comment va-t-on régler la problématique du Sénégal où le taux de mortalité des petites et moyennes entreprises est de 64% ? Et je suis persuadé que c’est à peu près pareil dans tous les pays ».
Pour le parlementaire, il n’y a pas de doute. « C’est cette CEDEAO là en réalité qui pousse notre jeunesse à traverser la mer Méditerranée, a prendre les pirogues pour aller à l’assaut de l’Europe forteresse.
A moins des cinquante ans de l’organisation, Guy Marius Sagna est amer. « Monsieur le président, notre CEDEAO va bientôt avoir 50 ans, en 2025, un demi-siècle. A la veille de ses 50 ans, nous avons le retrait de trois de nos membres, voilà son bilan. »
« Nous nous attendons a avoir un discours électrochoc non pas un discours qui nous fait rester dans notre sommeil. »
Parce que pour le député sénégalais, la CEDEAO de l’heure est celle « qui pousse ses membres à assassiner ses artisans, ses paysans, ses jeunes, ses femmes, à envoyer ses jeunes dans le désert du Sahara, dans Méditerranée ou dans l’océan Atlantique. C’est elle qui pousse ses membres à assassiner les petites et moyennes entreprises. En poussant ses États membres a signer les Accords de partenariat économiques entre l’Union européenne et l’Afrique de l’Ouest ».
« Nous ne voyons pas de changement. Cette CEDEAO qui pousse nos pays à maintenir les bases militaires françaises, a accueillir les Gis et d’autres armées d’occupation ne nous aide pas. Elle n’aide pas les pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger et d’autres pays à assurer sécurité. Voilà ce qu’est la CEDEAO. Qui va rester dans un mariage pareil ? »
Pour lui, la CEDEAO doit opérer des ruptures. « Parce que la jeunesse de l’Afrique de l’Ouest, dans les villages et dans les quartiers ne veut plus de ça. Elle dit que cette CEDEAO est celle des chefs d’État et non des peuples. Ça ne sert à rien du tout de nier, il faut changer par les actes. Que cette CEDEAO soit celle des peuples, qu’elle soit attrayante ».
Maderpost