Théodore Cherif Monteil, invité de l’émission Jury du dimanche de iRadio et iTv, a décrypté le spectre de la «crise institutionnelle» autour de la Déclaration de politique générale (DPG) de Sonko. L’ancien député, suggérant au Président Diomaye Faye de faire appel aux 7 sages, entrevoit des «lendemains sombres pour le Sénégal» récemment sorti d’une crise électorale.
DPG – Si la plupart de l’opinion estime que c’est en septembre que sera scellé le sort de la 14e Législature, Théodore Monteil, lui, pense autrement. «Il faut dissoudre cette Assemblée nationale. Il faut que le pouvoir aille chercher sa majorité. Mais cette dissolution ne peut pas se faire avant janvier 2025. Je m’explique : L’Assemblée nationale ne peut être dissoute avant deux ans. Elle aura 2 ans le 14 septembre 2024. Or, si on dissout en septembre, ce qui va se passer c’est qu’on n’aura pas de budget. On n’aura pas voté la loi de Finance. Donc, le pouvoir sera obligé de prendre des décrets pour faire son budget. Et ce n’est pas toujours élégant. Le mieux, c’est d’avoir un budget voté par l’Assemblée nationale. S’il dissout encore en septembre, la loi dit qu’en cas de dissolution, les élections doivent se tenir dans les 90 jours au plus tard. Il y a une grosse contradiction entre ce délai de 90 jours et le code électoral qui dit que les élections législatives doivent se tenir sur la base du parrainage. Les listes doivent être parrainées. Or, le démarrage du parrainage se fait à 150 jours avant la date du scrutin», a expliqué l’ancien député.
Face au journaliste Assane Gueye, pour diagnostiquer la polémique née du refus du Pm de se présenter devant les députés. Parce que, dans la matinée du samedi, en réplique à Ousmane Sonko, les députés de Benno bokk yaakaar ont empêché, à leur tour, la tenue du Débat d’orientation budgétaire (Dob). «Il faut être très inquiet pour le Sénégal. Parce qu’on est en train d’entrer, de façon organisée, dans une crise institutionnelle qui ne dit pas son nom. Et la question qu’il faut poser, c’est quels sont les fondements de l’annulation du Débat d’orientation budgétaire (Dob). Car c’est une exigence de la Constitution qui dit qu’au cours de la session, il est organisé un Dob. Basé sur le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuel et sur le Document de programmation budgétaire pluriannuel des dépenses, il permet de se projeter sur le budget de 2025. Or, s’il n’a pas eu lieu, je ne sais comment on va aller vers le vote de la loi de Finance. Ce bras de fer augure des lendemains sombres pour le Sénégal», a-t-il alerté.
Pour le co-fondateur du parti Union citoyenne/Bunt-Bi, Sonko aurait mieux fait de faire comme le Pape du Sopi pour se tirer d’affaire face aux griffes de Abdou Mbow et ses camarades. «Le Pm peut se présenter devant un jury populaire. Mais ce ne sera pas une déclaration de politique générale (DPG). Comme l’avait fait Abdoulaye Wade en 2000, le Pm doit engager des discussions avec la majorité au niveau de l’Assemblée pour trouver des compromis. Parce que c’est le pouvoir qui doit engager les discussions, mais pas les opposants. Il doit essayer d’aménager des synergies afin de pouvoir faire passer ses réformes en vue de déployer son programme. Cela n’a pas été fait. Pourtant, au début, Abdou Mbow (Ndlr : Président de groupe parlementaire Benno) avait dit que de toute façon, ils vont voter les lois présentées par le pouvoir», s’est étonné M. Monteil.
D’après, l’ancien 1er Vice-président de la Commission Aménagement du territoire, urbanisme, habitat, infrastructures et transports de l’Assemblée nationale, «la nouvelle édition du règlement intérieur n’est pas dans le Journal officiel du Sénégal» depuis la modification des textes qualifiés de faux par les députés de Yewwi.
«Donc, ce n’est pas un dossier de travail légal. Normalement, quelles que soient les modifications, le règlement intérieur de l’Assemblée devrait être présenté en Commission des lois, voté en plénière, transmis au président de la République. Celui-ci demande avis au Conseil constitutionnel pour voir si le document est conforme à la Constitution avant d’être promulgué», a expliqué l’ancien député.
Toutefois, il dira que «ce n’est pas une raison valable pour refuser de faire une Dpg. Car les deux n’ont rien à voir. Le Premier ministre n’a pas à se préoccuper de ce qui est écrit ou de ce qui ne l’est pas dans le règlement intérieur de l’Assemblée. Cela ne le concerne pas. Lui, c’est l’Exécutif. Le règlement intérieur est un document interne qui gère le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Ce qui le lie, c’est l’article 55 de la Constitution qui dit qu’après sa nomination, il fait sa déclaration de politique générale. Ce n’est pas à l’Assemblée de le prévoir».
Maderpost / Emedia