Une trentaine de rapports encore dévoilés par la Cour des comptes et un seul enseignement : la mal gouvernance des institutions publiques et parapubliques est inscrite au cœur des actions du régime sortant de Macky Sall. Zoom sur quelques scandales et/ou impairs qui démontrent à suffisance l’ampleur de la mal gouvernance devenue chronique au Sénégal.
MAL GOUVERNANCE – Dans son rapport définitif sur le « Contrôle de la gestion des licences de pêche » dans la période allant de 2010 à 2016, la Cour des comptes a observé des irrégularités.
D’abord, dans l’obtention des licences de pêche, la Cour qui a examiné les dossiers de demande de licence, a fait « ressortir que des pièces sont manquantes et que certains documents n’offrent pas toutes les garanties de régularités ». Elle a aussi relevé « une prorogation irrégulière des actes de nationalités provisoires » qui est une obligation pour l’obtention ou le renouvellement de la licence.
La Cour parle d’une « violation des dispositions du Code de la marine marchande ». Dans son rapport, la Cour des comptes constate également une redevance impayée de 782 003 562 millions F Cfa. « Ainsi, au lieu de cinq milliards sept cent trente et un millions cinq cent quarante-neuf mille trois cent vingt-deux (5 731 549 322) francs CFA, il n’a été liquidé par la DPM que la somme de quatre milliards neuf cent quarante-neuf millions cinq cent quarante-cinq mille sept cent soixante et un (4 949 545 761) francs CFA, soit 86,35 % du montant total effectif à verser. Il en découle un écart de sept cent quatre-vingt-deux millions trois mille cinq cent soixante et un (782 003 561) francs CFA entre les redevances à payer et les versements effectifs », informe la note.
Selon la Cour des comptes, « la mauvaise liquidation de ces redevances induit ainsi un important manque à gagner pour l’Etat ». Une autre irrégularité est notée au Puma. Au total, ce sont 483 millions 733 mille 924 francs CFA qui ont été relevés par la Cour des comptes comme dépassements des salaires du personnel au Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (PUMA) au cours des années 2019, 2020 et 2021. Des dépassements jugés « considérables » et « supérieurs aux autorisations budgétaires » par la Cour des comptes. Sur les trois années considérées, la masse salariale autorisée de 1 milliard 440 millions francs CFA a dérapé pour monter à 1 milliard 923 millions 776 mille francs CFA.
La Cour des Comptes a également révélé dans son rapport des irrégularités dans la gestion du carburant à la mairie de la commune de Kaffrine dirigée par Abdoulaye Wilane entre 2015 et 2019. L’achat global de carburant est estimé à 153 490 529 Francs Cfa, entre 2015 et 2018, avec une consommation de 47 996 814 Francs Cfa en 2015, 27 998 545 Francs Cfa en 2016, 30 998 310 Francs Cfa en 2017 et 46 496 960 Francs Cfa en 2018, soit une consommation moyenne de 38 372 632 FCfa.
Toutefois, le corps de contrôle fait état d’un parc automobile communal composé de six (6) véhicules qui sont tous en panne. Sur ce, deux copies de cartes grises ont été transmises à la Cour qui souligne qu’aucune autre documentation afférente au suivi de l’entretien régulier des véhicules n’a été fournie. Sur les exonérations accordées aux sociétés minières, la Cour des comptes a relevé que le Trésor a été délesté de plus de 234 milliards Fcfa. Ces malversations décelées par le rapport de la Cour des comptes illustrent encore une fois la mal gouvernance chronique au Sénégal. L’impunité est ainsi érigée en règle du côté de certains membres de l’ancien régime.
Maderpost / Sud quotidien