Savoir lire entre les lignes et prendre les décisions qui s’imposent surtout celles concernant la protection des 7 sages du Conseil constitutionnel.
PRESIDENTIELLE – Voilà ce que nous avons tiré, entre autres, de la deuxième déclaration du Président Abdou Diouf rendue publique mardi 13 février et authentifiée par un proche du premier degré du deuxième président de la République du Sénégal dont les confidences nous ont scotchés au sol.
S’il est vrai que beaucoup estiment que le Président Diouf a eu un langage diplomatique dans sa déclaration du mardi, nous croyons pour notre part, qu’il assène non seulement des vérités qui résonnent, mais retracent encore en filigrane l’histoire tumultueuse du Conseil constitutionnel qu’il a créé en 1992, le rappelle-t-il d’ailleurs, près d’un an, quasiment jour pour jour, avant l’assassinat de Me Babacar Sèye.
Pour rappel, le Conseil constitutionnel fut créé lorsque la Cour suprême fut supprimée et remplacée par trois organes spécialisés. C’est ainsi qu’il fut institué par la loi n°92-22 du 30 1992, modifiée par la loi organique n° 99-71 du 17 février 1999.
Dans les faits marquants, les arcanes sombres du Conseil constitutionnel sont traversées par la démission retentissante de son premier président le juge Kéba Mbaye, le 4 mars 1993. « Je croyais à un scrutin transparent avec des résultats incontestables. Les faits me donnent tort. Il est pratiquement impossible d’arriver à la proclamation des résultats », disait le juge feu Kéba Mbaye, 10 jours après l’élection présidentielle.
Plus de deux mois après, le 15 mai, son successeur Me Babacar Sèye était assassiné.
Ont suivi des menaces. Récemment, en janvier 2024, le PDS accuse deux membres du Conseil constitutionnel de corruption. Le nom du Premier ministre, candidat choisi par le leader de mouvance présidentielle, M. Amadou Ba, est cité.
En parfaite concordance avec les députés de la majorité, les députés du PDS votent une proposition de loi amenant le Président Macky Sall à abroger le samedi 3 février, à 10 heures de l’ouverture de l’ouverture de la campagne électorale, le décret constituant le corps électoral pour la présidentielle du 25 février 2024. La conséquence immédiate en est le report de la présidentielle, la suite depuis l’Assemblée nationale annonce sa tenue pour le 15 décembre 2024.
Comme un tour de passe-passe, les députés brodent l’histoire. Ce que le Président Diouf ne peut concevoir.
« Je tiens à préciser afin qu’il n’y ait aucune équivoque, que le Conseil constitutionnel que j’ai créé en 1992 reste le garant ultime de nos institutions et de notre démocratique. C’est à lui et à lui seul de dire le droit et de prendre les décisions qui s’imposent à tous concernant le calendrier électoral et le respect de la durée du mandat président », écrit-il.
Si le Sénégal a mal à sa démocratie, la déclaration du Président Diouf rappelle quant à elle qu’il a connu la démission du premier président et l’assassinat de son successeur sous son magistère. Il voudrait dire au Président Macky Sall de tout faire pour assurer une surprotection aux 7 sages qu’il ne procéderait pas autrement.
Qui que l’ancien président de la République pour savoir que l’on n’est jamais aussi bien protégé qu’on ne le croit. Le juge Babacar Sèye avait un garde du corps.
Diouf ne le dit pas, mais il est évident qu’il laisse entendre que la sécurité des 7 sages est devenue un enjeu national, voir international. Nous le croyons, nous le disons.
En chiffre, le Conseil constitutionnel, c’est 5 élections présidentielles : février 1993, février-mars 2000, février 2007, février-mars 2012, février 2019, il avait à proclamer les résultats de février 2024, mais…
C’est aussi 7 législatives : mai 1993, mai 1998, avril 2001, juin 2007, juillet 2012, juillet 2017, janvier 2022. Deux élections sénatoriales en janvier 1999 et août 2007 ; deux référendums en janvier 2001 et mars 2016, enfin, deux élections des hauts conseillers en septembre 2016 et septembre 2022.
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