En signant le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral, le président de la République Macky Sall a, par la même occasion, validé, à la face du monde, qu’il est le plus grand champion du reniement pour ne pas dire des coups bas.
GOUVERNANCE – Arrivé au pouvoir en 2012 dans un contexte politique tendu alimenté par une forte contestation du 3e mandat de Me Abdoulaye Wade, Macky Sall, apprenti du maitre, avait promis une rupture avec, en bandoulière, un salmigondis de slogan.
Un Gouvernement de 25 ministres
Tout d’abord il avait promis un gouvernement de 25 ministres. Une promesse qui n’a duré que le temps d’une rose. Car, le 1er septembre 2013, le deuxième gouvernement de Macky dirigé par Aminata Touré était composé de 32 ministres.
Vaut-il la peine de s’arrêter sur les compétences de ces ministres sachant que la coalition ”Macky 2012” s’était taillé la part du Lion au détriment de l’expertise. La légitimité politique avait déjà pris le dessus sur la compétence : le parti mis en avant devant la patrie.
Justice et transparence dans la gouvernance
A l’aube de ses premiers séjours au Palais de la République, le président Macky Sall entonnait urbi et orbi tel un mantra son refrain de cœur. “Je ne protégerai personne” résonnait dans tous ses discours.
A la place, le peuple sénégalais a observé, certainement ébahi par l’ampleur du reniement, des ministres et collaborateurs du président, épinglés par des rapports de contrôle, gravir les échelons en bénéficiant des postes de nominations parmi les plus juteux.
Pire, il a eu l’outrecuidance d’affirmer devant le peuple sénégalais que certains dossiers sont sous ses coudes. Autrement dit, il empêche le procureur de la République de s’autosaisir sur certains dossiers impliquants des personnalités soupçonnées de dilapidation, de prévarications de deniers publics.
La “gouvernance sobre et vertueuse” a complètement basculé à une “gouvernance sombre et vicieuse” pour parler comme Pape Alé Niang qui a très tôt détecté les signaux de l’impunité notoire dont bénéficiaient les acolytes et autres thuriféraires de “Lamtoro Buur Guédé”.
Réduire le mandat de 7 à 5 ans
La problématique du mandat présidentiel était au cœur des programmes des candidats de l’élection présidentielle de 2012. Sur fonds de tensions liées au troisième mandat d’Abdoulaye Wade, des candidats dont Macky Sall ont promis la limitation du mandat à Cinq.
Mieux, Macky Sall, après son élection, avait initié un référendum pour entre autres verrouiller la limitation du mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Voire article 27 de la Constitution : “le mandat est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs”.
A cela s’ajoute les dispositions de l’article 103 de la constitution qui stipule que : “la forme républicaine de l’Etat, le mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du président de la République ne peuvent faire l’objet de révision”.
Le tout bétonné par ses déclarations orales et écrites à la veille de la présidentielle de 2019 levant tout équivoque sur ses velléités d’aller au-delà de ses deux mandats. Que nenni !
Quid de sa prestation de serment, un acte solennel de la République à travers lequel il a juré “d’observer et de faire observer les dispositions de la Constitution”.
Bref, en lieu et place de la réduction de son mandat de 7 à 5 ans on nous impose une prorogation du mandat de 5 ans à 6 ans (pour le moment) qui sait ce qu’il adviendra.
Comme si le reniement a toujours été le fil conducteur de la politique de “Niangal”, sa promesse de ne pas faire “moins que ses prédécesseurs” est également au bord de l’engloutissement.
Est-il nécessaire de revenir sur ses projets de loi controversés adoptés en procédure d’urgence comme le parrainage considéré par la cour de justice de la CEDEAO comme une violation de l’égalité des candidats ?
En toute règle il y’a une exception
Et puisqu’il n’y a pas de règle sans exception, la seule promesse qu’il semble tenir est celle de “réduire l’opposition à sa plus simple expression”.
Bravo pour la prouesse !
C’est dire que le rêve s’est travesti en cauchemard au réveil.
Maderpost / Mamadou Ba