L’heure de vérité approche pour la coalition présidentielle Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) plus proche de voler en éclats que de trouver un consensus derrière un candidat unique pour la présidentielle de février 2024, mettant ainsi à nu ses limites et montrant que le projet et l’ambition pour ladite joute n’ont jamais été appréhendés avec pragmatisme.
POLITIQUE – Onze candidats sur le gril, pour la seule APR, pour ce qui concerne la prochaine présidentielle 2024. Allez-voir si cela ne fait pas désordre dans une maison où il y a encore peu, avant le 3 juillet date de l’annonce de la renonciation de Macky Sall à un troisième mandat, tous demandaient au leader incontesté et incontestable de foncer sur l’objectif d’un « second mandat quinquennal ».
Les plus courageux, ceux-là en tout cas qui voulaient de la place se contentaient de ne rien dire afin de ne pas froisser le « patron », comme beaucoup appellent le chef de la coalition, priant qu’arrive rapidement le jour où il se prononcerait afin qu’ils décident de se ranger derrière le « ndigël » (ordre) ou de franchir le Rubicon.
Les qualités requises aux leaders et vertus attendues d’un président de la République qui n’attend pas de l’être pour les arroser dans son jardin d’intégrité, de stature internationale, de rassembleur, d’éthique, d’écoute, confiance, humanisme, etc., devaient faire suffisamment défaut pour que personne n’osa prendre son destin en main et se mettre en route pour la conquête du pouvoir, éprouvé, mis à mal il est vrai par un certain Ousmane Sonko ayant trusté une bonne partie des électeurs, principalement les jeunes qui en ont fait leur champion toutes catégories.
Mis en cage, son parti dissous, il est plus facile d’aller à la présidence, menaces en bandoulière.
Voilà le contexte dans lequel surnage l’APR, montrant des velléités soutenues au risque de faire imploser la coalition dépourvue de leadership éclairé mais non de leader dont le spectre fond d’ailleurs comme beurre au soleil. Il suffirait que Macky Sall donne le nom du candidat, de celui qu’il aimerait voir lui succéder à l’avenue Roume pour qu’il perde de sa superbe dans la minute qui suit et se conjugue désormais au passé, incapable de peser plus.
D’où certainement le temps qu’il prend pour décider. Il sait qu’il ne sera plus écouté après. Le Dr Cheikh Omar Diallo, fondateur de l’Ecole d’Art Oratoire et de Leadership le théorise d’ailleurs. Qu’en aurait-il été s’il avait décidé plus tôt de ne pas se présenter. Cela donne une idée de la tension qu’il vivait dans les rangs.
D’un autre côté, on comprend aisément les empoignades de maison, le vœu du prince, les ambitions d’aucuns, dont certaines ont toujours été portées par des « ambassadeurs » sur les plateaux télé. Celle notamment du Premier ministre dont le nom fut cité très tôt dans les journaux, sur les sites en ligne, radios et télés.
Amadou Ba, le mal aimé de la maison marron beige « qui gagnerait à tenir parole quand il la donne », selon beaucoup de ses détracteurs, s’est cependant fait de solides ennemis, Abdoulaye Daouda Diallo pour ne pas le citer, pour ne pas être « battu en brèche ». Il reste qu’il occupe de l’espace, beaucoup plus que les autres pour ne pas être lui-même solide sur ses appuis pour camper sa candidature.
Cela lui est d’autant facilité par une absente de taille. Aminata Touré, l’impatiente Mimi Touré, n’a pas eu le nez assez fin pour chauffer la place et lui mener la vie dure non en dehors mais en dedans. « L’ami des médias », pour reprendre les mauvaises langues a le vent en poupe. D’une manière ou d’une autre, il compte et pèse et ça Macky Sall le sait.
A-t-il les qualités requises, intégrité, stature internationale, écoute, confiance, rassembleur, etc., pour dignement siéger à Roume ? C’est la seule question qui vaille. Macky Sall ne s’y trompe pas avec sa charte. Il y a un minimum requis pour ne pas dire de hautes exigences pour diriger une Nation.
Mais, le président de la République s’amuserait-il à nommer un Premier ministre qui n’a pas la stature d’un futur président de la République ? Il ne connaît que trop bien la question pour être lui-même passé à la primature. Tout comme Abdou Diouf d’ailleurs.
Mahamad Boun Abdallah Dionne fut aussi son ancien chef de gouvernement et il est dans la boucle. Encore que le « talibé » de Macky Sall, redoutable travailleur, n’est pas forcément demandeur, même si le profil de l’emploi ne se débat pas pour ce qui le concerne
Il y a tous les autres, Abdoulaye Daouda Diallo, Dr Serigne Guèye, Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Mame Diop, le beau-frère Amadou Mansour Faye, le CHE de l’APR, Mame Boye Diao dont la « créatine » jeunesse n’est pas à minimiser tant « l’alternance générationnelle » est appelée de ses vœux par la jeunesse sénégalaise selon laquelle vieux ont « fait leur temps » et « échoué lamentablement ».
A côté, les porteurs d’eau, les alliés aux obédiences contradictoires et ambitions contenues qui attendent de voir comment l’APR s’y prendra-t-elle pour enterrer la coalition BBY ou réussir le pari impossible de se laisser sur orbite dans l’univers du pouvoir qu’ils vont devoir tous disputer à une opposition multiple faite de radicaux, d’opposants dits de compromission et tous les électeurs de Sonko.
Maderpost