Lors de son discours à la nation du 3 juillet, dernier, le président Macky Sall avait décidé de ne pas participer à l’élection présidentielle de février 2024, en fondant sa décision, disait-il, sur son code d’honneur. Invité de l’émission Objection de Sud Fm, dimanche 9 juillet 2023, l’ambassadeur Sory Kaba, par ailleurs ancien directeur des Sénégalais de l’extérieur, estimant que le respect de la parole donnée va davantage revigorer l’action politique dans notre espace de débat et de dialogue, s’est dit convaincu par ailleurs que le président savait qu’autour de lui, il y a beaucoup de personnes qui ne croit pas à lui.
APR – En renonçant de participer à l’élection présidentielle de 2024, le président Macky Sall semble suivre un des éléments pour lesquels il s’était engagé avec son programme Yonnu Yokkuté et les valeurs qui y avaient été énoncées, notamment le respect de la parole donnée pour laquelle il s’était battu. « Il avait choisi le Yoonu Yokkuté et le Yoonu Yokkuté est aujourd’hui complété par ‘’And nawlé’’. Et là, on est carrément dans une véritable dialectique où la parole donnée, l’engagement donné, le respect de la parole donnée va davantage revigorer l’action politique et de débat et de dialogue », a estimé Sory Kaba, ambassadeur et par ailleurs ancien directeur des Sénégalais de l’extérieur.
Ne s’en limitant pas en si bon chemin, l’ancien directeur des Sénégalais de l’extérieur, déchu de sa fonction pour s’être prononcé contre la question du troisième mandat soutient dans la foulée : « Monsieur le Président sait qu’aujourd’hui, autour de lui, beaucoup de personnes ne croient pas en lui. Parce que tout simplement, je considère que si tu crois en une personne, tu ne dois pas te battre pour qu’il soit voué aux hégémonies, pointé du doigt, insulté à tort ou à raison. Si tu crois en une personne, si tu crois en une personne par ses idées, si tu crois en son personnage, en son leadership, tu dois l’aider à davantage être celui auquel les Sénégalais doivent croire. Parce que dans l’histoire politique du sénégal, il (Macky Sall-ndlr) est le quatrième président du Sénégal, depuis plus de 60 ans. Qui veut être président ne l’est pas. Vous pouvez imaginer tous ceux-là qui ont été candidat aux élections présidentielles et il n’y a eu que quatre dans l’histoire politique du Sénégal ».
« Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que quand vous arrivez à un certain niveau de responsabilité, la seule chose qui vous reste, c’est l’honneur. C’est la parole donnée, je la respecte. C’est l’engagement auquel j’avais souscrit quand je sollicitais vos suffrages, je le respecte. Et ça, il l’a fait. Et aujourd’hui, en posant l’acte du respect de sa parole par rapport à sa candidature, je ne me présente pas. J’organiserai des élections régulières et transparentes. Je veillerai à ce que notre République soit debout, que nos institutions fonctionnent convenablement. Encore, il est en train de pousser le bouchon très haut », a expliqué l’invité de l’émission Objection.
Abordant la problématique du parti présidentiel qui, jusque-là, n’a pas encore connu de congrès de renouvellement, l’ambassadeur Kaba estime qu’à l’instar des tenants du parti dont il fait partie, il ne faut pas laisser le parti comme tel. Et de souligner : « les tenants de cette logique-là pensent que si on réorganise le parti, on risque de perdre beaucoup de militants et de responsables. Pour eux, mieux vaut maintenir la dynamique actuelle ». Une dynamique qui, selon lui, met à nu la faiblesse du parti. Et de faire remarquer : « Nous sommes en train de montrer la faiblesse de cette approche-là. Parce qu’auhourd’hui, il est question pour nous de faire parler le militant, pour que le militant oriente son choix par rapport à celui qu’il aurait préféré qu’il succède au président Macky Sall. Mais on ne peut pas organiser une telle chose. Ce qui fait dire donc aux autres tenants, il fallait qu’on organise ce parti-là. Qu’on ait des structures qui fonctionnent, des structures intermédiaires où les responsables se retrouvent, échangent et prennent ensemble des résolutions ».
Concernant le choix d’un candidat consensuel pour succéder à Macky Sall à la tête de la coalition Benno Bokk Yaakaar, M. Kaba qui reconnait la difficulté de cette situation impute la responsabilité aux partisans du statu quo. Et de déclarer : « Ça sera extrêmement difficile ! D’où l’idée de devoir organiser le parti. Là, cette situation a mis à nu l’idée ou l’argumentaire de ceux-là, qui étaient les partisans du maintien du statu quo. Ils ont compris qu’ils ont eu tort dans leurs argumentaires. Ce parti, on devait l’organiser depuis très longtemps. Ce n’est pas fait. Aujourd’hui, nous sommes en train d’en tirer les dures conséquences ».
Et de poursuivre : « Aujourd’hui, nous sommes face à une réalité et je me refuse de prendre ma propre réalité comme la réalité du parti. J’invite les autres à ne pas faire comme moi. Il faut refuser que sa propre réalité soit celle du parti. Le parti vit une certaine réalité. La réalité que vit le parti, c’est que le président ne se représente pas. Nous n’avons pas un numéro 2 qui devrait naturellement lui succéder. La seule chose qui nous resterait à faire, c’est qu’en posant l’acte de ne pas se présenter, il regagne ma confiance, moi Sory Kaba », a relevé l’ancien directeur des Sénégalais de l’extérieur. Avant de conclure, « Là, je pense que seul le centralisme démocratique pourrait nous aider à sortir de cette situation, en disant exactement au président de la République : Propose-nous quelqu’un, qui serait mieux pour le Sénégal, qui serait mieux pour notre parti, qui serait mieux pour la coalition Benno Bokk Yaakaar».
Maderpost / Sudquotidien.sn