Les Pythies, sœurs et semblables de nos Selbé Ndom, ne l’ont pas vu venir. La bombe leur est tombée dessus aux environs de 20h 25, prenant tout le monde par surprise. Macky Sall venait de couper l’élan de nombreux savants politiques. Tous ceux qui l’annonçaient « à coup sûr partant pour un 3ème mandat », ont été déboussolés par l’annonce du chef de l’Etat sortant de ne pas se représenter pour un second quinquennat. Très peu dans son entourage, étaient au courant. Parmi les heureux élus, il y avait son Premier ministre, Amadou Ba.
POLITIQUE – Le chef du gouvernement, ainsi qu’un tout petit cercle de fidèles, a été informé le jeudi 15 juin dernier que Macky Sall ne se présenterait pas. Juste avant qu’il ne prenne l’avion pour un périple qui devait le conduire pour une mission de bons offices en Ukraine et en Russie, avant une visite officielle au Portugal.
On ne peut dire qu’au cours de ces échanges, des candidatures alternatives aient été avancées. Mais on sait qu’à un moment donné, la candidature d’Amadou Ba pour conduire la bannière de la majorité avait été esquissée. Les jours qui viennent nous éclairerons sur sa viabilité.
Il est néanmoins évident que, même sur le départ, Macky Sall reste la figure tutélaire pour tenir sa coalition. Sans sa poigne de fer, il n’est pas certain que l’on n’assiste pas très rapidement à une floraison de candidatures au sein de la Coalition Bby. Déjà, au sein des partis alliés, comme l’Afp et le Ps, des voix dissidentes n’ont pas attendu pour exprimer leur volonté de s’affranchir. S’il veut que son héritage lui survive, Macky Sall devra imposer d’autorité un candidat unique à sa coalition.
Ces partisans seraient de toute façon malavisés de vouloir se passer de lui. Contrairement à un François Hollande à la fin de son mandat, ou à un dirigeant américain ayant accompli ses deux mandats, Macky Sall n’est pas « un canard boiteux ». Tout au contraire, sa sortie par la grande porte lui donne une nouvelle stature encore plus imposante, aussi bien auprès de ses alliés que sur le plan national. Tout le monde est conscient aujourd’hui que chaque avis qu’il formulera aura le poids de sa légitimité redorée.
Car en plus, le Président Sall vient de tuer dans l’œuf certaines carrières d’opposants. Ceux qui n’avaient pour slogan de campagne que le respect de la Constitution et de la parole donnée, ceux qui s’étaient coalisés juste pour l’empêcher de déclarer une candidature que lui n’avait jamais exprimée qu’il l’envisageait, toutes ces gens ont dû avoir un sommeil difficile hier. Ils doivent très rapidement se chercher un nouvel os à ronger, s’ils veulent avoir une place dans l’arène politique…
Maderpost / Le quotidien.com