La situation tendue du pays ces derniers jours orchestrée par des séances de saccages et de pillages des biens public et privés ont suscité moult réactions. Face à ces manifestations violentes, Hussein Ba, dans une contribution intitulée « La saison des imposteurs », fulmine « une dangereuse tentative de délégitimation systémique des institutions, avec un dessein transgressif d’une ampleur inédite ».
TRIBUNE – La saison des imposteurs
Le jeunisme ou la nouvelle maladie infantile des adultes.
Les jeunes n’ont que des droits, point de devoirs.
La jeunesse a toujours été une force d’aspiration, elle est devenue une source d’inspiration.
La jeunesse peut brûler ce que les adultes construisent, elle aura toujours l’excuse de la colère légitime.
Les événements qui se déroulent au Sénégal dépassent le cadre classique de lutte pour la justice. On assiste plutôt à une dangereuse tentative de délégitimation systémique des institutions, avec un dessein transgressif d’une ampleur inédite.
Pour justifier certaines formes de défiance inouïes, “l’illégitimité” de l’Etat est mise en avant, en considérant uniquement les carences évidentes dans la distribution de ses attributs. Même si la lutte pour la justice sociale et l’égalité des justiciables est en soi une posture noble et citoyenne, doit-elle être menée en dehors des lois et des règlements ?
Notre système électoral, qui a permis deux alternances exemplaires et une quasi cohabitation parlementaire, offre aux acteurs politiques des opportunités d’ajustement qualitatif de la gouvernance, en soumettant aux sanctions des suffrages les offres programmatiques. Karim wade et khalifa Sall constituent, à cet égard, deux exemples remarquables de l’option politique conséquente. À l’opposé de la subversion. En dépit des souffrances humainement marquantes, ils n’ont jamais essayé de mettre en péril les liens constitutionnels communs. Les concessions qu’ils ont eu à faire, au nom de l’intérêt supérieur de la patrie, peuvent leur valoir demain des récompenses suprêmes.
Ce qui est en jeu, au delà des péripéties de combats citoyens normaux, c’est la survie des fondations d’un édifice organisationnel de la Nation, certes perfectible, mais unique constante qui agrège nos contradictions multidimensionnelles.
Aux “révolutionnaires” néophytes, nous avons ce message en guise de rappel : le monde est devenu un endroit trop dangereux pour qu’on puisse accepter la destruction de nos fragiles acquis institutionnels au profit d’une simple promesse des lendemains qui chantent. Si le scénario de l’intimidation violente devait l’emporter sur l’efficience de l’Etat, les forces centrifuges toujours aux aguets (qu’elles soient d’ordre religieux ou ethnique) en tireront certainement des conclusions fatales.
Aux braves fils et filles de la nation, nous avons pour vous cette ultime exhortation : levons nous pour défendre nos fondamentaux.
Au président de la République, écoutez cette alarme trans-partisane : plus que les ponts et les viaducs, plus que le TER et le BRT, ce que la postérité retiendra de vous, ce sera davantage l’héritage fonctionnel de notre bien commun qu’est l’Etat.
Hussein Ba
Maderpost