En tournée politique dans la région sud du pays, le candidat à la Présidentielle de 2024, Arona Coumba Ndoffène Diouf, a levé un coin du voile sur les malentendus qui l’opposent à son ami d’enfance, le Président Macky Sall. Il s’agit des différents programmes de développement initiés par le chef de l’Etat et qui ne sont pas, à ses yeux, des priorités du moment, ainsi que la question de sa 3ème candidature.
PRESIDENTIELLE 2024 – A la cité religieuse de Médina Gounass, dans la ville de Vélingara, dans le village de Kael Bessel comme à Pakour vers la frontière sud-est du département de Vélingara, le président du parti Alternative citoyenne And defar sunu reew (Acad) a rencontré des hommes et des femmes, leaders politiques, chefs religieux ou simples citoyens, avec qui il a échangé sur son programme de développement du Sénégal et surtout a expliqué pourquoi il a été obligé de rompre plusieurs années de compagnonnage avec Macky Sall qui fut son «ami d’enfance et (son) camarade de promotion à l’Institut des sciences de la terre (Ist) à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar».
Assis aux côtés de son responsable local, Dickory Baldé, démissionnaire de l’Apr au niveau de la commune de Kandia, Arona Coumba Ndoffène Diouf a réitéré devant ses hôtes du Fouladou, son refus de participer au dialogue national. Il explique : « Quand on vous invite à manger, le bol doit être propre. Il faudra d’abord que le Président Macky Sall dise qu’il ne briguera pas un 3ème mandat. C’est une question de morale. Cela n’a rien à voir avec la Justice, avec la Constitution. »
Se faisant plus explicite, il ajoute : « Ce qui me gêne, c’est que c’est un Président avec qui nous avons combattu Abdoulaye Wade pour qu’un 3ème mandat ne puisse plus se prononcer au Sénégal. Un combat qui a fait des morts, des jeunes sont tombés, une économie s’est arrêtée, des milliards de francs sont perdus, saccagés. Il était le principal bailleur du M23, structure qui portait le combat contre le 3ème mandat. Qu’est-ce qui a amené le Président à faire volte-face pour se dédire ?», s’est-il interrogé. Ce n’est pas le seul point d’achoppement entre les 2 natifs de Fatick.
Arona Coumba Ndoffène Diouf, certainement encouragé et revigoré par «la qualité de l’accueil et la valeur des personnalités rencontrées » comme il l’a reconnu, en a rajouté : « Je pense que le principal échec des programmes de développement du président de la République s’articule autour de plusieurs points qui devaient être des priorités. L’agriculture devait être une priorité. Dans l’agriculture, nous avons plusieurs corps de métiers ; développer l’agriculture, c’est ce qu’ont fait les Etats-Unis pour arriver à ce niveau aujourd’hui. C’est ce qu’ont fait les pays européens.
La Chine et l’Inde sont passées par l’agriculture pour avoir assez de revenus en vue de créer des banques agricoles. De ces banques sont nés des sociétés d’assurances et des immeubles pour construire des gratte-ciels. Après cet urbanisme des grandes villes, ils se sont attaqués à des programmes de construction d’infrastructures pour réaliser des Tgv, Ter, Brt. La finalité du développement se voit par la réalisation de ces différents outils de transport. » Et puis : « Au Sénégal, en abandonnant le monde agricole qui fait 70% de la population, Macky Sall a préféré injecter plus de 1500 milliards pour faire des Ter et des Brt, qui ne sont pas les priorités du Sénégal. Près de 16 millions de Sénégalais n’auront jamais la possibilité de monter sur un Ter ou un Brt. ».
L’autre échec du président de la République qui fait qu’il ne peut faire chemin commun avec Coumba Ndoffène Diouf, se trouve dans le manque de politique d’industrialisation. Ce dernier note : « Macky Sall n’a pas industrialisé le Sénégal. Aujourd’hui, le taux d’industrialisation en valeur manufacturière, nous sommes en dessous de 1%. C’est-à-dire moins de 5 dollars par habitant. En Amérique latine, ils sont à 300 dollars par habitant, en Europe, à 3000 dollars.»
Ensuite, par des explications techniques, l’homme politique a montré comment le phosphate du Sénégal pourrait être transformé localement en engrais et vendu moins cher aux paysans, de même que l’or produit au Sud-est du pays. Il s’agira pour lui, une fois élu, de « rectifier tous ces programmes et de revisiter les contrats ».
Au cours du meeting tenu dans le village de Kael Bessel, samedi, le responsable départemental de l’Acad, Dickory Baldé, a justifié son choix d’abandonner le parti au pouvoir (Apr) et de militer aux côtés de Coumba Ndoffène Diouf. Il a déclaré : « Toutes les promesses faites par le Président Macky Sall lors de sa campagne à la Présidentielle de 2019 n’ont pas été réalisées. » Et de poser des questions à la foule de fidèles attentifs : « Macky avait promis de construire un hôpital à Vélingara, est-ce fait ? Il avait dit qu’il allait construire un stade départemental, est-ce réalisé ? Macky a-t-il désenclavé la commune de Kandia ?» A toutes ces questions, des centaines de voix ont répondu en chœur : « Non. »
Maderpost / Le Quotidien