Mauvaises nouvelles, il reprend du service. Pas besoin de trompettes ou de troubadour. Pas besoin de titres ronflants ou informatifs. Genre : «Diouf Sarr hérite du Fonsis» ou «Abdoulaye Diouf Sarr atterrit au Fonsis». De la pommade sur une plaie béante. La plaie a plutôt besoin de couteau pour mettre le doigt là où ça fait mal.
FONSIS – C’est plus fort, on ne peut évoquer Diouf Sarr sans penser au gros scandale des Fonds Covid-19. Une petite piqûre de rappel. C’était déjà en 2020. La pandémie du covid-19 fait des ravages dans les pays occidentaux plus outillés. L’on prédit le pire pour l’Afrique.
Au Sénégal, «Un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force-Covid-19) est mis sur pied. Il a enregistré des ressources d’un montant de 773, 214 milliards FCfa provenant de l’appui des partenaires au développement pour un montant de 651, 006 milliards de FCfa, du financement interne de l’Etat pour un montant de 102, 25 milliards de FCfa et de l’élan de solidarité des Sénégalais pour 19,958 milliards de FCfa.»
Ainsi pour vérifier la gestion de ces fonds, la Cour des Comptes est entrée en jeu pour effectuer un audit des Fonds covid-19. Et c’est là que des indices graves et concordants «accablent» Abdoulaye Diouf Sarr, le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
A titre d’exemple, la Cour des Comptes dans son rapport définitif issu de la procédure écrite et contradictoire prévue par les dispositions de l’alinéa premier de l’article 64 de la loi organique n° 2012-23 du 27 décembre 2012 sur la Cour des comptes, il est souligné d’entrée que le Ministère de la Santé et de l’Action sociale n’a pas répondu aux observations et projets de recommandation contenus dans le chapitre portant sur le pilotage stratégique de la Pandémie.
La Cour constate que les délais de livraison de plusieurs marchés passés par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) et par le Ministère du Développement communautaire de l’Equité sociale et territoriale (MDCEST) n’ont pas été respectés.
S’agissant du MSAS, sur un échantillon de 48 marchés des retards de plus de 100 jours ont été relevés.
Autre constat : dans certains cas, les vérificateurs ont constaté un renchérissement des coûts d’acquisition du fait de l’absence de mise en concurrence et d’une contractualisation avec un nombre très limité de fournisseurs. Des copains et des coquins, quoi !
Une comparaison des prix de ces fournisseurs avec ceux de la PNA, pour les mêmes types d’équipements et la même quantité, fait ressortir un manque à gagner pour l’Etat estimé à 983 450 000 FCFA. Pas très loin du milliard donc.
Il s’y ajoute qu’au MSAS, à titre d’exemple, la dérogation au CMP (Code des marchés publics) de 2014 a entraîné une absence de mise en concurrence avec pour effet de faire bénéficier à des entreprises de parts de marché plus importantes, en concentrant des marchés sur un nombre restreint de fournisseurs.
Ainsi, les entreprises MEDINE SARL, NKG, SONABI et AL NABIYOU VOYAGES, appartenant à la même personne nommée Madame Ndèye Katy GADIAGA, ont fourni, en 2020, des matériels médicaux et des équipements de protection individuelle au MSAS pour un montant total de 15 578 132 877 FCFA correspondant à 17marchés. Bienheureuse Ndèye Katy Gadiaga dont on se demande bien ce qui la lie à Abdoulaye Diouf Sarr !
Passons sur des broutilles du genre «insuffisances dans le contrôle de l’exécution des opérations de dépenses» ou «absence d’un dispositif de contrôle spécifique des opérations financières au sein du MSAS». La liste des irrégularités est loin d’être exhaustive.
C’est ce même Diouf Sarr qui a perdu son poste de ministre de la Santé et de l’Action sociale, sa mairie de Yoff qui a été réhabilité hier par le Président de la République en héritant du poste de Directeur général du Fonsis (Fonds souverain d’investissements stratégiques).
Certes Abdoulaye Diouf Sarr n’est pas encore condamné. Mais de lourdes suspicions de prévarications financières pèsent sur lui. Il aurait été plus judicieux d’attendre la fin de la procédure en cours au parquet pour y voir plus clair. «Mouillé» par la chronique locale jusqu’au cou sur les fonds covid-19, Diouf Sarr fonce désormais sur les fonds du Fonsis. Une institution capable de lever des fonds à hauteur de 165 milliards de FCfa. Le dire ou l’écrire. Mieux vaut l’écrire Diouf Sarr qui revient aux affaires, c’est une très mauvaise nouvelle. MTG
Maderpost / Kinkelibaa.info