L’ancien chef d’État-Major Général des Armées (CEMGA) de 1988 à 1993, le Général Mamadou Mansour Seck est sorti de sa réserve pour mettre les acteurs politiques ainsi que ses compatriotes devant leurs responsabilités face à la situation politique nationale inquiétante qui plus est dans un contexte sous-régional gangréné par les jihadistes dont le rêve est de frapper au Sénégal et « imposer une interprétation violente du Coran, différente de celle que nos ancêtres ont pratiquée depuis le 9è siècle ».
POLITIQUE/SECURITE – C’est un militaire et non des moindres qui a pris la peine dans un tribune publiée par Sud quotidien d’alerter le régime, l’opposition ainsi que ses compatriotes à qui il rappelle le tempo de la démocratie, toujours en construction, la pollution des réseaux sociaux qui sont devenus un nid de crotales et les priorités du Sénégal.
« En effet en lisant les media, en écoutant les hommes politiques, on a l’impression que le Sénégal est en feu ou en voie de l’être. Nos parents de la diaspora expriment leur crainte pour le présent et l’avenir du pays. Or, pour moi, la démocratie comme les Grecs l’ont dit, c’est le pouvoir du peuple, quand la compétition des idées et des projets de société alimentent la politique, la violence étant exclue.
C’est le peuple seul, dans sa majorité, qui choisit les meilleurs projets de société et ceux qui les proposent pour les élire. La Constitution actuelle, loi fondamentale et les institutions ne sont pas l’œuvre du seul président de la République actuel. Celui-ci ne représente que le sommet de la pyramide dont la base est construite par les générations antérieures que nous devons respecter.
La Constitution américaine date de juillet 1776. A part quelques amendements, le fond et l’esprit sont restés les mêmes. La devise américaine « E pluribus unum » signifie l’unité dans la diversité. Mais la démocratie n’est jamais parfaite, c’est un combat de tous les jours. C’est comme l’asymptote en mathématiques dont on peut se rapprocher sans jamais l’atteindre. Les exemples des émeutes contre le Capitole à Washington et à Brasilia le prouvent. Churchill a dit que la démocratie est la gouvernance la moins mauvaise. Les Assises Nationales ont pourtant montré la voie à suivre.
Actuellement chez nous tout est politisé, y compris les faits divers de mœurs cryptopersonnelles. On a l’impression qu’il n’y a pas de responsable. Le contrôle et la sanction sont rares. C’est alors la porte ouverte à la corruption, à l’indiscipline et à l’incivisme. On a des droits mais on oublie les devoirs et que nul n’est au-dessus des lois. Dura lex sed lex : La loi est dure mais c’est la loi.
Or n’y a-t-il pas plus important pour la survie de notre pays ? Le terrorisme frappe à nos portes. Le Sénégal est le seul pays sahélien qui n’est pas encore attaqué directement par les terroristes. Mais les réseaux sociaux, qui lavent l’esprit de nos jeunes pour les dévier et les embrigader, se propagent à travers l’internet. Des réseaux dormants, difficiles à détecter, menacent notre société de l’intérieur. Les terroristes considèrent le Sénégal comme un défi. Leur ambition est d’arriver jusqu’à la mer, jusqu’au Golfe de Guinée. Les attaques contre le Bénin et la Côte d’Ivoire, pays côtiers, le prouvent amplement.
Au moment où nous devons nous préparer aussi à sauvegarder les 210.000 km2 de nos eaux territoriales pour exploiter notre pétrole et notre gaz off-shore, la sécurité et l’intérêt national doivent être nos priorités. Notre intégrité territoriale et notre cohésion nationale que le MFDC veut menacer depuis 40 ans doivent figurer dans les plans des hommes qui veulent diriger le pays. Le changement climatique est en train de ronger nos côtes par l’érosion.
En face de nous, Al-Qaida, Boko Haram et Daesh, veulent nous imposer une interprétation violente du Coran, différente de celle que nos ancêtres ont pratiquée depuis le 9è siècle. Gardons le Sénégal stable et démocratique pour les générations actuelles et futures et refusons de laisser les politiciens prendre en otage notre cher Sénégal.
Maderpost