Après le départ des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso, les derniers alliés de Paris en Afrique de l’Ouest doivent trouver un délicat équilibre entre leur volonté de coopération contre les jihadistes et la montée du sentiment anti-français dans l’opinion.
FRANCEAFRIQUE – Les militaires français ont été sommés récemment de partir par la junte au pouvoir au Burkina Faso, quelques mois après un départ dans des conditions similaires de la force française du Mali qui s’est tourné vers la Russie.
A Bamako comme à Ouagadougou, le sentiment hostile à la présence française a gagné du terrain, dans les rues, les réseaux sociaux et jusqu’aux palais présidentiels.
Mais toutes les capitales ouest-africaines n’ont pas encore cédé à ce rejet. Mercredi 25 janvier, sur le perron de l’Élysée, l’étreinte est chaleureuse : le président ivoirien Alassane Ouattara vient partager un déjeuner de travail avec Emmanuel Macron pour évoquer notamment la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
La relation entre les deux pays est au beau fixe, les deux chefs d’État se voient régulièrement et plusieurs ministres français se sont succédé à Abidjan ces derniers mois.
Si la liste de ses alliés s’est réduite, la France compte toujours des troupes en Côte d’Ivoire (900), au Niger (2.000) et au Sénégal (500), notamment.
En avril dernier, le parlement nigérien a voté un texte autorisant le déploiement de forces étrangères sur son territoire pour lutter contre les groupes jihadistes qui sévissent notamment dans sa partie ouest, près des frontières du Mali et du Burkina.
Niamey est une des options privilégiées pour accueillir les forces françaises chassées du Burkina. La France assure qu’il n’est pas question d’imposer sa présence en Afrique mais plutôt d’être une force d’appui pour aider les pays africains à lutter contre le terrorisme, à leur demande.
La réorientation de la politique française dans la région est accompagnée d’un profil bas pour un allié devenu parfois encombrant pour les gouvernements ouest-africains.
« Je ne suis pas un valet de la France », lançait en juin dernier le Président nigérien Mohamed Bazoum, soucieux de ménager son opinion publique et les organisations influentes de la société civile qui ont plusieurs fois appelé à manifester contre la France, en 2021 et 2022.
Le sentiment d’hostilité à l’égard de la France est devenu un sujet incontournable, notamment en politique intérieure.
Au Sénégal, le Président Macky Sall est régulièrement accusé par des militants, des articles de presse ou des publications sur les réseaux sociaux de prendre ses instructions à Paris.
Maderpost / Afrimag / Mohamed Ould Salem