La croissance de l’activité économique française a atteint 2,6% en 2022, marquée toutefois par un ralentissement au quatrième trimestre en raison d’un net recul de la consommation des ménages dans un contexte de forte inflation.
FRANCE – Bruno Le Maire a immédiatement salué les « capacités de résistance (…) exceptionnelles » des entreprises et salariés français.
Après la baisse du taux de chômage la semaine dernière, une croissance économique meilleure que prévu. La croissance de l’activité économique française a en effet atteint 2,6% en 2022 alors que l’Insee tablait sur un PIB en hausse de 2 5% et une contraction de 0,2% au quatrième trimestre.
En 2022, le PIB a surtout bénéficié du rebond d’activité enregistré sur la seconde partie de 2021 « en sortie de crise sanitaire », se révélant ensuite « nettement moins dynamique ».
L’activité économique n’a augmenté que de 0,1% sur les trois derniers mois de l’année après 0,2% au troisième trimestre, précise l’Insee.
L’acquis de croissance pour 2023, à savoir l’évolution du produit intérieur brut (PIB) si l’activité stagnait sur le reste de l’année, s’établit à 0,3%, conforme aux estimations de la Banque de France, qui tablait également sur une croissance de 2,6% du PIB en 2022.
Ces premières estimations sont cependant meilleures que celles des économistes interrogés par Reuters, qui anticipaient une stagnation sur le trimestre, ou de l’Insee lui-même, qui tablait dans sa note de conjoncture publiée en décembre sur une contraction de l’activité de 0,2% au quatrième trimestre et une croissance de 2,5% sur l’ensemble de l’année.
La production des biens et services sur la période d’octobre-décembre a elle décéléré, affectée par les grèves de l’automne dans les raffineries et, dans le commerce, par la moindre consommation des ménages.
Dans le secteur énergétique, elle est restée « basse » selon l’Insee, perturbée par les maintenances de réacteurs nucléaires.
A l’inverse, le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance du PIB, les importations ayant reculé plus fortement que les exportations. S’ils ont continué de progresser, les investissements ont perdu en dynamisme (0,8% après 2,3% au troisième trimestre).
Les achats de produits alimentaires ont reculé pour le septième mois consécutif
De plus, la consommation des ménages a reculé de 1,3% en décembre. La baisse de l’indicateur en décembre « s’explique par la diminution de la consommation en produits alimentaires et en biens fabriqués (-1,7 %) », indique l’Institut. Les achats de produits alimentaires ont même reculé pour le septième mois consécutif.
Et par rapport au mois de décembre 2021, les dépenses totales de consommation des ménages ont baissé de 5,6%, les dépenses alimentaires de 8,4% et les dépenses énergétiques de 8,1%.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a immédiatement salué les « capacités de résistance (…) exceptionnelles » des entreprises et salariés français. Ce chiffre « témoigne du fort rebond de notre économie après le choc du Covid et de sa résilience face à la crise énergétique » s’est réjoui le numéro deux du gouvernement.
Une « résistance de façade de l’économie française »
« C’est une résistance de façade de l’économie française » a commenté Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, interrogé par l’AFP. « La consommation se porte mal et des importations qui chutent autant, ce n’est pas très bon signe : cela veut dire que la demande intérieure est quand même très faible. »
Ayant bénéficié jusqu’ici de carnets de commandes bien remplis depuis la pandémie, « l’industrie manufacturière commence à sentir les effets du ralentissement mondial » avec une baisse des nouvelles commandes, poursuit l’économiste.
« Cela confirme » le scénario d’une économie « qui entre en récession modeste ou au mieux en stagnation au premier semestre 2023 », ajoute-t-il
La Banque de France s’attend à une baisse de régime avec 0,3% de croissance en 2023. Elle est plus pessimiste que le gouvernement (+1%) qui compte sur la croissance pour amorcer le redressement des finances publiques.
Maderpost / La Tribune