Piégée par la Yewwi Askan Wi (YAW) dans ce qui se ressort comme l’acte un des primaires de l’opposition en vue de la présidentielle 2024, la coalition Wallu essaie de rattraper le coup afin de ne pas se faire dépasser par YAW dans l’imaginaire populaire qui pourrait la considérer non seulement comme la tète de file de l’opposition mais encore comme la seule opposition faisant face au Président Macky Sall et la volonté qu’on lui prête de présenter sa candidature pour briguer un troisième mandat de suite certes, mais un deuxième de 5 ans consécutif.
POLITIQUE – La bataille de positionnement pour la présidentielle 2024 a été officiellement lancée par la coalition Yewwi Askan Wi à l’occasion du dépôt de la motion de censure contre le Premier ministre Amadou Ba et son gouvernement, jeudi dernier à l’assemblée nationale, sans que l’allié stratégique pour les dernières législatives, en l’occurrence Wallu principalement alimentée par le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Me Abdoulaye Wade, n’ait été avisé. Une démarche cavalière de YAW qui pose sur la table la question inévitable de ses réelles motivations.
Les déclarations de M. Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire Wallu à « Jury du dimanche » sur RFM justifient d’autant cette question qu’il la conforte. « On ne peut pas s’engager dans une motion de censure sans l’avoir discutée et conçue. Wallu est un groupe. Yewwi est aussi un groupe et nous sommes d’égale dignité. S’il y a des initiatives parlementaires à prendre qui nécessitent des actions communes, on doit en parler. Si on en parle, on le conçoit ensemble, on l’exécute ensemble (…) Je ne peux pas être saisi d’une motion de censure le matin et prendre une décision. J’ai un groupe et je dois en discuter avec. Je leur ai dit quand même de me donner le document pour savoir l’exposé des motifs, mais ils ne l’ont pas fait ».
Mais, comme YAY qui a profité de l’occasion de la motion de censure pour se voir compter, voire même de tester les autres acteurs de l’opposition, Wallu s’est servi de la même situation pour se démarquer. « Notre objectif, c’était de marquer notre position. Parce que la motion de censure ne nous concerne pas. Vous savez que la politique à ses règles. »
Reste à savoir si Wallu a par contre bien fait de ne pas suivre YAW dans cet exercice test. Il ressort de nos recherches que M. Karim Wade, « candidat du PDS » à la présidentielle 2024 « sera à Dakar avant la fin de l’année » et que des « négociations sont en cours quant à l’accueil qui devrait lui être réservé ». Son retour ne pouvant se faire « en catimini » pour le PDS. Le pouvoir souhaitant qu’il ne soit pas accueilli comme un « prince ». Les discussions suivent leur cours, chaque partie mesurant l’instant de communication qu’offrirait ce retour.
YAW serait-elle au courant de ces tractations entre le pouvoir et Wallu ? Serait-ce pour ces raisons qu’elle a instrumentalisé la motion de censure pour prévenir le deal et démasquer les parties contractantes devant les électeurs ?
La décision du dépôt de la motion de censure leur a été notifié, lundi, avant l’ouverture de la séance de la DPG. Mais Wallu pouvait-elle aussi ignorer qu’une initiative du genre viendrait immanquablement de YAW ?
Mamadou Lamine Thiam voudrait justifier par la suite que l’abstention des députés de Wallu n’est pas une contradiction avec YAW et encore moins un blanc-seing accordé au président Macky Sall et son gouvernement que le mal est fait et que la distance s’est tracée avec YAW quand bien il dirait que les libéraux n’ont pas adopté le budget 2023. Cette dernière remarque étant trop mince parce que n’ayant aucune incidence sur l’exécution du même budget compte tenu des dispositions légales offertes par la Constitution au président de la République de passer outre un vote majoritairement défavorable au gouvernement dans le cas du vote du budget 2023.
Mamadou Lamine Thiam expliquerait que l’abord d’une motion de censure nécessite des échanges avec des partenaires politiques qu’il aurait raison mais ne saurait par compte manquer d’apprécier et évaluer la démarche stratégique et politique posée par un partenaire. Et mieux, ils sont concernés par la motion à partir du moment où le discours de leur campagne électorale était axé sur la dénonciation de la gouvernance et le troisième mandat de Macky Sall. Le larron faisant l’occasion … à moins qu’ils ne soient en discussion avec le pouvoir. La principale information qui ressort de l’abstention de Wallu ne peut manquer de renvoyer á des discussions dont la matérialisation est une question de temps.
Mamadou Lamine Thiam a cependant raison de souligner que les candidatures à la présidentielle 2024 « seront plurielles » parce que les forces politiques « telles que présentées », y contribuent.
« Parce qu’on ne cédera pas notre candidature à d’autres forces politiques », dit-il non sans préciser que rien ne les empêche « d’être ensemble pour l’essentiel ». Mais où se situe l’essentiel dans ces 14 mois qui précèdent la présidentielle si ce n’est de commencer à travailler pour une collecte prépondérante de voix devant permettre à Karim Wade et aux autres candidats d’être présent au second tout de la présidentielle ?
Le constat est que YAW a lancé l’acte I des préliminaires de l’opposition, se positionnant en tête de file. Que Wallu conforte le vieux projet de Wade, visiblement maître du jeu, de maintenir les libéraux au pouvoir pendant 50 ans. Forte de ses 400 000 voix aux législatives, elle serait un allié de taille pour Macky Sall en 2024, principalement au second tour si tant est le président sortant y est obligé. Last but not least, ill pourrait proposer la primature à Karim Wade qui devra travailler et attendre patiemment que 2029 arrive pour fédérer la famille libérale autour de la véritable Alliance pour la République qui on l’oublie n’est pas un parti, mais un courant de partis.
Maderpost / Charles Faye