Après la mort de Abdou Faye du quartier Fouk dans le village de Kirène, tué par un berger, la riposte ne s’est fait attendre. Juste après le drame, qui s’est produit mardi vers 18h, un groupe d’individus s’est rendu dans le village de Thiambokh Peulh, qu’ils ont incendié mardi vers les coups de 19h. L’expédition punitive a été interrompue par l’intervention des gendarmes, mais la tension reste palpable dans la zone.
KIRENE – Pour venger la mort de leur frère, Abdou Faye, tué à coups de machette mardi, des habitants du quartier Fouk, situé à Kirène, ont réduit le village où sont ordinaires les auteurs du coup fatal, en cendre : ils ont brûlé toutes les cases, la mosquée et défoncer les portes des maisons. «Un groupe d’individus est arrivé dans le village et a mis le feu dans toutes les maisons. Ces gens ont battu Djiba Dia, un vieux de 60 ans. Il a été évacué à l’hôpital. Mon frère Souleymane Diaw a été lui aussi battu. Ils lui ont fracturé les bras et la tête. Les femmes du village ont pris la fuite en passant dans les champs pour se sauver», regrette Diouma Diaw. Prises de court, les femmes n’ont pas eu le temps de s’occuper des tâches ménagères. Elles sont toutes regroupées sous un arbre avec la peur au ventre. «Notre communauté est là assise, désespérée. Les femmes n’ont rien sauvé de leurs matériels. On n’a plus d’habits. Les deux boutiques ont été incendiées, il ne reste plus rien. Nous avons parlé à nos parents qui sont dans d’autres villages environnants. L’école du village a failli être brûlée, mais la gendarmerie s’est déplacée sur les lieux pour sécuriser la zone», souligne Issa Ka. Pris de panique, le village de Thiambokh Peulh s’est vidé de son monde de peur d’être pris pour cible. D’ailleurs, pour rétablir l’ordre dans ce village, la gendarmerie est venue sécuriser la population. Malgré la présence des pandores, des individus balançaient des pierres en direction de ce hameau. Des lacrymogènes ont été lancés pour faire reculer les assaillants.
Il a fallu que les gendarmes encerclent le village pour éviter toute infiltration de ces individus. Malgré l’intervention du sous-préfet, ils voulaient à tout prix réduire ce village en cendre. Après l’étape de Thiambokh Peulh, ils ont fait sortir tous les élèves du lycée et des 2 écoles élémentaires pour les amener à manifester leur amertume.
Abdou Faye inhumé hier à Kirène
Les habitants de Kirène ne sont pas disposés à oublier la mort de leur fils. Ils tiennent d’ailleurs à le venger. Le frère du défunt ne cache pas sa colère : «La façon dont mon frère a été tué est barbare, il a perdu beaucoup de sang. C’est très dur ; ce n’est pas la première fois. Il y a de cela un an, des bergers m’ont trouvé ici, à côté de l’autoroute à péage. Ils étaient au nombre de trois, ils m’ont blessé à coups de machette, jusqu’à présent, malgré ma plainte, et mon certificat médical, rien n’a été fait.» «Et cette année on a tué mon frère. Je demande à la gendarmerie de Diass et aussi de Popenguine de faire leur travail, sinon je suis prêt à aller en prison car je vais venger la mort de mon frère. Ils ont volé plus de 90 têtes dans ce village. Hier les gendarmes ont encadré les bœufs que nous avons récupérés et ils sont partis», ajoute le frère du défunt.
Babacar Bodian a vécu la même situation. «Mon oncle a été sabré l’année dernière, ainsi que mon frère et personne n’a rien dit. Le 13 novembre dernier, ils ont attaqué le gardien du forage, ils ont coupé ses trois doigts, je pense que c’est cette impunité qui est à l’origine de ce qui s’est passé hier (mardi). Ils ont enlevé la clôture hier (mardi) pour faire entrer leurs vaches dans les champs. Nous ne pouvons pas tuer comme eux, nous réclamons leur départ d’ici», réclame Babacar Bodian.
Aujourd’hui, la tension reste vive à Kirène où les habitants pleurent toujours la mort de leur fils. Sa maman, inconsolable, ne parvient toujours pas à expliquer ce qui s’est passé et réclame Justice. «Je l’ai aperçu de loin et je l’ai vu donner plusieurs coups de machette à mon fils. J’ai couru après lui pour lui demander de m’achever. Il était tout pour moi, il travaillait, mais lorsque son père est tombé malade, il a cessé de travailler pour s’occuper de lui. Aujourd’hui, c’est une grosse perte pour la famille», regrette Seynabou Diouf. Inconsolable!
Maderpost / Le Quotidien