C’est un gros caillou que vient d’envoyer ce dimanche 11 décembre dans le jardin du Président Macky Sall fêtant du reste son 61ème anniversaire le président du parti AWALI, le Dr Abdourahmane Diouf, en invitant dans une lettre publiée le même jour les députés de l’opposition à « oser » la motion de censure à l’occasion de la Déclaration de politique générale d’Amadou Ba pour faire comprendre au chef d’Etat qu’il n’a pas compris apparemment le sens du vote des électeurs qui ont coupé en deux parties quasiment égales l’Assemblée nationale, sanctionnant ainsi sa gouvernance.
POLITIQUE – La question est de savoir si les députés de l’opposition vont le suivre et obliger le Premier ministre Amadou Ba à présenter la démission de son gouvernement, moins de quatre mois après sa nomination et son installation fort peu ressentie d’ailleurs tant rien ne rappelle que le Sénégal dispose d’un chef de gouvernement.
Le Dr Diouf ne fait pas qu’envoyer un pavé dans la marre du Président Sall, il apostrophe aussi les députés se « réclamant de l’opposition » Dans sa lettre les invitant à « oser la motion de censure ». Cette invitation qui leur est faite lui est d’autant plus cohérente que le jeu politique « de notre pays est flou ».
« L’opposition n’est pas reconnue à sa juste valeur. Le Président de la République et son gouvernement persistent dans le mépris malgré des résultats électoraux qui devaient les confiner à plus de responsabilité, d’humilité et d’esprit républicain », dit-il aux députés se réclamant de l’opposition, Le Dr Diouf voudrait leur dire que l’occasion leur est donnée d’assumer le choix des électeurs qui ont sanctionné le Président Sall le 31 juillet dernier à l’occasion des législatives, qu’il ne procéderait pas autrement.
Saisissant la Déclaration de politique générale lundi 12 décembre du Premier ministre, le Dr Abdourahmane Diouf choisit bien le moment pour revenir sur le devant de la scène, mais aussi pour éprouver les 80 députés de l’opposition, les deux non alignés Pape Djibril Fall et Thierno Alassane Sall ainsi Mimi Touré qui a coupé les amarres avec la maison mère.
En effet, ces 83 députés voudraient-ils envoyer un message fort au Président Macky dont la candidature pour un troisième mandat en février 2024 est brandie par son camps, qu’ils ne feraient pas autrement que de démettre Amadou Ba et emmener le même Président Sall à reconsidérer ses ambitions et à se positionner enfin comme organisateur et arbitre en 2024 de la première élection présidentielle dans laquelle le président sortant, soit lui-même, ne sera pas candidat.
« Le Premier ministre Amadou Bâ a la possibilité de demander la confiance à l’Assemblée nationale après sa Déclaration de politique générale. Il sait qu’il y a de forts risques qu’il n’ait pas cette confiance dans le contexte de la majorité pendulaire à l’Assemblée. Il ne va pas le faire ».
Il est clair pour le Dr Diouf que « Ce serait une erreur pour l’opposition de penser que cette Déclaration de politique générale ne sert à rien. C’est un moment crucial de l’histoire politique du Sénégal. Un moment de clarification des équilibres politiques. Un moment de lancement du compte à rebours pour le départ du Président Macky Sall, dans 478 jours ».
L’initiative pouvant venir de 10% des députés, donc 17 députés, la perspective d’une motion de censure prend tout son sens pour le Dr Diouf dans la mesure où ce critère « est rempli par l’opposition parlementaire actuelle ».
« La majorité pour faire tomber le gouvernement doit être absolue. : Si donc 83 députés votent la motion de censure, le gouvernement est obligé de démissionner. Ce critère est, en principe, rempli par l’opposition parlementaire actuelle ;
Pour les délais, la motion de censure serait déposée après la déclaration et devrait être votée dans les 48h. Il est encore temps de remplir ce critère le jour de la Déclaration de politique générale.
Pour les modalités de votation, le scrutin sera public et ne votent que les députés qui soutiennent la motion de censure. Les 83 députés qui se réclament de l’opposition devraient pouvoir s’assumer sans aucune difficulté. »
Selon le Dr Diouf, « beaucoup de raisons économiques, politiques et de fonctionnement de nos institutions peuvent justifier le dépôt de cette motion de censure. Sans être exhaustifs, nous vous en proposons les cinq suivantes ».
« Le Président de la République, Macky Sall, nous impose une incertitude anxiogène sur sa participation à la prochaine élection présidentielle. Il nous impose son agenda privé au détriment de l’agenda républicain. La motion de censure est l’opportunité de démarrer le compte à rebours de l’alternance de 2024. En renversant son gouvernement sans qu’il ait la possibilité de dissoudre l’Assemblée, nous lui confirmons qu’il n’a pas les cartes en mains et l’obligerons à se déterminer dans les délais les meilleurs »
Car pour le Dr Diouf, le Président de la République « n’a pas fait une bonne lecture des résultats des dernières élections législatives » parce qu’il « n’a pas compris que son peuple lui a retiré une moitié de sa confiance. Il n’a pas compris qu’il doit travailler de façon consensuelle et concordante avec des élus du peuple qui représentent la moitié des sièges. Cette boulimie du pouvoir est un mépris à l’électorat. En renversant ce gouvernement, il sera mis devant le fait accompli de son pouvoir finissant »
Selon le Dr Diouf, le dépôt d’une motion de censure lors de la Déclaration de politique générale de ce Lundi 12 Décembre est pertinent parce qu’elle “permettra de clarifier le jeu politique en direction de 2024 et d’emmener le Président Macky Sall à se déterminer, à son corps défendant ».
Enfin, « Le peuple est à votre écoute ! » lance-t-il aux députés. L’écouteront-ils pour envoyer un signal fort à Macky Sall en vue de 2024 ?
Lundi, c’est demain.
Maderpost