L’Assemblée nationale, si on peut encore la désigner ainsi, à été couverte de honte et de discrédit à travers une gifle et un coup de pied sur la personne d’une femme, une femme député.
TRIBUNE – Cette balafre indélébile qui pourrait être fatale à cette inénarrable législature, a en effet été infligée à toute la nation sénégalaise dans une de ses valeurs les plus précieuses et les plus sacrées: l’immense respect dû aux femmes.
Cette violence spectaculaire, commise dans l’enceinte d’un parlement en session, télévisée à travers le monde, à l’ère de la lutte contre les violences faites aux femmes (violences verbales, physiques, psychologiques), a meurtri toute une nation, autrefois modèle de tolérance et même d’harmonie malgré les différences et les divergences.
Le vivre ensemble de notre patrie en a assurément pris un sacré coup, c’est en effet tout le Sénégal qui a été giflé et qui a reçu un coup de pied au bas-ventre!
À force de banaliser les violences verbales, d’admirer les insulteurs du Net et de l’espace politique comme des stars, de s’accommoder de la nouvelle forme dégradante de faire de la politique dans l’espace public fondée sur les agressions verbales et physiques, les menaces assumées, la violation éhontée de la vie privée des citoyens, nous avons ouvert un large boulevard aux dérives, aux incertitudes et aux aventurismes.
De telles dérives augurent-elles de la fin de la stabilité légendaire de notre pays, terre de dialogue, de finesse, et de civilités dans la résolution des divergences entre compatriotes ?
Le temps où le Sénégal était admiré, respecté, célébré comme “un bijou de famille” et un patrimoine commun à tous les Africains, est-il révolu ?
C’est à craindre que nos compatriotes eux-mêmes ne se reconnaissent plus dans ce nouveau Sénégal.
D’où la question légitime: « Où va le Sénégal ? »
En attendant de mieux comprendre ce qui nous arrive, renouvelons notre
Solidarité et compassion pour l’honorable député Amy Ndiaye et pour toutes les femmes sénégalaises, africaines et à travers le monde victimes d’agressions et de violences multiformes !
Ouvrons un débat national sur toutes les formes de violences faites aux femmes afin d’interpeller tous les auteurs de ces blessures physiques ou psychologiques infligées aux femmes et qui les marquent à vie !
Ce sera peut-être un pas significatif dans la résolution d’une crise sociétale sénégalaise parmi les plus graves de notre époque!
Vive le combat des femmes pour le respect, la dignité et le progrès. Honneur aux hommes qui épousent ce combat et s’y impliquent !
Pour les « autres », souhaitons-leur une urgente prise de conscience, un mea-culpa sincère et une rupture complète avec le déshonneur de commettre des actes violents sur une femme, sur toutes les femmes !
Dr. Cheikh Tidiane GADIO, Député, Ancien Ministre des Affaires étrangères