« Ogm, la loi sur la biosécurité au Sénégal : doit-on s’inquiéter », est le thème du 27e mardi du Bureau d’analyse-macro-économique de l’Isra-Bame, conférence coorganisée avec l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar). Cependant, le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) a fini de rejeter la loi « qualifiée de non inclusive ».
CNCR – L’objectif est de poser le débat avec des regards de scientifiques, de juristes, et de membres de la société civile pour favoriser un dialogue visant à éclairer l’opinion publique au lendemain du vote à l’Assemblée nationale et de la promulgation par le chef de l’État, Macky Sall, de la nouvelle loi n°08/2022, adoptée le 3 juin dernier, révisant celle de 2009, et portant sur la biosécurité, renseigne Emedia.
Laquelle loi doit assurer « la protection adéquate pour la mise au point, l’utilisation, l’importation, l’exportation, le transit, la dissémination volontaire dans l’environnement et la mise sur le marché d’Ogm ou de produits dérivés d’organismes génétiquement modifiés (Ogm), résultant de la biotechnologie moderne qui peuvent avoir des effets défavorables sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique, ainsi que sur la santé humaine et animale », préconisent les panélistes.
Le CNCR rejette la loi
Parmi les recommandations d’après Emedia, il a été ainsi retenu de repenser la loi en question pour lever les malentendus surtout au moment où le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) a fini de rejeter la loi qualifiée de non inclusive. « Cette réforme n’a pas été inclusive », se démarque en effet son représentant El Hadj Thierno Cissé. L’ouvrier agricole de poursuivre : « On a été dans le comité national de biosécurité. On a participé au processus de formulation de la loi en 2009 et toutes les concertations qui ont suivies pour l’application de cette loi. Mais on a été surpris par cette nouvelle réforme. Nous l’avons entendue à travers les médias que l’Assemblée nationale a voté cette nouvelle loi. Le Cncr dénonce ce fait. » Les agriculteurs, en tant que destinataires, considèrent « qu’il faudrait nécessaire qu’il y ait une discussion beaucoup plus inclusive dans ce processus-là. Il ne s’agit pas de dire que les Ogm sont bons ou mauvais ? Pour nous, une bonne loi, c’est une loi qui s’applique sur des engagements sociaux. Cela consiste à discuter avec les acteurs pour dissiper les inquiétudes pour qu’on arrive à une application paisible de cette loi, au Sénégal. »
Cissé, évoquant « une autre préoccupation » du Cncr, a expliqué qu’« aujourd’hui, au Sénégal, on parle de souveraineté alimentaire. Nous savons que pour le moment, on ne produit pas d’Ogm. Dire qu’on doit s’appuyer sur ces Ogm pour alimenter notre population ? Cela veut dire que c’est accentuer notre dépendance. Nous devrons toujours acquérir ces intrants auprès de multinationales au niveau international pour pouvoir sauver nos champs. Nous devrons (aussi) acquérir toute la technologie qui va avec. Il y a l’inquiétude qui est là. »
Développer des semences locales et autonomiser les paysans
Pour le maire de Ndiob, (situé dans le département de Fatick), Oumar BA, au moment « où il n’y a pas de certitude pour dire que les Ogm ne sont pas sans risque, cela doit induire une démarche de prudence. » Il est ainsi préférable, a-t-il défendu, « de mettre les moyens publics à la disposition des scientifiques pour nous trouver des semences locales et adaptées à notre environnement et que les paysans peuvent reproduire. Cela ne veut pas dire qu’on est pour ou contre mais aujourd’hui c’est là où on doit mettre les moyens ».
Maderpost