Après le sanglant litige foncier de Sangalkam suivi, en 2020, du feuilleton à suspense autour du braquage des terres de Ndingler, c’est une autre grosse affaire de conflit domanial qui mine les localités de Mbane (Richard Toll) ainsi que Palmarin et Fimela (Fatick). Si pour la première contrée, 1700 hectares sont en jeu entre une société privée et les populations locales, d’après Emedia, dans le Sine, un bras de fer autour 5 000 hectares traduit l’imminence d’un autre danger.
FONCIER – En conférence de presse samedi dernier, c’est aux allures d’un cri de détresse que le Collectif contre l’accaparement des terres de Mbane a interpellé l’opinion publique nationale. Sur sa ligne de mire, le maire de la localité. Celui-ci, dénonce le collectif, « fait des pieds et des mains pour arracher nos 1700 hectares de terres afin d’offrir le pactole foncier à Rabih Fakih, un libano-sénégalais de connivence avec la compagnie Senegindia au détriment des familles de cultivateurs, pasteurs et pêcheurs ».
Le ton est ainsi donné. Armée d’une panoplie de textes de lois, les leaders de ces autochtones exigent la rétrocession des terres déjà aux mains d’une société privée étrangère, « le maire de Mbane n’a pas les prérogatives d’octroyer 1700 hectares de terres exploitées depuis des centaines d’années jusqu’à présent à une seule personne, au détriment des populations locales ».
Aux origines du litige
Selon la source à l’origine de ce branle-bas, une attribution de 1500 hectares datant de 1980 en faveur du libano-sénégalais, Abdoul Hafiz Fakih. Plus tard, en 2002, l’homme d’affaires, décidé à multiplier sa production, introduit auprès de la municipalité une seconde demande d’affectation de terres d’une superficie de 200 hectares. Les 1700 hectares acquis, Hafiz Fakih, après avoir érigé un canal de 1,5 km sur le site, se lance dans l’exploitation et l’exportation de maïs et d’oignons.
Entretemps, l’homme d’affaires rappelé à Dieu, son fils Rabih Fakih hérite des champs, déjà convoités en sourdine par les populations locales. Ce, jusqu’en 2009, lorsque dans des conditions floues aux yeux des autochtones, le domaine se retrouve selon emedia cédé à l’entreprise indienne, Senegindia, spécialisée dans l’immobilier et l’agro-business.
Estimant avoir fait l’objet d’une expropriation foncière, les habitants de Mbane, en ordre de bataille, lance les prémices du combat autour des 1700 hectares. Les premiers jaillissent en 2010 avant de s’étioler au terme de brèves tractations entreprises par les autorités d’alors. Classée depuis lors, à Mbane, dans les tiroirs de l’oubli, cette bombe à retardement vient de refaire surface dans un contexte social plus que tendu.
Palmarin et Fimela crient à la spoliation
Pendant qu’un litige foncier d’une grande ampleur secoue présentement la commune de Mbane, dans l’ouest du pays, les localités de Palmarin et de Fimela, plus précisément, sont aussi en proie à un conflit de même nature. En cause, des champs de sel d’une superficie de 5 000 hectares mystérieusement cédés à l’entreprise indienne, Sen Agrocel.
Des frictions autour de son projet d’exploitation de sel, l’entreprise indienne, qui se serait camouflée derrière des nationaux, s’est heurtée au refus des habitants des deux communes. Malgré une promesse d’investissement de 23 milliards devant générer 300 emplois directs dans la zone. Une offre que les populations ont tout bonnement rejetée.
« Le sel que nos braves mamans exploitent, et qui génèrent plus de 800 emplois, au lieu de le moderniser et augmenter sa rentabilité, équiper ses femmes et faire des partenariats avec des firmes de telle sorte que ses exploitants leur fournissent le sel nécessaire ; ce promoteur veut s’accaparer de nos 5 mille hectares », a contesté Sébastien Sarr, président de la commission Environnement et exploitation des ressources naturelles de la commune de Palmarin. D’après lui, le sous-préfet, les chefs de village et les mairies concernées (Palmarin et Fimela) ont récemment convoqué une consultation dans le cadre du projet soumis par Agrocel. « Pendant qu’on parle de rencontre avec les villageois, Sen Agrocel vient implanter des drapeaux de limitation du projet. On n’a pas encore discuté du projet et voilà qu’ils commencent à donner nos terres », a signalé le conseiller municipal, repris par Emedia.
Maderpost