Après la disparition de Soro Diop décédé dans la nuit du vendredi à samedi dans un accident, les hommages fusent de partout. Cette fois-ci c’est Abdou Latif Coulibaly qui a pris la plume pour rendre un hommage à « esprit brillant », un fécond « intellectuelle digne des producteurs de pensées de notre temps, un journaliste compétent, cultivé et rigoureux ».
HOMMAGE – Soro, la dernière fois que nous nous sommes vus, c’était, je crois, il y a six mois. Je ne ne savais pas, hélas, que c’était la dernière fois que nous nous serrions la main. Ce fut un réel plaisir de te retrouver et de prendre le temps de deviser. Nous parlions de l’une de tes passions le journalisme. Un métier, le tien, qui l’a été pendant de nombreuses années.
Un sujet passionnant pour toi. Certes ! Surtout une question qui t’inquiétait et te préoccupait. Nous parlions de la presse vue à la lumière du temps, ou plutôt observée sous les ténèbres projetées sur elle par de pseudo professionnels qui ont réussi, contre tout bon sens, à l’inféoder avant de l’apprivoiser sous leurs fourches caudines.
En écoutant ce jour tes propos lucides et justes sur le sujet, je sentais l’agacement d’un homme à l’intérieur de qui bouillait une colère difficilement contenue. C’est si à peine un désespoir ne t’habitait.
Comme cela fut toujours le cas, mon écoute attentive à ton discours fut un réel moment de jouissance du fait de la pertinence de la réflexion naturellement irriguée par la subtilité et l’élégance de la pensée philosophique.
Cette pensée à la source de laquelle s’est bâtie ta personnalité, au double plan spirituel et intellectuel. Cette même pensée a toujours éclairé ta pratique du journalisme. Celle-ci a charmé tant de Sénégalais.
Cette pratique aura surtout séduit tous les professionnels qui portent en bandoulière la rigueur, l’honnêteté et la bonne foi. Ces qualités qui font d’une femme ou d’un homme un bon ou une bonne journaliste, c’est-à-dire ce professionnel qui colle inévitablement sa pratique du métier aux prescriptions des règles de la déontologie et de l’éthique.
Mon cher Soro, je te parlerai aujourd’hui d’un penseur que tu connais mieux que moi. J’ai nommé le Philosophe romain, Sénèque. N’est-ce pas lui qui laissait entendre que : « La mort est quelquefois un châtiment ; souvent c’est un don ; pour plus d’un, c’est une grâce ».
Pour les hommes bons comme toi, je concéderai volontiers que la mort est grâce. Soro, elle l’est sans nul doute pour l’homme bien que tu fus. Dieu répand sa grâce sur les justes et les humbles. Deux vertus qui étaient enfouies au plus profond de ton être.
Paix à ton âme, Soro. Avec ton esprit brillant, ta fécondité intellectuelle digne des producteurs de pensées de notre temps, tu as été un journaliste compétent, cultivé et rigoureux. Tu as ainsi pu assumer avec bonheur l’autre métier que tu as librement choisi d’exercer. Tu l’as choisi, mais tu l’auras surtout aimé.
Maderpost / Abdou Latif Coulibaly