Le Président Macky Sall serait-il en partance pour un poste de Secrétaire général des Nations-Unies après 2024 ? A l’écoute des bruits de couloirs, de la récente visite de l’ancien président français Nicolas Sarkozy, de l’appel téléphonique d’Emmanuel Macron á la veille de la proclamation des résultats provisoires des élections législatives, de l’éditorial du vendredi 5 aout du quotidien Le Monde intitulé « Le Sénégal, une vitrine démocratique en danger » et de la percée d’Umballo, Maderpost n’est pas loin de croire que la France a lâché Macky Sall au profit de ses intérêts non sans lui montrer, probablement, une voie, celle onusienne.
POLITIQUE – L’édito du journal Le Monde dont les morceaux choisis renvoyant aux dernières élections indiquent que « si les législatives avaient valeur de referendum sur une éventuelle à un troisième mandat présidentiel en 2024, le message est là : plus de la moitié des votant se sont portés sur l’opposition. », permet au moins un constat. Les médias français qui se gardent d’exprimer un courant contraire à la France/Afrique battant le plein de ses intérêts au détriment des pays et peuples africains, sont toujours le bras de communication de la puissance de l’ancienne colonie dont les approches néocolonialistes reposent sur sa puissance d’information et de communication.
Enfin, Le Monde parle enfin d’un « deuxième pôle » représenté « par une figure moins iconoclaste (ndlr : pour ne pas dire pas à son goût) qu’elle n’y paraît dans cette vie politique sénégalaise où se mélangent depuis des décennies personnalités formées à l’extrême gauche et d’autres, proches des confréries religieuses. ». Allons savoir pourquoi ?
Sonko fait “frémir” la France
« Pourfendeur de la corruption du pouvoir en place, promoteur des valeurs conservatrices, bien qu’il soit accusé de ‘viols et menaces de mort’ dans un salon de massage, Ousmane Sonko est le reflet d’un certain populisme dans l’air du temps », poursuit Le Monde, constant qu’il a « aussi émergé parce que Macky Sall a neutralisé ses autres rivaux ». Autrement dit, l’édito du journal Le Monde qui ressemble plus à un bulletin de renseignements, fait savoir que Macky Sall n’est plus en odeur de sainteté auprès des électeurs en particulier – dont plus de la moitié s’est abstenue de voter – et donc des populations sénégalaises qui lui ont tourné le dos.
Face à une telle situation, la France dont les intérêts sont plus que stratégiques, dans cette pointe la plus avancée dans l’Océan Atlantique, ne peut que se réajuster et se mettre au diapason d’une volonté populaire sénégalaise résolument accrochée aux valeurs démocratiques. Opposée au troisième mandat dormant du président, entourée par une ceinture de feu djihadiste. Après avoir été chassée du Mali, a peine tolérée au Niger et circonspecte face à la fragilité ivoirienne, la France, qui perd son hégémonie en Afrique de l’Ouest, à la faveur d’une Russie tentaculaire et déterminée á se faire aussi son beurre sur le continent, reconsidère sa position par rapport au Président Macky Sall que Le Monde dit être un « partenaire privilégié » de la France, avec un pays estampillé du cachet de nouveau statut de pays gazier et pétrolier, à un an de la production de ses premiers barils d’hydrocarbures faut-il dire.
Le Monde ne manque pas de dire qu’à Paris, « l’éventualité Sonko fait frémir ». Mieux, il soutient que la « Russie a tout intérêt à faire les yeux doux à un jeune tribun ‘anticolonialiste’ ». Cette dernière remarque très intéressante du quotidien français porte cependant une dangerosité sur laquelle devrait réfléchir l’état-major du président de Pastef/Les patriotes. Autant l’idée de se rapprocher de Poutine peut prospérer et faire tirer des profits de plusieurs ordres, autant elle fragilise Sonko sur le plan international pour ne pas dire dans le camp de l’Occident qui verrait d’un très mauvais œil le Sénégal basculer dans le camp russe, déjà qu’il est fortement soutenu par la Chine qui marche assurément vers la plus haute station des puissances économiques mondiales. Sonko serait-il alors en danger ?
Nous disions, récemment, qu’il est heureux qu’il ne voyage pas. Il serait bon qu’il communique suer sa santé. Il fait « frémir » Paris. C’est Le Monde qui le dit.
Macky Sall lâché par Paris
Cela dit « l’intérêt de l’Élysée est aujourd’hui de convaincre M. Sall de sortir par le haut en 2024 et d’ouvrir le jeu politique… ». Enfin c’est dit. Paris lâche Macky Sall et lui désigne clairement la porte de sortie. Ciao, pardon, Adieu ! Et c’est dans cette perspective que nous situons l’arrivée à Dakar de Nicolas Sarkozy. Nous n’avons pas connaissance de la réponse de Macky Sall, mais selon certaines indiscrétions, il ne serait pas contre l’idee de prendre le poste de SG de l’ONU. Lors d’un entretien en off avec un ancien ministre d’Etat, la même destination onusienne pour Macky Sall avait été évoquée et théorisée.
L’appel de Macron avant la proclamation des résultats provisoires des élections législatives peut aller dans le même sens et donc faire entendre au Président Sall de ne pas aller à contre-courant de la volonté populaire, comme semblait l’indiquer le mensonge de minuit dans la nuit des législatives. L’ancien Premier ministre Aminata Touré, tête de liste de la liste nationale de Benno BokkYakaar avait soutenu dans une conférence de presse que sa coalition avait remporté les législatives grâce à ses victoires dans 30 départements sur les 46 que compte le Sénégal. Peu avant, en guise de préparation de la population á ce que l’opposition avait vite fait de qualifier d’hold-up, des cadres du parti avaient investi les directs des chaines de télévision pour récuser la victoire de l’inter-coalition Yewwi/Wallu.
Le directeur général de RTS était allé plus loin, menaçant en direct les journalistes de la chaine nationale. Pour en revenir à Macron, on peut dire, sans risque de se tromper, qu’il est hors de question pour la France de voir ses intérêts et les investissements de ses ressortissants – dans le cadre de la distribution, des hydrocarbures, etc -, souffrir des mêmes émeutes survenues en mars 2021.
Montee en puissance d’Umballo
Nous ne pouvons, pour autant nous en arrêter là. L’analyse de la montée en puissance du président Bissau-guineen Umballo dans la sous-région n’est pas sans laisser croire à un leadership soutenu. Par qui ? L’interrogation vaut la peine. Sa rencontre avec Ousmane Sonko nous laisse croire que la question du troisième mandat a été évoquée. La signature d’un accord de paix sous ses auspices, entre le Sénégal et le comité provisoire des ailes du MFDC, sa rencontre avec le président ivoirien, Ouattara, après la crise entre les deux hommes, portent les marques du renforcement d’un nouveau leader oeuvrant pour le règlement de questions géopolitiques. Umballo, certes président de le CEDEAO, émerge au moment où Macky Sall est en situation de faiblesse dans son pays.
Menace à peine voilée
Enfin, pour conforter l’idée d’un Paris qui abandonne Macky Sall au profit de ses intérêts, nous notons le conseil à lui fait par Le Monde « d’ouvrir le jeu politique à des talents dont le Senegal ne peut manquer ». Qu’est-ce à dire si ce n’est faire comprendre qu’il est hors de question que Sonko, « l’anticolonialiste » à des lieux d’être pro-français, devienne le 5e président de la République du Senegal. L’allusion est sans équivoque. Dans le cas où Macky Sall n’aurait pas réussi la mission d’assurer sa succession par un « talent », la France ne laissera ses intérêts visés. « Dans le cas contraire, des protestations, où les intérêts français seront inévitablement visés, ne manqueront pas d’accompagner le maintien du sortant ».
Cela veut dire quoi ? Un bulletin de renseignement ne dira pas mieux. Et oui, la France frémit rien qu’á l’idée d’une « arrivée au pouvoir d’Ousmane Sonko » qui serait le « signe d’un certain rejet populaire, préfigurant une rupture avec un pays central dans la relation de la France à l’Afrique ». Sous un autre angle, on peut aussi en comprendre qu’est demandé à Sonko de se montrer plus magnanime vis-à-vis de la France, mieux de lui faire allégeance s’il veut aller à l’avenue Roume. Sinon gare à lui, et d’un autre côté de montrer à Macky Sall la route de New York ou siège le secrétaire général des Nations-Unies.
Charles FAYE ]]>