On ne va pas à l’Assemblée nationale pour être un député. On y va, pour avoir une majorité et gouverner. Dans le cas des législatives du 31 juillet prochain, il s’agit pour la coalition majoritaire Bennoo Bokk Yakaar, d’assurer le statu quo, en faisant mieux cette fois que 2017 et dérouler les projets et programmes du Macky. Pour l’opposition, le mot d’ordre est de lui barrer la route, en lui imposant la cohabitation, qui l’amènerait à préparer plus vite ses bagages et tenter une nouvelle carrière que nous lui souhaitons aux Nations-Unis, à la plus haute station. Notre fierté sénégalaise n’en serait que plus flattée. A moins qu’il ne veuille tenter le diable. Mais ne tirons pas sur les comètes.
La réflexion est aux bombes du parrainage et à leurs ondes de chocs, vécus comme des dommages collatéraux. La question est de savoir, s’il faut se focaliser sur le poste de député, ou sur la gestion du pays, à partir du contrôle du parlement, grâce à une majorité arrachée de haute lutte à Macky. Une victoire qui permettrait à l’opposition non seulement de contrôler efficacement le gouvernement, mais en plus, d’en faire partie, avec cerise sur le gâteau, d’avoir des portefeuilles de souveraineté. Sinon à quoi bon !
Le constat amer est qu’il s’agit plus d’ambition personnelle que de projet d’alternance de la gouvernance proposée jusqu’ici par le Macky. Ce que nous avons entendu, pour l’essentiel, est, hélas, centré sur l’ego. Une ascension sociale par la politique qu’on nous demande de payer rubis sur ongle. Au lieu de nous faire rêver d’une nouvelle majorité qui changerait le cours de l’histoire politique et nous plongerait dans un nouvel élan économique et social porteur, on nous sert des gémissements et courroux de surmoi obnubilés par une représentation parlementaire personnelle n’ayant rien à voir avec l’essence des législatives.
Ces parrainages pour le moins discutables ont montré les limites de l’opposition, celles de la société civile vis-à-vis d’un premier rideau de vote imposé par l’Etat et, enfin, celles du gouvernement du Macky, qui a étalé son manque de culture digitale. Il aurait suffi d’envoyer le même fichier informatique, avec tous les motifs de rejets, à toute l’opposition, pour que ces histoires de doublons et autres erreurs soient derrière nous. Grace à ses informaticiens, parmi les plus pointus du pays, l’Etat du Sénégal aurait économisé du temps et épargné son administration, que l’on accuse de tous les maux parce que pensant souvent qu’elle sert les politiques. Il n’y a rien de plus faux. Il suffit de compter les intersyndicales et mouvements de grèves dans le public pour s’en convaincre.
Charles FAYE