Sans langue de bois, le coordinateur national du mouvement Y’en A Marre s’est exprimé sur toutes les questions d’actualité. Dans un entretien avec Dakaractu. Aliou Sané, successeur de Fadel Barro à la tête de ce mouvement citoyen, rappelle les acquis de Y’en a marre durant cette décennie qui a suivi sa naissance. Il s’exprimera également sur « cet épisode » qui a frappé certains de ses membres mais également, sur la situation politique du pays. Entretien… ENTRETIEN – Que peut-on retenir comme acquis, depuis l’existence de votre mouvement ? D’habitude, on demande un bilan à des gens qu’on a élus ou à ceux à qui on a confié quelque chose. Nous, Y’en a marre, sommes des citoyens qui avons décidé de nous lever et de faire des actions citoyennes. Cependant, il faut savoir que la marque de fabrique de notre mouvement est que la prise de parole dans l’espace public qui était jusque-là l’apanage d’une certaine élite politique ou autre, est aujourd’hui utilisé par tout citoyen à qui on l’avait privé. Si vous voulez parler de bilan comme vous dites, je pense que celui de Y’en a marre est immatériel. C’est un état d’esprit qui a créé et suscité un nouveau possible et qui a amené beaucoup de citoyens qui étaient en marge de la gestion des affaires de la cité, qui voyaient des choses de loin, de se rapprocher, de s’exprimer et d’être impliqués dans le processus démocratique. Aussi, quand vous voyez les autres mouvements qui sont nés derrière notre mouvement, en termes d’association, de bouillonnement de ces jeunes engagés, nous pouvons dire que Y’en a marre a bien contribué à faire « émerger ce possible là au Sénégal ». Même en Afrique, que ce soit dans la sous-région ou ailleurs, y’a beaucoup de mouvements citoyens qui sont nés et qui ont cette même démarche que le mouvement Y’en a marre. Nous faisons partie par exemple de ce vaste mouvement africain dénommé Afriki qui englobe plusieurs personnes engagées. Nous sommes l’un des principaux fondateurs de ce grand réseau, donc c’est une fierté de faire partie de ce vaste réseau qui traverse toute l’Afrique et même la diaspora. Au-delà de cet aspect immatériel, ici au Sénégal, Y’en a Marre a bien participé aux actions civique des citoyens. Nous l’avons vu avec notre concept NTS (Nouveau Type de Sénégalais). Nous avons été dans plusieurs manifestations, des acteurs qui se sont donné pour matérialiser ce comportement citoyen qui est un départ pour un changement d’attitude et de mentalité. C’était vraiment des actes que nous avions posés pour inviter les générations à l’investissement humain. Aujourd’hui, on voit les fruits parce que nous savons bien que les comportements citoyens sont en train d’être menés. Y’en a marre fait son travail sans tambour ni trompette, de manière citoyenne et responsable. L’idéologie du mouvement est alors bien épousée ? Absolument. Elle l’est très bien même. Je suis sûr que dans les décennies à venir, ce nouveau type de président dont nous rêvons et d’homme politique, va venir. Aujourd’hui on peut dire que les rapports sont en passe de changer parce que les consciences ont comme à être éveillées et il faut bien savoir que nos rapports avec l’occident doivent rester sur le respect mutuel mais au-delà de cela, nous devons avoir une relation gagnant-gagnant. Et il est bien heureux de voir que nous, mouvements qui se battent sur toutes ces questions, se rendent compte de cette jeunesse consciente de ces différents enjeux politiques et économiques qui nous interpellent. Le mouvement Y’en a Marre tient-il toujours debout ? Comme vous faites allusion à l’affaire Kilifeu, je pense qu’il est bien de signaler que le mouvement dépasse nos personnes. Le mouvement est un appareil des sénégalais. Dans cette affaire, les sénégalais ont bien compris que cela n’a engagé aucunement le mouvement. Mais aussi, les développements ont permis de clarifier les choses. Mais, laissez-moi vous dire que même dans cette affaire-là, le mouvement a toujours tenu debout et joue son rôle qu’il a toujours joué. Sur toutes les questions qui concernent la vie de notre nation nous sommes là. Nous avons salué, dans cette affaire, le comportement des sénégalais qui ont eu à faire la part des choses. Vous avez récemment mené une campagne de sensibilisation en vue des législatives. Quel était le message que vous avez émis ? À notre grande surprise, dans cette campagne de sensibilisation, nous avons découvert que les sénégalais ne savent même pas que nous étions dans une période d’inscription sur les listes électorales. Ce qui est dommage. Il y’a eu tellement de citoyens qui nous ont signalé l’indisponibilité de commissions dans leurs localités. La réalité est que le gouvernement n’a pas fait le travail de sensibilisation qu’il fallait. Mais nous, en tant que mouvement, nous avons décidé de ne pas attendre en faisant notre acte citoyen. Et cela va continuer car, nous lançons toujours le message aux sénégalais d’aller massivement récupérer leurs cartes pour pouvoir voter pour les prochaines élections. Pensez-vous que ces élections seront déterminantes pour le régime de Macky Sall ? D’abord, il faut préciser que cette question du troisième mandat tant soulevée, est derrière nous. Dans la tête des sénégalais, cela est réglé car c’est un mandat du peuple sénégalais, pas celui de Macky Sall. Il est clair que cette question est réglée, maintenant, c’est à lui de voir de la belle manière qu’il puisse partir ou cela peut être une autre option donnée aux sénégalais qui seront obligés d’aller le déloger du palais. Macky Sall doit savoir que la meilleure manière de s’approcher de son peuple, c’est de rester adossé à ses préoccupations sur des questions de démocratie et des libertés. Il faut qu’il sache que son peuple ne veut plus de valet ou de sous-préfet de la France et d’autres chefs d’État regroupés autour de la Cedeao pour décider du sort d’un peuple souverain. Cette jeunesse, ce qu’elle veut, c’est du travail et de la respiration démocratique. Quelles enseignements sur les 10 ans du président Macky Sall ? Macky Sall a été porté au pouvoir par un esprit qui a amené les sénégalais à plus l’attendre sur certaines questions urgentes, notamment, celle de la réhabilitation de l’homme politique face au Sénégalais. Abdoulaye Wade a été emporté en quelque sorte par ce Wax Waxeet. Macky Sall était bien attendu sur plusieurs questions comme la gouvernance, l’assainissement des finances publiques, les détournements etc… Mais dix ans après, quand vous voyez le président Macky Sall dans le pays, avec toute cette classe politique qui a transité autour de lui, ce n’est qu’une déception que nous pouvons noter. En effet, l’espoir qui animait tant de sénégalais, s’est bien effondré. Macky Sall est en train de faire pire. Le régime de Macky Sall c’est fini! Il faut juste qu’il crée les conditions de la continuité de la république. Sur le ponctuel, il y’a des combats devant lesquels nous continuerons à être présents… Maderpost / Dakaractu]]>
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