22, c’est le nombre d’années que Viviane Chedid a fait sur la scène musicale. Au sommet de son art, la diva, qui prépare l’anniversaire musical de groupe Djolof band, revient sur sa carrière, sa rencontre avec Youssou Ndour, sa première émission, son premier tube. Viviane à cœur ouvert.
MUSIQUE – Vous avez débuté votre carrière dans des orchestres de variétés avant de rejoindre le « Super Etoile » et, quelques années plus tard, de mettre en place le Djolof Band. Pouvez-vous revenir sur cette page historique ?
Effectivement, j’ai démarré par la Variété à Mbour dans les hôtels. Je reprenais des titres fétiches comme Elton John, Whitney Houston, Mariah Carey, Tracy Chapman, les divas sénégalaises comme Khar Mbaye Madiaga, Kiné Lam, etc.
Vous étiez à l’époque jeune mais très adulée. Qu’est-ce qui l’expliquait ?
J’étais si jeune mais, lorsque je reprenais les chansons, je me mettais dans la peau de l’artiste. C’est bien de reprendre les chansons d’autrui, mais il faut les rendre meilleures. C’est ça qui faisait la différence
Comment avez-vous rencontré Youssou Ndour ?
Dans notre quartier, il y avait un frère qui s’appelait Alphonse Ndour. Il était guitariste et m’avait aidée à faire un titre. Nous l’avions, à l’époque, déposé auprès de Michael Soumah. Celui-ci m’avait, par la suite, invité à son émission. C’était ma première et j’étais stressée. Je n’arrivais pas à répondre à ses questions. En bon professionnel, il avait interrompu l’émission et m’a mise à l’aise. C’est de là que tout est parti. Ainsi, je venais faire des playbacks à Dakar. C’est sur ces entrefaites que Mbacké Dioum est venu me dire que Youssou Ndour voulait me rencontrer parce qu’il aimait ma voix. Lors de notre rencontre, le feeling est passé et j’ai intégré le groupe Super Etoile en faisant les chœurs. J’avais commencé à faire des tournées internationales. J’ai eu mon premier disque d’or à 18 ans. Avec Youssou Ndour, nous avons fait le tour du monde. J’ai acquis au Super Etoile de la connaissance, de la rigueur, de l’organisation, de la méthode, du professionnalisme et de l’expérience. Grâce à Youssou Ndour, j’avais fait les grandes scènes du monde, chanté avec les stars de l’époque. C’est sur conseil de Bouba Ndour, mon producteur à l’époque, que j’ai créé le Djolof Band.
Votre premier single, « Jinlene » avait cartonné. Est-ce que vous-vous attendiez à un tel succès ?
Franchement, je m’y attendais. Car c’était un travail abouti, un travail de qualité. C’est peut-être les Sénégalais qui étaient surpris de me voir chanter en wolof. Parce qu’auparavant, je faisais des chœurs. Un beau jour, ils se sont réveillés et ont découvert une autre facette de moi. Ils appréciaient surtout le feeling que je dégageais. C’est avec cet album que j’ai démarré ma carrière solo.
Vous vous êtes plus tard mariée avec Bouba. Comment vous arriviez à gérer votre vie de couple et votre carrière ?
Quand on a des objectifs, on se donne tous les moyens pour les atteindre. En plus, j’avais un mari qui était dans le milieu. Donc, ce n’était pas compliqué pour moi parce qu’il me comprenait. Il y avait ma défunte mère (Paix à son âme) qui, à l’époque, assurait la garde de mes enfants. Elle restait avec eux quand je partais en tournée internationale. Parfois, elle était assistée par ma belle-mère. Pour illustration, ma fille ainé, Zeyna, un mois après sa naissance, je l’ai laissée à la maison pour partir en tournée. Son frère, Philippe, a eu plus de chance, puisque ce n’est que trois mois après sa naissance que je suis repartie en tournée.
On vous a senti un peu seule après votre divorce avec Bouba Ndour. Parce que même dans certaines chansons, il y avait des pics. Est-ce que c’était le cas ?
Non, pas du tout. Seulement la plupart de mes chansons coïncident parfois avec ma vie, ce n’est pas voulu. C’est juste une recherche musicale dans la thématique. Mais la vie est ainsi faite. Il y a eu des hauts et des bas dans ma vie comme tout être humain. Cependant, en plus d’être une croyante, j’ai un mental très fort. Je ne suis pas une pleurnicharde. Un leader ne doit pas s’apitoyer sur son sort. Je dois rassurer les personnes qui croient en moi. Je n’ai pas le droit de baisser les bras. Quelles que soient les circonstances, je dois toujours être à la hauteur des attentes.
Vous avez été aussi couronnée de bonheur à plusieurs reprises en Afrique et aux Etats-Unis. Comment avez-vous vécu ces moments ?
Je remercie d’abord les Sénégalais, particulièrement mes fans. Si j’ai obtenu tous ces trophées, c’est grâce à leur soutien indéfectible. Parce que dans certains concours, c’est le vote du public qui vous fait gagner. Et moi, les Sénégalais m’ont toujours accompagnée et soutenue. C’est pourquoi je me donne toujours à fond pour les satisfaire.
Ambassadrice de la musique sénégalaise, avez-vous une fois reçu les honneurs des hautes autorités ?
Non ! Je n’ai pas encore reçu de médaille de l’Ordre national du lion. Toutes mes manifestations, c’est sur fonds propres. Il y a des bonnes volontés qui nous soutiennent. Mais, je n’attends pas de soutien pour mon anniversaire, et surtout avec mon groupe de Djolof band, où nous fêtons nos 22 ans de compagnonnages. J’ai eu beaucoup d’accompagnement des journalistes, des animateurs comme Michael Soumah, Jules Junior, Dj Boub’s, Sidate Thioune, etc.
Pourquoi vous ne lésinez pas sur les moyens pour votre beauté ?
(Rire). C’est normal. C’est le milieu qui le demande. Et puis, la musique ce n’est pas seulement la belle voix, être sur scène, la sape en fait partie. Il faut respecter son public. Un artiste doit avoir du feeling sur tous les plans. La musique c’est du tout. C’est un ensemble, une symbiose de la tête au pied.
Votre carrière est riche en featurings, qu’est-ce qui l’explique ?
Pour moi, la musique c’est le partage et à travers ces duos, chacun apprend de l’autre. C’est vrai, j’ai pas mal de featurings avec des artistes dans presque tous les genres musicaux. J’ai fait des duos avec les rappeurs, on se rappelle Viviane et Frères avec les rappeurs Fou Malade, Fata, Pacotille. Dans le registre mbalax avec Ndèye Marie Gawlo, Youssou Ndour, Oumar Pène, Mame Balla, Mbaye Dièye Faye, Wally Seck, récemment Bass Thioung, etc. J’ai fait également des featurings avec des artistes internationaux, comme le congolais Fally Ipupa, les Balieu’Zart de la Guinée…
Dans vos tournées, quel est le spectacle qui vous a le plus marqué ?
Sans hésitation. C’était Tarata avec Nagui.
Quel est votre secret pour rester éternellement jeune ?
Pour cela, il faut le demander à Zé-Zé (ndlr : Sa fille Zeyna Ndour). Elle a le secret. Je rends grâce à Dieu, à mon âge, je suis toujours considérée jeune. Mais ce n’est rien de spécial. Je ne prends pas de complément d’aliment pour me maintenir en bonne forme. J’ai juste une bonne hygiène de vie.
Maderpost / Emedia