Ce qui va changer
Pour lutter contre les rumeurs, les fausses informations et les arnaques, l’application de messagerie limite depuis lundi le nombre de personnes à qui il est possible de transférer un message.
RESAUX SOCIAUX – Finies les frasques numériques de votre oncle adepte des blagues partagées des dizaines de fois. Ou celles d’une connaissance un peu trop intéressée par les théories du complot. Il ne sera bientôt plus possible de transférer des messages à plus de cinq personnes ou groupes sur l’application de messagerie WhatsApp. Qu’est-ce que cela change concrètement pour les utilisateurs? Et pourquoi imposer une telle limitation? Le Figaro vous explique.
Qu’est-ce que cela change pour moi?
WhatsApp est une application mobile de messagerie détenue par Facebook. On peut y discuter avec une seule personne, un peu comme l’on échange par SMS, ou en groupe.
L’une de ses fonctionnalités les plus populaires est le «transfert» («forward» en anglais). Elle permet à un utilisateur de transférer des messages d’une discussion à une autre. Cette fonction est en théorie destinée à partager des informations qui seraient fastidieuses à copier/coller. Par exemple, si Inès invite Camille, Morgane et Caroline à dîner chez elle, mais qu’elle n’envoie son adresse qu’à Camille, il sera plus simple pour Camille d’utiliser la fonction transfert pour que Morgane et Caroline aient aussi l’adresse d’Inès.
Cette option était jusqu’ici limitée à vingt personnes ou groupes. Elle pouvait donc théoriquement permettre le transfert d’un message à un très grand nombre d’individus. Un groupe WhatsApp peut contenir jusqu’à 256 personnes.
Lundi, WhatsApp a annoncé à l’agence Reuters une mise à jour sur son application mobile. La fonctionnalité «transfert» sera désormais limitée à cinq personnes ou groupes. Cette nouveauté concerne pour le moment les propriétaires des smartphones Android ; elle sera bientôt imposée aux utilisateurs d’iPhone.
Est-ce que c’est nouveau?
WhatsApp a modifié à plusieurs reprises sa fonctionnalité «transfert». Depuis l’été dernier, tous les messages transférés portent une mention «transféré» ainsi qu’un petit logo en forme de flèche.
L’idée est qu’un internaute ne puisse pas être trompé, en pensant qu’un message transféré a été écrit par la personne qui le lui envoie. Par ailleurs, cette limite de la fonction «transfert» à cinq personnes avait déjà été imposée aux utilisateurs indiens de WhatsApp depuis plusieurs mois. L’Inde est l’une des principaux marchés de l’application, qui y compte 200 millions d’utilisateurs, sur une audience totale d’1,5 milliard de personnes dans le monde.
Pourquoi cette limite?
Ce n’est pas un hasard si l’Inde a été le premier marché à tester la limitation de la fonction «transfert» de WhatsApp. Le pays connaît en effet un grave problème de désinformation en ligne, directement lié à l’utilisation de l’application. Au moins une vingtaine de lynchages violents ont été signalés l’année dernière, suite à la propagation de rumeurs par messages, portant notamment sur des enlèvements supposés d’enfants. À chaque fois, la fausse information se propageait grâce à la fonction «transfert» de WhatsApp, répandant des messages alarmistes et des vidéos truquées ou sorties de leur contexte.
L’Inde n’est pas le seul pays concerné par le phénomène. Au Brésil, WhatsApp a aussi été accusé de faciliter la propagation massive de fausses informations en faveur de Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite élu président fin 2018. Dans un autre registre, de nombreux arnaqueurs profitent aussi des fonctionnalités de WhatsApp afin de répandre des liens véreux auprès de nombreux internautes.
Pour Facebook, propriétaire de l’application, le sujet n’est pas simple. En effet, WhatsApp n’est pas un réseau social. Il s’agit d’une messagerie privée, chiffrée de bout-en-bout: la société de Mark Zuckerberg n’a pas accès au contenu des échanges entre ses utilisateurs. D’où la solution de restreindre le nombre de transferts. À défaut de pouvoir effectuer un véritable travail de modération des fausses informations, un sujet qui embarrasse Facebook sur son propre réseau social.
LeFigaro.fr