« Monsieur le Premier Ministre, vos propos surprennent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, et la séduisante impertinence qui vous caractérisait, est à présent vidée de la pertinence de vos messages, déguisés d’oukases délivrés les sourcils évoquant d’antipathiques portes de prisons », a réagi Jean Pierre Corréa, suite à la déclaration de Ousmane Sonko sur la question du port du voile dans les établissement scolaires, dans une tribune parvenue à Maderpost, intitulée « Chronique de la fureur ».
TRIBUNE – CHRONIQUE DE LA FUREUR
« Une ambition dont on n’a pas le talent est un crime »
Impertinence…sans Pertinence.
L’homme que j’ai la chance d’être, fruit joyeux d’une mère Saint-Louisienne et d’un père Ziguinchorois, villes qui ont la particularité de n’avoir qu’un seul cimetière où reposent dans une même et éternelle quiétude, musulmans et chrétiens, et qui a grandi à l’époque où Mgr Hyacinthe Thiandoum pouvait offrir à son ami Seydou Nourou Tall un terrain de l’Évêché pour qu’il y fasse construire la Grande Mosquée de sa tarikha, sans qu’il fût le moins du monde question de convoquer l’alors inutile à préciser « Dialogue Islamo-Chrétien », ne va surtout pas rajouter son humble avis à cette dangereuse mais pas si innocente querelle, allumée par notre Premier Ministre au sujet d’un voile que 5 ou 6 libanaises sur des milliers d’élèves avaient naguère tenté d’imposer au Cours Supérieur Sainte Jeanne D’Arc, alors qu’elles avaient toutes latitudes à s’en orner le front au Cours Supérieur Mariama Niasse, par exemple bien sûr. Evidence…Biblique…ou Coranique… Ou Vice-versa… Il est utile de m’en arrêter là… Tout a été dit et écrit sur le sujet lors de cette folle semaine, envahie par une actualité gazeuse et inflammable qui, dans un pays sérieux aurait dû tourner autour des inondations fétides, des jeunes qui sont engloutis dans « le ventre de l’Atlantique », d’une économie à l’arrêt, paralysée par manque de visibilité stratégique, d’emplois et d’employabilité des jeunes, et d’agriculture enfin tournée vers l’auto-suffisance alimentaire, sans oublier de nous informer sur la manière dont toutes ces urgences allaient être prises en compte par une gestion patriotique de notre pétrole et de notre gaz, en leur garantissant des solutions idoines et porteuses d’avenir.
Mais bon, puisque « LE PROJET » en est toujours au stade des « ressources humaines à caser », pourquoi ne pas distraire Ndoumbélane avec « L’AGENDA » ? Le problème est dans l’émetteur, qui semble-t-il serait en train de perturber les récepteurs, la fréquence désordonnée des signaux envoyés, ôtant de plus en plus de pertinence à la force que lui conférait naguère sa turbulente… impertinence, et ne diffusant bientôt, s’il n’y prend garde un tintamarre aussi gênant que les « Concerts de Casseroles » qui avaient assourdi la fin de règne de Macky Sall.
LE SIGNAL ET LE BRUIT
Monsieur le Premier Ministre, vos propos surprennent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, et la séduisante impertinence qui vous caractérisait, est à présent vidée de la pertinence de vos messages, déguisés d’oukases délivrés les sourcils évoquant d’antipathiques portes de prisons. Il vous faudra plus qu’une DPG devant nos députés pour emporter l’enthousiasme des Sénégalais pour votre « PROJET »… Il vous sera nécessaire de travailler vos adresses à vos concitoyens, pas seulement à vos partisans, du fait que votre écriture médiatique, la syntaxe que vous choisissez, qui composent la partie analogique de votre message, ne sont pas sans influence sur la construction de votre image.
Quel est le rapport entre le « Signal » et « le Bruit » ? Ce que l’on perçoit d’un signal, c’est la différence de son intensité avec celle d’un bruit ambiant. Les citoyens Sénégalais, bombardés de messages sortis d’embardées sémantiques, vivent dans le bruit permanent de vos messages. Or, Monsieur le Premier Ministre, en tant qu’homme public, si vous parlez souvent, vous vous confondez avec le bruit médiatique, et la fréquence rapide de vos interventions, diminue considérablement l’intensité du désir de vous entendre, ainsi que l’attention avec laquelle un homme chargé de vos hautes fonctions devrait être écouté. Et si, par extraordinaire, vous vous taisez pendant un moment, le désir de vous entendre, compte tenu que vous êtes Premier Ministre d’un Gouvernement qui de surcroît a un excellent porte-parole, va dès lors s’aiguiser et l’attention que les Sénégalais vont prêter à vos paroles expurgées de la fougue des tréteaux, va être considérable. Bénéfice immédiat, la différence entre le signal que vous émettrez et le bruit ambiant, sera très importante et dispersera plus d’impacts et de sens dans l’opinion. C’est ce qui vous donnera, en toute puissance, le statut de leader, par rapport aux acteurs politiques souvent agités, et trop présents dans les médias, dont les messages font partie intégrante du bruit public, et de ce qu’on appelle « La Rue Publique ».
Monsieur le Premier Ministre, parlez peu et maîtrisez vos interventions… Ne vous démonétisez pas. Et vous verrez qu’après avoir tendu le désir qu’a l’opinion de vous écouter plus que de vous entendre sur les questions urgentes qui assaillent notre pays, le rendant aussi attractif que fragile, vous saurez délivrer vos diverses interventions sur une courte période, renforçant leurs impacts et rendant plus évident et attrayant le statut de leader qu’une importante partie du peuple Sénégalais a déposé en votre personnage.
Monsieur le Premier Ministre, extirpez-vous du bruit et de la fureur… Même s’il est drôle, que, sauf Votre Respect, qu’en pulaar, le mot « Brouhaha » se dit « Son’kö »…ça ne s’invente pas… Découvrez le fait qu’entre émetteur et récepteur, il n’est pas bon qu’existent des parasites. Votre « PROJET » mérite mieux que des larsens… Non ?
Jean Pierre Corréa
Maderpost