Bill Bonner président et Directeur de Agora Inc, l’une des plus grandes sociétés de bulletins d’informations financières qu’il a fondée en 1979, évoque dans ses notes du jour un potentiel cyclone sur l’économie américaine.
ECONOMIE – « Ah, cher lecteur… les nouvelles de la Fed, la semaine dernière, nous ont rappelé ces vidéos amateur où quelqu’un se fait mal.
« C’est amusant à regarder… mais douloureux quand on est soi-même en cause.
Aujourd’hui, c’est le système financier américain qui est sur le devant de la scène. Installez-vous confortablement et ouvrez une petite bière bien fraîche : après tout, combien de fois a-t-on l’occasion de voir la plus grosse économie de la planète se faire sauter le caisson ?
Un renoncement avant même la crise
Oui, les pièces commencent à se mettre en place. Le puzzle s’assemble plus rapidement que nous l’anticipions.
Nous pensions que la Fed aurait au moins la décence d’attendre une crise avant de céder au Deep State. Nous avons également été surpris par la rapidité avec laquelle M. Trump a agi pour remplir la Fed de politicards – sur lesquels on peut compter pour appuyer sur la détente lorsqu’on leur présente une arme.
Ces manoeuvres nous aident à voir plus clairement les dégâts infligés par les autorités à l’économie américaine… et comment le Congrès, AOC, DJT, la Fed et toute la troupe du Deep State transformeront le tout en véritable catastrophe.
C’est un vaste sujet… englobant beaucoup d’ingrédients… alors allons-y doucement. Pas à pas… morceau par morceau.
Un geste clownesque sans fondement théorique
Ces derniers jours, nous nous demandons qui rembourse une dette fédérale impossible à rembourser. Tandis que nous étudions le sujet, un tourbillon de nouvelles vertigineuses s’est levé.
Il y a d’abord eu Jerome Powell, président de la Fed, arrivant avec une annonce extraordinaire. La Fed ne normaliserait pas les taux d’intérêt de sitôt, a-t-il dit.
Quant aux 3 600 milliards de dollars que la Fed a tirés de nulle part… eh bien, il faut vous y habituer, car c’est parti pour durer. La Fed n’essaiera pas non plus de normaliser cela.
Du point de vue économique, c’est un geste clownesque qui ne s’appuie sur aucune théorie sérieuse. Mais si vous complotez de manière à protéger l’industrie financière et Washington… et que vous êtes prêt à transformer la Fed en rouage de la machine politique du Deep State… eh bien, pourquoi pas ?
Ensuite, terrassés par les miasmes délétères de l’annonce de la Fed, les taux longs se sont effondrés. Les taux hypothécaires ont chuté. Tout à coup, les commentateurs financiers ont vu arriver l’inversion de la courbe des rendements et une récession.
Cela arrivera tôt ou tard – et lorsque ce sera le cas, cela aura approximativement le même effet sur les projections de croissance fantasmatiques de l’équipe Trump qu’un cyclone sur une région habitée. Les prévisions de croissance à 3% se retrouveront sous l’eau.
Côté prix, les toits s’envoleront également. C’est là le plus bizarre : la Fed était si déterminée à éviter les pertes sur les marchés qu’elle semble les avoir provoquées. La brise a commencé à forcir vendredi 22 mars ; à la fin de séance, le Dow s’était rafraîchi de 460 points.
Les factures s’empilent
Nous étions encore accroché à notre chapeau quand un autre vent contraire est venu souffler dans les pages Bloomberg. On a appris que le mois dernier, les Etats-Unis ont enregistré le plus gros déficit budgétaire mensuel de leur histoire.
Plus d’un an après la mise en place des réductions d’impôts de Trump… censées « se financer elles-mêmes » grâce à la croissance supplémentaire… les autorités ont perdu 234 milliards de dollars le mois dernier – un nouveau record.
En deux mots, les autorités américaines vont accumuler des déficits à 1 000 milliards de dollars de dollars jusqu’à la fin des temps… et la Fed va les « payer » avec de la fausse monnaie.
Pourtant, quelqu’un, quelque part, à un moment donné, d’une manière ou d’une autre, devra payer pour de vrai. Et la facture sera énorme. Selon nos estimations, la dette des autorités américaines pourrait se monter à 40 000 milliards de dollars d’ici 2030.
Le système gagnant-perdant prend le dessus
Nous examinons comment tout cela fonctionne en Argentine. L’inflation y atteindrait jusqu’à 100% (selon l’estimation de Steve Hanke). Le PIB devrait chuter de 6% environ cette année. C’est une catastrophe économique et financière.
Qui paie ? Pas les riches… qui mènent encore grand train à Buenos Aires. Pas les pauvres – ils n’ont rien à perdre. Pas les initiés, escrocs et compères qui vivent aux crochets du gouvernement ; les autorités dépensent encore de l’argent.
Qui est-ce qui reste après ça ?
Les retraités, les consommateurs, les contribuables, les commerçants – et tous les gens qui font tourner l’économie gagnant-gagnant. En fin de compte, la dette gouvernementale est toujours, dans les faits, un transfert de l’économie réelle gagnant-gagnant vers le système gouvernemental gagnant-perdant.
Même lorsque les autorités promettent d’indexer les salaires et les allocations à l’inflation… il y a toujours un délai, sans parler de la comptabilité factice. Il en résulte exactement ce à quoi on pouvait s’attendre : c’est le travailleur moyen qui paie.
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Demain, nous examinerons d’autres ordures laissées par la tempête.
Le président Trump, notamment, a jeté un papier par la fenêtre – Stephen Moore. Le président des Etats-Unis a nommé Moore – un conseiller de campagne – pour remplir un siège vide à la Fed.
Généralement, les gouverneurs de la Fed sont des économistes issus d’une université ou des non-entités bardées de diplômes. Moore est un politicard.
Que se passe-t-il ?
Bill Bonner président et Directeur de Agora Inc, l’une des plus grandes sociétés de bulletins d’informations financières qu’il a fondée en 1979. Il est le créateur de la Chronique Agora, une lettre d’information financière envoyée via e-mail, où s’expriment également Simone Wapler et Philippe Béchade.Bill Bonner est un observateur non-conformiste du monde financier et politique. Son esprit acerbe et aiguisé, s’oriente en particulier contre les caprices des investisseurs. Les fluctuations économiques, les bulles des tulipes et des startups d’internet sont analysés non pas sous l’angle des statistiques sèches et obscures mais à l’aide de métaphores et d’analogies de la littérature. Or, dans son livre, Mobs, messiahs, and markets : surviving the public spectacle in finance and politics, William Bonner et la journaliste indépendante, Lila Rajiva, utilisent l’économie littéraire pour livrer leurs points de vues sur le comportement de masse et ses effets dévastateurs sur la société. Pourquoi, demandent-ils, des individus parfaitement sains et responsables peuvent-ils se rassembler, et par un certain tour d’alchimie étrange se transforment en une foule irrationnelle ?