Poursuivi pour insulte par le biais d’un système informatique et discours contraires aux bonnes mœurs, l’ancien président du groupe parlementaire, Moustapha Diakhaté est, au moment où ces lignes sont écrites, jugé au tribunal de Dakar.
JUSTICE – Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a précisé qu’il n’y a aucun traitement inéquitable, notamment en comparaison avec le cas d’Azoura Fall. Il a souligné que son chef de parquet est actuellement à Bruxelles et qu’il n’a reçu aucune instruction, ce qui exclut tout caractère politique à ce procès. Il s’agit d’une auto-saisine, déclenchée par les invectives de Moustapha Diakhaté à l’encontre d’un groupe de personnes.
Concernant la première infraction, le parquet a estimé que le prévenu avait franchi le Rubicon en quittant le domaine de l’adversité politique pour sombrer dans l’animosité. Selon Google Traduction, le mot “alkou” signifie “damné”, “condamné aux peines de l’enfer”, et il est donc péjoratif. Le second délit est lié à l’atteinte à la paix publique.
Les propos de Diakhaté ont provoqué un tumulte sur les réseaux sociaux. Traiter publiquement ses semblables de damnés est une atteinte aux bonnes mœurs, selon le représentant du parquet. Ce dernier a requis une peine d’un an de prison, dont six mois ferme, ainsi qu’une amende de 300 000 FCFA.
Selon les avocats de Moustapha Diakhaté, Mes Amadou Sall et El Hadji Diouf, “le simulacre de procès est politique”.
Ils estiment qu’on cherche à juger les opinions d’un homme. Depuis longtemps, on cherche la petite bête à Moustapha Diakhaté. Le parquet ne peut pas imposer la traduction du mot “alkou”. Selon leur client, ce terme désigne “un peuple dupé, à qui il est arrivé un malheur”. Quant à l’expression “galou dof dou ter”, elle signifie : “un malheur n’arrive jamais seul”. En réalité, Diakhaté dérange “ceux qui veulent instaurer l’obscurantisme politique”. Le vote étant secret, personne ne sait quel groupe a voté pour Pastef. Les avocats ont demandé la relaxe pure et simple.
Moustapha Diakhaté à la barre: “Je n’ai aucun droit d’insulter”
Moustapha Diakhaté, a reconnu avoir dit que “celui qui met un bulletin d’Ousmane Sonko dans une urne est maudit”. Vêtu d’un “baay lahatt” (grand boubou) blanc et portant un masque à la main gauche, il a précisé que ce qu’il a soutenu n’est pas une insulte à une communauté.
“Alkou est un mot d’origine arabe qui signifie un grand malheur, une malédiction. Les mots n’ont pas de sens, ils ont des emplois. Je n’ai aucun droit d’insulter, encore moins une communauté. Ma famille a été choquée qu’on m’accuse d’insulter, alors que je lui interdits de le faire”, a-t-il déclaré.
“On m’a dit que mes propos ont été vus 27 000 fois, mais ce n’est pas de ma responsabilité. Je suis victime d’une épuration politique. Je suis un Sénégalais qui estime que ce que les 54 % des électeurs ont fait est un mauvais choix. Mais l’emploi que j’ai fait du mot ‘alkou’ n’est pas négatif. Cependant, si vous estimez que j’ai insulté, je plaide coupable”, a ajouté Moustapha Diakhaté.
L’interrogatoire se poursuit avec les questions de ses avocats, après celles du Président et du représentant du procureur.
Maderpost / Le Soleil