Alors que le président Kaïs Saïed a donné son agenda pour l’année à venir avec comme point d’orgue des élections législatives en décembre 2022, ses opposants y voient une façon de prolonger d’un an ses pleins pouvoirs. Dix d’entre eux sont entrés en grève de la faim cette semaine.
TUNISIE – Dans ce quartier cossu de Tunis, une maison ne désemplit pas. Elle accueillait précédemment les activités du CPR, parti fondé par Moncef Marzouki, ancien président tunisien, elle abrite désormais dix grévistes de la faim.
Comme leur hôte désormais exilé en France, ils disent entrer en résistance. À longueur de journée, amis et proches viennent les soutenir.
« Notre corps pour défendre notre cause »
Ezzedine Ben Mbarek Hazgui, ancien opposant emprisonné sous Bourguiba, est le porte-parole du mouvement. « On a manifesté cinq fois. On a été terriblement tabassés par l’appareil policier. Donc, on s’est dit, on n’a plus que notre corps pour défendre notre cause. Après dix ans de liberté, je me trouve obligé de refaire ce que j’ai fait à vingt ans, c’est vraiment honteux, catastrophique. »
Alors que la vie démocratique et politique du pays est gelée depuis que Kaïs Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs en juillet dernier, la liste de leurs inquiétudes ne cesse de s’allonger. « Il y a des députés en prison jugés par des tribunaux militaires. Le putschiste est en train d’influencer la magistrature et la mettre sous ses ordres. »
Des opposants qui appellent d’ores et déjà à manifester contre ce qu’ils qualifient de retour de la dictature. Ils se sont donné rendez-vous le 14 janvier prochain, anniversaire des onze ans de la chute de Ben Ali.
Maderpost / Rfi