En matière budgétaire et financière, il est impropre de parler de marge de manœuvre au singulier, même si la règle grammaticale employée est bel et bien correcte. Je précise que je n’ose pas imaginer un seul instant que les rédacteurs de ce discours aient voulu accorder « budgétaire » et « financière » avec « manœuvre ». Il fallait donc écrire : « les marges de manœuvre budgétaires et financières…, » en mettant les adjectifs « budgétaire » et « financière » au pluriel. Sinon, nous sommes face à une faute grammaticale lourde. Tribune.
TRIBUNE – Cela étant dit, il convient d’affirmer avec force que les marges de manœuvre d’un État ne sont jamais faibles ou absentes. Elles se caractérisent par la capacité du gouvernement à déceler les potentiels, les variables d’ajustement et toutes les possibilités de toute nature pour les conjuguer ensemble dans le cadre d’une démarche cohérente vers la réalisation d’objectifs pertinents déjà déclinés dans une vision claire.
Si tout cela s’avère insuffisant pour réaliser les performances projetées, parce que les objectifs étant trop ambitieux, le gouvernement et ses équipes techniques font alors appel à des pratiques innovantes de dénichement de nouvelles ressources humaines de qualité, de mobilisation innovante de fonds et de réalisation de projets novateurs.
Nulle part et dans aucun contexte, il n’est permis à un État sérieux de confesser l’inexistence de marges de manœuvre budgétaires ou financières.
Cela est d’autant plus évident que l’État, n’est pas une entreprise, en ce qu’il est toujours caractérisé par deux attributs essentiels que sont : la souveraineté, qui fait que l’État a tout et l’autorité, ce qui suppose l’omnipotence de l’État.
Un État qui constate l’absence de marges de manœuvre dans n’importe quel domaine de la vie publique, même dans le contexte d’une situation difficile, marquée par un endettement et un déficit abyssal, est un État qui ignore ou hypothèque sa souveraineté et se déleste de son autorité.
Ceci n’est que l’expression manifeste d’une incompétence criarde de la part du gouvernement.
Si, en plus, c’est le président de la République qui le constate et l’affirme tout en renouvelant sa confiance totale au Chef de ce même gouvernement, alors, en plus d’un gouvernement incompétent, nous sommes en présence d’un chef de l’État inapte à présider aux destinées d’un tel pays.
À moins que le président de la République n’ait constaté les carences du gouvernement, mais éprouve manifestement une gêne à les imputer à son Premier ministre, qui, pourtant, en est le seul responsable, en tant qu’exécutant de la vision du chef de l’État et coordonnateur des activités gouvernementales.
En conséquence, les Sénégalais doivent malheureusement se résoudre à considérer la déclaration du président de la République comme une sinostrose en sus de tristes présages, les effets pervers d’une incompétence systémique du régime Pastef, en raison de l’amateurisme de ses acteurs. Ce qui est en soi un pudique aveu d’échec.
Cherif A. BA , Bamako