Vous devez savoir que, désormais le temps disponible est une denrée rare pour le Sénégal, pour vous, pour nous tous. Si ce temps perdu ne peut jamais être récupéré, il est possible de le transformer en opportunité et de lui donner du sens pour devenir du temps gagné.
TRIBUNE – Alors , s’il vous plaît. Épargnez nous ces arrestations, ces convocations parce qu’un tel a dit ceci, un autre à répondu au Premier ministre. Il y a vraiment plus urgent à faire. Notre pays court derrière un retard immense. Il vous revient à vous de le rattraper.
Une journée ne fait que 24 heures et le temps passe vite, si bien qu’on est amené à faire la chasse au temps perdu pour une productivité maximale. Ne faites pas de sorte que le temps perdu fasse partie intégrante de notre quotidien.
Aujourd’hui, il ne doit plus y avoir de réunion qui s’éternise ou de réunion inutile. Les files d’attente dans les services, les états civils, les hôpitaux, dans l’administration, dans les banques…etc., doivent être révolues .
Le temps perdu impacte nos émotions négatives telles l’impatience, l’ennui, l’agacement ou l’énervement et nous détourne de tout espoir promis. Une administration moderne est celle qui peut éliminer ou tout moins qui minimise le temps perdu. Il faut donc une organisation pointue pour gagner plus de temps au lieu de le perdre. C’est cela aussi « la rupture ».
Le Sénégal a vécu trop de périodes de non temps qui perdurent et perdureront si rien n’est fait pour stopper ce temps perdu.
Nouvellement arrivés au sommet de l’état, votre premier combat, votre premier réflexe est de faire la chasse au temps perdu principalement dans l’administration centrale, comme dans celle locale.
Déjà que certains disent que chez nous, on ne travaille pas assez. D’autres disent qu’il y a trop de fêtes chômées et payées.
S’il faut ajouter à tout cela les grèves, les convocations qui semblent éliminer la liberté d’expression, la liberté de penser, ce pays perdra encore plus temps. Alors que les priorités sont ailleurs.
Toutefois, se tromper d’objectifs sera fatal pour le Sénégal. Dans un pays où tout est exigence, pour ne pas dire demande sociale, il serait plus judicieux d’hiérarchiser les priorités. Les priorités du moment sont : faire manger les Sénégalais à leur faim, les soigner à prix abordables, les enseigner, les former, leur accorder la liberté d’aller et de venir, mais aussi celle de s’exprimer comme ils veulent, quand ils veulent sur les grandes questions de l’heure .
Les Sénégalais fondent beaucoup d’espoirs sur vous qui prônez la rupture systémique. Vous ne devrez vous tomber dans une gouvernance qui nous priverait nos libertés, écrasant ainsi la démocratie qui est presque à terre à cause de son histoire contemporaine.
Les époques ont changé, la rupture tant chantée, tant vantée est d’être, dans des conditions qui ne dépriment point notre manière de vivre sur tous les plans. Nos priorités, c’est aussi faire de nos villages des lieux vivables à défaut d’en faire des villes proprement parlées. Nos priorités, c’est donner à chaque sénégalais la chance de vivre décemment avec ses propres moyens et ceux de l’état central.
Très chers nouveaux dirigeants, les priorités sont vraiment ailleurs !
Cela n’enlève en rien, je répète, que la justice fasse son travail face aux grands délinquants économiques du pays et à tous ceux qui cherchent à tous prix à dénaturer nos valeurs traditionnelles, religieuses, sociales, voire culturelles.
Grand Jaraaf Djibril Sène