Au-delà d’un verdict ; l’inévitable violence d’une jeunesse qui déverse son trop plein face à l’incurie. Elle se nourrit de crise identitaire, de rêve de réussite brisé, de démission des parents, d’exclusion de toute parcelle d’espoir.
Par Pr Macoumba Gaye
TRIBUNE – Elle se révolte contre un mal qui se décline en une longue litanie : économie extravertie, emplois rares et miséreux, promesses non tenues, politisation de hautes responsabilités, ethnocentrisme, sélective impunité, ostentatoire gabegie de privilégiés du premier cercle, arrogante assurance, autorité religieuse démystifiée, et l’indécente incertitude d’une troisième candidature associée à une flagrante sélection d’éventuels adversaires.
« On ne prête qu’aux riches »
L’hymne au chaos avait déjà ses paroles ; une justice licencieuse lui a donné sa chanson.
Des monstres l’entonnent aux oreilles de nos enfants. Ils réveillent les rebellions, exacerbent nos différences, effacent les limites, pillent, violent, brûlent jusqu’aux bibliothèques et archives.
Aucune infrastructure ne suffirait à en faire un chant de victoire.
Cette rage, qui exulte, détruit sans discernement.
Nos ennemis infiltrés y trouvent le terrain favori de leur criminelle action : rebelles mal lavés nostalgiques de prébendes, islamistes de bas étages qui sentent le pavot, mercenaires qui reniflent le pétrole, traîtres de tous bords tapis à l’ombre du pouvoir.
Et nous observons les forces de maintien de l’ordre, bridées par leur serment et leur dignité, victimes non moins sénégalaises, de gouvernants indignes et opposants irresponsables.
Elles reculent, le doigt sur la gâchette, muettes, pour le moment.
Combien de temps subiront elles encore la folie de gueux qui ont toujours l’aplomb de réclamer notre confiance ?
Qu’aura fait l’incrédule homo senegalensis pour mériter mieux ?
On est toujours responsable quand on est le témoin passif de la déliquescence de la classe politique. Son action ne s’arrête qu’au son du glas de nos rêves.
Voici donc l’immense gâchis que des preux d’outre-tombe, hommes d’Etat d’une si récente histoire, observent du haut de leur élégante adversité.
Geôles, potence, échafauds, pelotons, d’autre temps et d’autres lieux : des fagots que la mémoire parfois rapporte de dégoût et de révolte!
Pr Macoumba Gaye, Cancérologue, Enseignant à l’UCAD