Les multiplications des appels à la violence proférés ces derniers jours par des leaders politiques et leurs partisans sont non seulement dangereuses pour la paix, la stabilité et la cohésion sociale, mais également pour l’économie nationale.
TRIBUNE – Outre les réflexes de repli qu’elles suscitent auprès des investisseurs étrangers et nationaux, elles contractent le marché, entrainent des mouvements de consommation de masse inhabituels avec le risque d’augmentation non maîtrisée des prix des denrées alimentaires de première nécessité, désorganisent les équilibres fragiles des toutes petites et les moyennes entreprises, compromettent les efforts déployés par l’Etat pour l’emploi jeune et l’autonomisation des femmes.
Aussi, s’étonne-t-on que des hommes politiques qui prétendent nourrir de hautes ambitions pour notre pays puissent lancer des appels haineux et radicaux. Quel est leur but ? S’agit-il de mettre le pays à genou ? S’agit-il de compromettre les efforts d’émergence et de développement ?
La traduction violente de leurs appels sur le terrain, comme ils le souhaitent, aura forcément des répercussions fâcheuses sur notre économie qui, rappelons-le, est tributaire des importations.
Il s’y ajoute d’autres difficultés auxquelles se trouveront confrontés les consommateurs, commerçants et opérateurs économiques. Notamment le transport des marchandises et personnes. Mais c’est plus encore les toutes petites et les moyennes entreprises dans le domaine de l’artisanat qui vont davantage en payer le prix, parce que les réflexes des consommateurs seront orientés vers les rayons alimentaires et autres produits de nécessité.
Une bonne frange de l’artisanat s’en trouvera fortement perturbée par la contraction de la demande. Ce qui aura une incidence sur les emplois soutenus par l’Etat grâce à l’appui des projets de petites entreprises qu’il accompagne dans plusieurs régions du pays.
Les effets pervers consécutifs à la matérialisation de ces appels dangereux ont-ils été pensés, soupesés ? On en doute, ce d’autant que les émeutes de mars 2021 ont prouvé, une fois de plus, que la préoccupation des casseurs, outre leur sale besogne, est de servir et dévaster les rayons des distributeurs. A moins que le but soit tout autre, ce qui serait tout aussi condamnable. Quoiqu’il en soit, notre économie en construction ne devrait souffrir des atermoiements qui ignorent jusqu’à son importance vitale pour toute nation.
Mais il ne fait aucun doute que l’État du Sénégal prendra les mesures idoines pour garantir la sécurité et la circulation des personnes, des biens et des investissements et que nous nous ferons un devoir de le soutenir et l’accompagner dans l’exécution de ses fonctions régaliennes à savoir la justice, l’ordre public et sécurité, la diplomatie et affaires étrangères, les finances .
Modou FALL,
Directeur de l’emploi