Après la suspension de Me El hadji Diouf la semaine dernière, le Conseil de discipline de l’Ordre va se réunir le 28 février prochain pour statuer sur son cas. En attendant la future décision, cette affaire soulève beaucoup de questions alors que l’on s’achemine vers le procès Sonko-Adji Sarr.
Me El Hadji Diouf, un dossier 100 suites
BARREAU DE DAKAR – Quel sera l’avenir de Me El Hadji Diouf dans le Barreau ? Suspendu depuis vendredi, le tonitruant avocat fera face au Tribunal de ses pairs le 28 février prochain. C’est ce jour-là que le Conseil de discipline de l’Ordre des avocats va l’auditionner. Et aussi sceller son sort… Quel sera le verdict ? Pour l’instant, il semble être sur une mauvaise pente.
Me El hadji Diouf se retrouve dans cette situation à cause de ses sorties médiatiques jugées nombreuses sur un dossier en cours d’instruction. Mais, la gestion de l’affaire soulève aussi des interrogations au sein du Barreau. En cas de suspension prolongée ou aussi de mesures plus extrêmes, Adji Sarr se retrouve amputée de son avocat principal suite à ces accusations sur le leader du parti Pastef. Ousmane Sonko a été traduit par le Doyen des juges d’instruction devant la Chambre criminelle pour viols présumés et menaces de mort, après deux ans d’instruction et de surenchère politico-judiciaire.
Me Bamba Cissé et Ciré Clédor Ly, membres du Conseil de l’Ordre
Depuis l’éclatement de cette affaire en 2021, Me El Hadji Diouf est la voix de la présumée victime, même s’il forme un duo avec Me Abdou Dialy Kane. Ce dernier est resté dans l’ombre laissant toute la lumière à son confrère. Lequel a été le premier à se constituer pour l’ex-masseuse de Sweet beauté, obligée de vivre recluse après ses accusations sur l’ex-candidat à la Présidentielle de 2019 qui parle d’un complot politique ourdi par le pouvoir pour le liquider. En cas de suspension prolongée ou autres décisions plus sévères, toute la stratégie bâtie par «l’avocat du Peuple», qui a aussi payé au prix fort ce choix de défendre Adji Sarr, risque de s’écrouler. Même si le procès n’est pas encore fixé.
Par ailleurs, la composition actuelle du Conseil de l’Ordre des avocats soulève quelques questions. Car deux avocats qui y siègent restent aussi des défenseurs du maire de Ziguinchor. Il s’agit de Mes Bamba Cissé et Ciré Clédor Ly. Y’aurait-il une incidence dans l’instruction du dossier ? Ne sont-ils juge et partie dans cette affaire ? Pour certains, ce ne sera pas un souci. Pour d’autres, il y a trop de poids sur la balance. Ce qui aurait dû permettre de différer la décision. Il faut savoir que les peines disciplinaires sont l’avertissement, la réprimande, l’interdiction temporaire d’exercer qui ne peut excéder trois années, la radiation du tableau des avocats ou de la liste du stage. Selon la loi n° 2009-25 du 8 juillet 2009 portant modification de la loi n° 84-09 du 4 janvier 1984 complétée par la loi n° 87-30 du 28 décembre 1987 relative à l’Ordre des avocats, l’interdiction temporaire comporte, en outre, la privation du droit de faire partie du Conseil de l’Ordre pendant une durée, n’excédant pas dix ans, fixée par la décision qui prononce la peine.
Réuni mardi dernier, le Conseil de l’Ordre des avocats a suspendu Me El Hadji Diouf pour des manquements, notamment les sorties médiatiques «répétées» sur un dossier pendant devant la Justice. Le Conseil de l’Ordre a pris cette décision mardi provoquant le renvoi de plusieurs procès du fait de l’absence de certains avocats retenus à cette réunion convoquée exceptionnellement ce jour-là.
Le Conseil de l’Ordre, présidé par le bâtonnier, est composé de 18 membres élus directement par l’Assemblée générale parmi les avocats ayant au moins dix ans d’ancienneté. Leur mandat est de deux ans. Le renouvellement du Conseil a lieu, par moitié, chaque année, selon les règles de fonctionnement l’Ordre des avocats.
Maderpost / Le Quotidien