Qui est Ousmane Sonko, l’un des opposants les plus en vue au Sénégal, dont le nom est cité dans une affaire de viol ? Portrait.
Ousmane Sonko intègre alors la fonction publique avec une affectation au Centre des services fiscaux de Pikine, dans la banlieue dakaroise. En 2003, il obtient un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en Finances publiques et Fiscalité de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Il est aussi titulaire d’un Master 2 en Gestion et Finances publiques de l’Institut Supérieur des Finances (ISF) et également doctorant en Droit public économique et Fiscalité à l’Université Jean Moulin Lyon III, en France.
Après 15 ans de service, le natif de Thiès est radié de la fonction publique par décret, en août 2016, « pour manquement au devoir de réserve ». Cet épisode, qui a largement alimenté la presse sénégalaise, a permis de révéler Ousmane Sonko au grand public. Avant de quitter l’administration publique, Sonko avait, entretemps, fondé le Syndicat Autonome des Agents des Impôts et Domaines (SAID) dont il a été le premier Secrétaire Général d’avril 2005 à juin 2012, avant de devenir son Secrétaire général honoraire de juin 2012 à août 2013. C’était justement l’époque où il avait commencé à critiquer le gouvernement et accuser l’Etat d’anomalies fiscales et budgétaires en mettant en cause directement le président Sall. Ce qu’il continuera à faire régulièrement par la suite, au point de publier un livre très remarqué à sa sortie. C’était en janvier 2018. Dans « Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation », Sonko accuse le chef de l’Etat et son entourage de malversations dans la gestion des ressources naturelles du pays. Dans cette publication, il soutient que les contrats d’exploitation des importants gisements de pétrole et de gaz offshore découverts dans l’espace maritime sénégalais n’ont pas été attribués selon les règles communes des marchés publics. A son avis, la France, ancienne puissance coloniale, a exercé des pressions au profit de la multinationale tricolore Total. Depuis, ses sorties captent l’attention du public et trouvent un écho favorable auprès des jeunes, surtout avec son engagement, une fois élu président de la République, de « changer le système ». Une expression chère à l’ancien haut fonctionnaire dont la popularité au sein d’une partie de ses compatriotes doit beaucoup à sa posture revendiquée de champion de la morale et du nationalisme. Sonko, qui à la différence de la majorité de ses compatriotes, ne se revendique d’aucune de ces puissantes confréries soufies qui distinguent la pratique de l’Islam au Sénégal, est aussi un fervent opposant au franc Cfa. Cette monnaie héritée de la France par quatorze Etats africains et qui symbolise aux yeux de ses détracteurs « les liens de soumission » de ces pays à l’ancienne puissance coloniale. « Les conditions sont réunies pour que le Sénégal se dote de sa propre monnaie », aime répéter celui dont le discours et la posture sont souvent décrits par ses adversaires comme « irresponsables, dangereux » sinon « démagogiques ». Autant dire que cette affaire de mœurs, dans laquelle est aujourd’hui mêlé le nom de cet homme qui n’hésite jamais à afficher une certaine piété et une volonté assumée de jouer au « Monsieur Propre » de la scène politique de son pays, est vouée pour un certain temps à faire grand bruit au Sénégal. Maderpost/ APA