Dans sa chronique intitulée « le Sénégal à la croisée des chemins : entre message codé, intimidation et refus de voir la réalité en face », le journaliste, chroniqueur, Aly Saleh lance un appel à « éviter ce précédent dangereux à quelques encablures de 2024 ».
CONTRIBUTION – Au Sénégal, à longueur d’année, les hommes politiques, pouvoir comme opposition, sont en campagne en permanence. Et au même moment qu’on tente d’élargir ses bases, on interdit les manifestations des gens qui ne sont pas du même bord que nous. Deux corps ne peuvent pas occuper le même espace en même temps, disent les physiciens. C’est pourquoi il faut à tout prix, éviter ce précédent dangereux à quelques encablures de 2024. Car empêcher avec un jugement de valeur, à l’autre d’aller à l’assaut des électeurs, ne peut plus prospérer.
À mon humble avis, à la place des restrictions des droits des citoyens, les tenants du pouvoir devraient plutôt penser à l’avenir de la jeune nation que nous sommes.
La vérité est que le système démocratique étouffe dans ce pays, à cause des excès du pouvoir qui fait dans l’abus et l’intimidation avec, notamment, des arrestations tous azimuts où l’on ne cherche qu’à casser coûte que coûte de l’opposant et il faut aussi avoir le courage de le dire, l’irresponsabilité de certains membres de l’opposition conduisant au suicide. Il faut des deux côtés, avoir l’humilité de l’accepter et de faire des concessions. C’est cela la vérité mais une vérité n’est jamais bonne à entendre.
Ce dimanche, en suivant une émission à la radio, j’ai entendu maître Mame Adama Guèye, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats déclarer : “nous sénégalais, nous devons refuser que des acteurs politiques nous poussent à nous haïr entre nous, et nous ne devons pas prendre la responsabilité que ce pays tombe dans chaos”. Et j’ai beaucoup apprécié cette partie de l’entretien. C’est une situation extrêmement dangereuse pour notre cher Sénégal que nous devons préserver à tout prix.
Et puis pourquoi cette bunkerisation des rues de la capitale qui, finalement, crée la psychose dans les esprits comme si nous etions en théâtre d’opérations militaire ou en zone de guerre. Presque tous les édifices publics de Dakar sont barricadés et des forces de défense et de sécurité sont disséminées un peu partout. Au Palais de justice Lat Dior, les grilles du mur sont électrifiées, les trottoirs du Palais de la République sont interdits d’accès aux citoyens, c’est excessif le reflet de la figure qui se dessine à moins de douze mois de la présidentielle.
Depuis plusieurs semaines, les appels au calme, à la raison et à l’apaisement se multiplient. Des guides religieux aux autorités couturières, en passant par les membres de la société civile, mais, c’est, comme qui dirait, l’appel au calme est hélas tombé dans l’oreille d’un sourd. La colère de Serigne Modou Kara Mbacké après la manifestation de jeunes ce samedi à Mbacké en dit long. Des événements douloureux au cours desquels un magasin Senchan, des stations service et les locaux de Sonatel Mbacké ont été saccagés, c’en est trop.
On dit, aux grands maux, les grands remèdes. Alors, que dire justement du message codé du leader du parti rewmi au chef de l’Etat lors du conseil présidentiel sur le développement de la capitale du rail? L’ancien premier ministre, après avoir tressé les lauriers au “Macky”, lui a envoyé un message très parlant sur son avenir.
On a entendu un président du Cese magnifier le travail du chef de l’Etat depuis son accession à la tête du pays et même regretter ses propos d’opposant selon lesquels la vision de Macky Sall se limitait à Diamniadio. Ensuite, il sert un message codé à son hôte (dont on prête une volonté de briguer une 3e candidature) en lui demandant de prendre de la hauteur et de finir son mandat en beauté.
Quel malin, ce “Ndamal Kajor”, doté de talent, de savoir et de sagesse!
Pourvu que le message soit décortiqué par son destinataire.
Pour la route, n’oublions jamais que le climat politique et social doit être apaisé et nous avons l’obligation de prôner le dialogue
et la préservation de la paix, du respect et de la concorde nationale. Le Sénégal est au tournant et nul n’est à l’abri.
Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur
Maderpost