Les ennuis judiciaires d’Africa Global Logistics ( ex- Groupe BOLLORÉ) propriété du Vizir des ports africains, Vincent Bolloré, sont loin de s’estomper. Un long fleuve agité sur fond d’un contentieux judiciaire qui a atterri sur la place dakaroise et mouille la filiale africaine du groupe breton, passée entre- temps sous le giron de l’armateur italo- helvétique MSC, rebaptisée “Africa Global Logistics”.
SENEGAL – Confidentiel Afrique en exclusivité revient sur les péripéties insoupçonnées d’un litige porté devant le Tribunal commercial de Dakar depuis le 27 octobre 2023, opposant un jeune entrepreneur sénégalais à l’ex- groupe Bolloré pour utilisation « frauduleuse » de nom d’entité. Détails exclusifs
Sur la filiale africaine du groupe Bolloré aujourd’hui rachetée par MSC et renommée “Africa Global Logistics” s’abat un vent de tempête, qui risque d’avoir des conséquences fâcheuses pour ce qui reste de l’image de l’ex- groupe breton. Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, l’homme qui assigne en justice l’ex- groupe Bolloré via sa filiale africaine s’appelle Ndiaga SECK, pour « utilisation frauduleuse » du nom de sa société qu’il a dénommée AGL.
Selon des documents parcourus par Confidentiel Afrique, il est mentionné que “Africa Global Logistics” a été légalement enregistrée au Sénégal depuis mai 2020, avec tous les documents légaux conformes à disposition (NINEA, RC, quitus OAPI, déclaration d’existence, etc.). En fin mars 2023, l’ex-groupe Bolloré, acquis par l’armateur italo- suisse MSC, a changé de nom pour devenir subitement, sans vérification de doublon d’entité notarié “Africa Global Logistics”. Dans une démarche légère, comme à la sauvette, elle s’attribue le nom de « Africa Global Logistics ». Un acte qui affecte du coup la société enregistrée par le jeune entrepreneur Ndiaga SECK pour « utilisation frauduleuse » de sa dénomination sociale par l’ex-groupe Bolloré.
Violation unilatérale au forceps et assignation en justice pour utilisation « abusive et frauduleuse »
Ayant constaté cette violation, Monsieur Ndiaga SECK adresse une mise en demeure le 18 août 2023 suivie d’une assignation en justice, déposée auprès du Tribunal de Commerce de Dakar. Selon des informations de Confidentiel Afrique, le Directeur Juridique de Bolloré Sénégal a reconnu que le siège à Paris avait fait le choix du nom, caché du reste à toutes les filiales africaines jusqu’au 31 mars 2023, date de la communication officielle du nouveau nom aux partenaires et clients stratégiques du groupe. Erreur de casting ou monopole abusif ?
Les dirigeants de l’ex-groupe Bolloré avaient commis dans la foulée un cabinet d’avocat pour une enquête discrète sur la société du jeune Ndiaga SECK. L’enquête bouclée, la partie vérification et conformité perdue, le directeur régional du groupe Bolloré Mohamed Diop monte en première ligne. Il organise une réunion discrète le 20 avril 2023 avec le Directeur Général à son domicile sis à Fann Résidence (quartier résidentiel dakarois). Avaient pris part à cette discrète rencontre, le directeur juridique, Mr Sock, le directeur général M. Diop et Ndiaga SECK.
Lors de cette rencontre, selon des sources autorisées, il a été proposé au jeune entrepreneur de céder le nom en échange d’introductions auprès de hauts responsables du groupe, ce qu’il refusa.
Ndiaga SECK leur proposera plus tard une cession pour un montant de 500. 000 euros (échanges faits sur Whatshap avec le directeur juridique). Coup de théâtre ! Après avoir accusé réception, ils ont cessé toute communication avec M. Ndiaga SECK. Ce dernier active la machine judiciaire. Ses avocats commis du Cabinet WANE/ FALL ont d’abord servi une mise en demeure le 18 août 2023 pour cessation immédiate du nom qui sera suive d’une assignation en justice un mois plus tard. Selon des informations crédibles parvenues à Confidentiel Afrique, l’affaire a atterri devant le Tribunal de Commerce de Dakar le 27 octobre 2023.
Le contentieux judiciaire prend une nouvelle tournure avec l’avènement des nouvelles autorités. Selon des informations de Confidentiel Afrique, une correspondance dans ce sens est sur la table du Premier ministre Ousmane SONKO depuis le 20 octobre 2024. Le dossier devra atterrir incessamment à la Présidence, souffle une source proche du dossier.
Manœuvres dilatoires des avocats de l’ex-groupe Bolloré
Les avocats de l’ex-groupe Bolloré multiplient les manœuvres dilatoires :
Ils l’accusent d’avoir fabriqué les documents qu’il avait fournis (quitus OAPI, déclaration d’existence, échanges WhatsApp avec le Directeur Juridique).
Stupéfaction ! Dépourvus d’arguments solides, les avocats de l’ex- Groupe BOLLORÉ avancent qu’il n’y a aucun amalgame possible entre les deux structures, car leur société est appelée “Africa Global Logistics Sénégal” avec le sigle “AGL Sénégal”, alors que celle du jeune entrepreneur sénégalais se nomme simplement “Africa Global Logistics” avec le sigle “AGL”.
Ces stratégies visent uniquement à retarder le dénouement judiciaire et essayent de brouiller les cartes. Pendant ce temps, l’entreprise de Ndiaga SECK subit un préjudice financier et commercial significatif.
Ce conflit s’inscrit dans un contexte plus large de pratiques controversées associées au groupe Bolloré en Afrique Les faits rattrapent le groupe breton filé à l’armateur italo- suisse MSC (Méditerranéen Shipping Compagny) avec cette série de litiges judiciaires pour « corruption et influence ». En 2018, Vincent Bolloré avait été mis en examen pour des soupçons de corruption dans l’attribution de concessions portuaires en Afrique.
Le nom de Bolloré n’est certes plus sur les documents d’identification, mais il reste que ce sont les mêmes dirigeants internationaux et locaux à la tête de la nouvelle entité appelée AFRICA GLOBAL LOGISTICS (AGL). L’on se rappelle que sa filiale de communication, de lobbying stratégique et de conseil Euro RSCG, filiale du groupe Havas, avait prêté mains fortes en 2010 et 2015 aux Présidents de Guinée et du Togo et, en contrepartie gagné des concessions portuaires pour des dizaines de millions d’euros. En son temps, des milieux industriels africains dénonçaient ces pratiques corruptives à leurs yeux et donnaient un monopole d’exploitation gigantesque de facto au groupe français au détriment des groupements nationaux. Au creux de la vague, presque, avec une série de démissions de ses responsables.
On sait aujourd’hui la position influente de certains dirigeants locaux du groupe dans le milieu des affaires sénégalais, ce qui soulève des questions sur l’utilisation de leur réseau pour faciliter les intérêts du groupe, au détriment des jeunes entrepreneurs locaux.
Ce conflit reflète un abus de pouvoir flagrant d’une multinationale contre une petite entreprise sénégalaise, à peine portée sur les fonts baptismaux, il ya seulement quelques années. Malgré leurs moyens colossaux, Ndiaga SECK reste zen et déterminé à défendre ses droits et à montrer que les entrepreneurs locaux peuvent résister à de telles pratiques.
Selon nos informations, aux dernières nouvelles, Mohamed Diop a été remplacé depuis le 2 janvier 2025 par le français Pascal Grellier, précédemment Directeur Commercial AGL. Le sénégalais Mohamed DIOP rejoint le siège du groupe à Paris, glisse une source autorisée. Tandis que le Directeur juridique Monsieur Momar Talla SOCK a été remplacé au pas de charge par Mme Sylvie MENDY. Beaucoup de rebondissements sont attendus dans ce litige qui nous réserve des surprises.
Maderpost / Confidentiel Afrique