« Malgré la confusion et face à un Conseil constitutionnel qui prend la plénitude de ses pouvoirs, nous avons un Macky Sall prêt à en découdre par tous les moyens et instaurer sa suprématie », soutient le journaliste Aly Saleh dans une contribution parvenue à Maderpost, « Scrutin présidentielle : Entre bras de fer et consensus ».
TRIBUNE – Le premier tour du scrutin présidentiel se tiendra bien avant la fin du mandat de Macky Sall à la tête du pays. Mais deux annonces se sont d’abord télescopées. Le chef de l’Etat a choisi le 24 mars alors que de son côté, le Conseil constitutionnel avait parlé de la date du 31 mars. De quoi ajouter à la confusion qui régnait déjà. Puisque les « 7 sages » s’étaient prononcés contre un report de la présidentielle au 2 juin. C’est à dire exactement à deux mois après la fin du mandat de Macky Sall qui avait pris note, a choisi en conseil des ministres la date du 24 mars, soit dans un peu plus de deux semaines. Mais la réponse du Conseil constitutionnel ne s’est pas faite attendre. À son tour, la plus haute juridiction a fixé l’élection au 31 mars pour palier l’inertie des autorités compétentes.
C’est donc le bras de fer entre le Président Sall et le Conseil constitutionnel même si du côté du camp présidentiel l’on assure que la date du 24 mars choisie par Macky Sall fait foi. Heureusement que le Conseil constitutionnel a sorti un communiqué pour dire qu’elle se fie à la date choisie par le chef de l’Etat.
L’autre point, non moins important, c’est la loi portant amnistie qui a été adoptée mercredi par les députés. Alors qu’elle est censée pacifier le jeu politique, fait polémique puisque pour beaucoup, cette loi vient garantir l’impunité. Preuve que le flou est absolu et les incertitudes continuent de planer. Malgré la confusion et face à un Conseil constitutionnel qui prend la plénitude de ses pouvoirs, nous avons un Macky Sall prêt à en découdre par tous les moyens et instaurer sa suprématie. Et avec cette impasse dans laquelle le pays se trouve, le Conseil constitutionnel en tant que régulateur des pouvoirs publics et de l’espace public, se devait de prendre ses responsabilités. Et les décisions du Conseil constitutionnel s’imposent aux pouvoirs publics. Donc Macky Sall est soumis aux décisions de la haute juridiction. C’est pourquoi dans cette différence de dates, celle qui prime, c’est le 31mars telle que retenue par les « sages« . Et Macky Sall se devait d’accepter car la constitution est dessus du Président. Aucune contestation et réclamation ou encore recours ne seront plus acceptés.
Dans tous cas, les prochaines heures nous édifierons certainement sur la situation qui n’offre aucune possibilité pour le moment aux candidats recalés de participer à ces élections.
Donc il n y a pas la possibilité pour Karim Wade et Ousmane Sonko de participer à cette élection. Seuls les 19 candidats retenus pour le moment par le Conseil constitutionnel vont prendre part à ces joutes.
La confusion est toujours totale et devrait être levée à tout moment car, jusque-là, le
Sénégal vit dans l’impasse et les plaies des différents évènements tragiques n’ont toujours pas cicatrisé. Et les sénégalais se demandent encore comment on en est arrivés à cette situation de crise constitutionnelle et politique sans appel que traverse le Sénégal.
Le gouvernement est dissous, le candidat de la majorité, Amadou Ba n’est plus premier ministre. Il est « libéré » pour pouvoir battre campagne nous dit-on. Mais, est-ce la bonne solution dans ces conditions où il est quasiment affaibli? Que pourrait-il gagner en deux semaines sans les moyens de l’Etat qui ne seront plus à sa disposition? Parce que, c’est une coutume au Sénégal que le candidat de la majorité bénéficie des moyens de l’Etat pour battre campagne.
Maderpost / Aly Saleh