Athanase Kassoka, le respecté chef de Boucotte-Mancagne (Sud du Sénégal), observe avec une grande satisfaction les travaux du tronçon de la route nationale 4 qui traverse son village. À 66 ans révolus, il incarne toujours le soutien enthousiaste de sa communauté envers ce projet qui insuffle une nouvelle vie à sa communauté.
INFRASTRUCTURE DE TRANSPORT – Il nourrit un espoir tenace pour ces réalisations. En effet la section de la Route nationale 4 qui passe par Boucotte-Mancagne, et dont les travaux sur ce tronçon de 165 km sont déjà réalisés à plus de 50 %, le rendent heureux. Pour le chef Kassoka, les retombées du projet sont sur le point d’alléger les difficultés rencontrées par les habitants de la localité. La circulation est désormais plus aisée, revitalisant l’économie locale en facilitant le transport de leurs produits locaux, favorisant le commerce.
« Grâce à la mise en œuvre de ce projet et aux développements envisagés pour notre localité, nous sommes sur le point d’atténuer les difficultés auxquelles sont confrontées nos populations. Nous exprimons notre profonde gratitude et demandons humblement que soit installée une fière pancarte portant le nom de du village, symbole de notre présence distincte le long de cette route rajeunie », indique Athanasse Kassoka.
Le Projet de réhabilitation de la route Sénoba-Ziguinchor-Mpack et de désenclavement des régions du Sud, lancé en 2018, vise la réhabilitation de 165 kilomètres de la RN4, s’étendant de Sénoba (à la frontière du Sénégal avec la Gambie), à Mpack (poste-frontière et dernière localité avant la Guinée‑Bissau). Il prend également en compte l’aménagement et le bitumage de 52 kilomètres de la boucle des Kalounayes, ainsi que l’aménagement de 100 kilomètres de pistes et 13 kilomètres de voiries à Bounkiling, Bignona et Coubanao. Par ailleurs, le projet comporte un volet de construction d’une aire de stationnement de gros porteurs à Ziguinchor, ainsi que la réalisation d’infrastructures socio-économiques.
Chaque jour qui passe rapproche de la fin des travaux, afin de désenclaver toutes ces zones du Sud du Sénégal et marquer la fin de l’isolement.
Eugénie Boissy, vante le pouvoir de transformation de la route qui amplifie l’accessibilité des productions agricoles des femmes en leur ouvrant des marchés plus larges. Cette route va renforcer la résilience des productrices de Boucotte Mancagne
« Cette route réhabilitée nous connecte à des marchés plus larges. Maintenant, nous aspirons à une unité de transformation – une oasis villageoise où mangues, pommes et noix de cajou et le précieux madd -(saba senegalensis)- peuvent être conservés, transformés et présentés au monde », explique Mme Boissy. Elle ajoute : « Nous plaidons donc pour la revitalisation de notre village grâce à l’électrification, la construction d’un poste de santé et le développement de blocs maraîchers, qui, nous l’espérons, enrichiront nos vies et favoriseront le bien-être des générations à venir ».
Stimuler la croissance et l’autonomisation des jeunes
Le projet ne se limite pas uniquement à améliorer les infrastructures physiques, il stimule également la croissance et l’autonomisation des jeunes. En effet, le projet accorde une attention particulière à l’employabilité des jeunes en leur offrant des formations professionnelles. Il fournit notamment une formation approfondie dans des métiers porteurs du BTP, de l’agroalimentaire et du tourisme, ouvrant ainsi la voie à leur intégration dans les projets en cours. Cette initiative est déjà en marche, avec 200 jeunes qui ont déjà achevé des programmes de formation en conduite d’engins, en pavage, en bétonnage, en maçonnerie, en ferraillage et en topographie.
David Dacougna, la voix de la jeunesse de Boucotte-Mancagne, en est fier et promet de prendre soin de l’infrastructure. « Nous nous engageons à maintenir et à préserver l’intégrité de la route. Au passage, nous aspirons à un centre polyvalent comme pôle de créativité, d’apprentissage et de rassemblement communautaire », plaide-t-il.
Piloté par le gouvernement du Sénégal, avec l’appui des partenaires que sont la Banque africaine de développement, l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement, le Projet de réhabilitation de la route Sénoba-Ziguinchor-Mpack et de désenclavement des régions du Sud, s’inscrit dans le cadre du corridor routier transafricain n°7 Dakar-Abidjan-Lagos.
Le projet représente un investissement total estimé à 175,51 millions d’euros et bénéficie d’une subvention de l’Union européenne d’un montant de 25 millions d’euros, octroyée par le biais du « HUB BAD-UE » ; une plateforme de cofinancement a été mise en place dans le cadre d’un accord-cadre, permettant ainsi à la Banque africaine de développement de recevoir et de gérer directement les subventions de la Commission européenne. Le reste des contributions au budget du projet consiste en des prêts de 85 millions d’euros de la Banque africaine de développement et de 65 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement, ainsi qu’une contribution de l’Etat du Sénégal à hauteur de 0,51 million d’euros.
« Nous sommes les témoins privilégiés d’une véritable transformation de Boucotte-Mancagne. C’est l’aube d’une ère nouvelle, où l’accessibilité, la connectivité et le progrès deviennent réalité dans notre village. Nous sommes remplis d’espoir, car les développements complémentaires qui se dessinent le long de cette route promettent un avenir meilleur, où les services sociaux essentiels seront à portée de main, élevant ainsi la qualité de vie de chacun d’entre nous », conclut le chef Athanase.
Maderpost / afdb.org/fr