Le Burkina Faso, le Mali et le Niger perdront plusieurs financements de programmes et projets communautaires si leur retrait de la CEDEAO entre en vigueur, révèle le communiqué final du sommet extraordinaire de la Conférence des dirigeants de l’Organisation régionale, tenue le 24 février dernier.
CEDEAO – Le retrait de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) réduira la taille du marché de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), bien que le Burkina, le Mali et le Niger pèsent seulement 10% du Produit intérieur brut (PIB) de la région.
L’instance régionale a expliqué, à l’issue d’un Sommet extraordinaire tenu à Abuja, le 24 février, que les échanges intracommunautaires pourront être perturbés, notamment les échanges de biens non transformés tels que le bétail, le poisson, les plantes, les produits agricoles, les produits minéraux et les produits artisanaux traditionnels ainsi que les produits industriels d’origine communautaire.
Pays enclavés, le Mali, le Niger et le Burkina Faso risquent de voir les coûts des transactions commerciales avec le reste du monde s’envoler après la rupture avec l’organisation sous-régionale, a mis en garde le Fonds monétaire international (FMI).
« Les effets négatifs seront principalement ressentis par les trois pays s’ils quittent la CEDEAO, le bloc commercial. La sortie de ce bloc entraînerait beaucoup plus de frictions commerciales. Ces pays sont déjà enclavés et font face à des coûts de transaction assez élevés en termes de commerce avec le reste du monde. Ils risquent d’être confrontés à des coûts de transaction encore plus élevés, ce qui serait préjudiciable à ces pays », a déclaré le directeur du département Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie, lors d’une conférence de presse, début février 2024.
Aussi, le retrait des trois États membres va entraîner l’arrêt ou la suspension de tous les projets et programmes de la CEDEAO, exécutés au Burkina, au Mali et au Niger, d’une valeur supérieure à 500 millions de dollars américains.
Ces projets et programmes régionaux concernent les domaines de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, du pastoralisme, d’intégration et d’inclusion régionales, de l’électricité…
Sur le plan financier, les trois pays pourraient perdre les investissements de deux institutions financières régionales, la BIDC et la BOAD. Celles-ci disposent « d’une exposition considérable » dans l’Alliance des Etats du Sahel.
La Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), par exemple, compte actuellement 27 projets du secteur public et 20 projets du secteur privé, à hauteur d’environ 321 634 253 de dollars américains. Quant à la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), son portefeuille dans les trois pays représente plus de 33 135 445 dollars américains, soit environ 22,5% du portefeuille total de la Banque dans les 15 États membres.
En fin janvier 2024, le Burkina, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait de la Cédéao qu’ils accusent d’avoir trahi ces idéaux fondateurs de l’institution.
Face aux inquiétudes, le capitaine Ibrahim Traoré, chef d’Etat burkinabè a tenté, mi-février, de minimiser les effets de la sortie de la Cédéao.
« Il y a moins de 5% d’échanges économiques entre les États de la Cédéao, parce que tout ce que nous faisons venir, vient de l’espace hors de la Cédéao, et tout ce que nous exportons part hors de la Cédéao. », avait-il laissé entendre.
Maderpost / Apa