Dans l’entretien que le Président Macky Sall a accordé à quelques journalistes, et pendant lequel il a réitéré sa ferme décision de quitter le pouvoir le 2 avril 2024, tout en prenant acte de l’avis du Conseil Constitutionnel lui faisant obligation de poursuivre le processus électoral en organisant l’élection présidentielle dans les meilleurs délais, il a proposé que dans cette optique « du meilleur délai », il aurait été bon que les candidats en lice viennent d’un commun accord dans une concertation, trouver une solution à ce problème posé par la date à fixer pour tenir ce scrutin.
TRIBUNE – Dans un pays dont une des images les plus véhiculées le concernant demeure « l’arbre à palabres », qui a maintenu sa réputation de pays de concorde religieuse et ethnique, et tolérance, il est presque choquant que plusieurs candidats repoussent cette offre de sortie de crise, de manière souvent brutale, dans une sorte « d’advienne-que-pourra », et qui n’honore pas notre classe politique.
Le FC25, regroupant les candidats validés par le Conseil constitutionnel, maintient sa décision de ne pas participer à ces concertations, refusant selon ses mots de « cautionner le coup d’État constitutionnel de Macky Sall, qui se déploie, entre autres, à travers un processus électoral qui manque de transparence et d’équité ».
Or, selon certains hommes politiques, ils auraient été nombreux à accepter le principe d’une concertation, mais auraient été ensuite pris dans une nécessité de postures à adopter, parce que pour beaucoup de Sénégalais, qui ne connaissent pas l’histoire de notre pays, dialoguer c’est trahir, et se rendre à Canossa. Toute notre histoire politique est jalonnée de dialogues et de concertations. Mais aujourd’hui il convient, souvent par hantise des raccourcis et injures lapidaires fusant sur les « zéros sociaux », certains leaders et candidats ont préféré jouer le rôle de l’opposant jusqu’au-boutiste, justifiant ce comportement par un respect du peuple… Et si le Peuple préférait avoir un pays apaisé et un président élu dans la concorde ? Ils s’en moquent comme de leurs premières transhumances politiques, preuves qu’ils savent tous ce que « dialoguer » veut dire…
Il convient de rappeler que la fixation de la date d’une élection est d’ordre réglementaire et que conséquemment seul le Président de la République peut la fixer par décret. Conformément à la décision du Conseil constitutionnel y relative, le Président de la République se doit de fixer une date pour l’élection présidentielle de 2024 dans les meilleurs délais. Les participants au dialogue en cours pourraient l’aider à cette fin.
L’heure est grave et il y a bien en ce moment une rupture du consensus politique et social. Rien ne doit être de trop pour trouver, dans le respect du droit et des principes démocratiques, mais sans surenchère gratuite, une solution pour assurer le passage de témoin à la tête de l’Etat, dans l’apaisement, la paix civile et la réconciliation nationale.
Jean Pierre Corréa
Maderpost